Une consommation plus élevée de yaourt au fil du temps serait associée à des taux plus faibles de cancer du côlon colorectal selon une nouvelle étude menée par des chercheurs du Mass General Brigham. En effet, le yaourt contient des souches vivantes de bactéries pouvant modifier le microbiome intestinal et protéger contre de nombreux types de maladies. Les résultats ont été publiés le 12 février 2025 dans le journal Gut Microbes (DOI : 10.1080/19490976.2025.2452237).
Deux portions ou plus par semaine
En utilisant les données d’études qui ont suivi des participants pendant des décennies, les chercheurs ont découvert que la consommation à long terme de deux portions ou plus de yaourt par semaine était liée à des taux plus faibles de cancer colorectal proximal positif à Bifidobacterium, une espèce bactérienne présente dans le yaourt. L’étude a montré que cette espèce bactérienne était assez courante : environ 30 % des patients atteints d’un cancer colorectal avaient des Bifidobacterium détectables dans leurs tissus tumoraux.
Données
Pour mener leur étude, les chercheurs ont utilisé les données de deux études de cohorte prospectives menées à l’échelle des États-Unis, connues sous le nom de Nurses’ Health Study (NHS) et de Health Professionals Follow-up Study (HPFS). Les études ont suivi respectivement plus de 100’000 infirmières et 51’000 professionnels de santé. Les participants ont été suivis depuis 1976 pour le NHS et depuis 1986 pour le HFPS, répondant à des questionnaires répétés sur les facteurs liés au mode de vie et les résultats de la maladie, y compris des questions sur la consommation quotidienne moyenne de yaourt nature et aromatisé, ainsi que d’autres produits laitiers. Les chercheurs ont également analysé des échantillons de tissus prélevés sur des participants ayant un cancer colorectal confirmé, en mesurant la quantité d’ADN de Bifidobacterium dans les tissus tumoraux.
Taux d’incidence inférieur de 20 %
Les chercheurs ont trouvé 3’079 cas documentés de cancer colorectal dans les deux populations étudiées. Des informations sur la teneur en Bifidobacterium étaient disponibles pour 1’121 cas de cancer colorectal. Parmi ceux-ci, 346 cas (31 %) étaient positifs aux Bifidobacterium et 775 cas (69 %) étaient négatifs aux Bifidobacterium. Les chercheurs n’ont pas observé de lien significatif entre la consommation de yaourt à long terme et l’incidence globale du cancer colorectal, mais ils ont constaté un lien dans les tumeurs positives aux Bifidobacterium, avec un taux d’incidence inférieur de 20 % pour les participants qui consommaient deux portions de yaourt ou plus par semaine. Ce taux plus faible s’explique par une incidence plus faible de cancer du côlon proximal positif aux bifidobactéries, un type de cancer colorectal qui se développe dans la partie droite du côlon. Des études ont montré que les patients atteints d’un cancer du côlon proximal ont un taux de survie plus faible que les patients atteints d’un cancer distal.
Les chercheurs émettent ainsi l’hypothèse que la consommation de yaourt sur le long terme pourrait réduire le risque de cancer du côlon proximal en modifiant le microbiome intestinal, y compris Bifidobacterium, mais ils notent que des recherches supplémentaires combinant à la fois la science fondamentale et les études de santé de la population sont nécessaires pour tirer une conclusion définitive.
Références & Sources :
Communiqué de presse en anglais de l’étude (via Eurekalert.org), Gut Microbes (DOI : 10.1080/19490976.2025.2452237), Nurses’ Health Study (NHS), Health Professionals Follow-up Study (HPFS)
Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (Rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies).
Date de dernière mise à jour du dossier :
19.02.2025 (première publication)
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Crédit infographie :
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)