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Pourquoi l’immunothérapie anticancéreuse peut-elle provoquer des colites ? (étude sur des animaux)

Des chercheurs du Rogel Cancer Center de l’Université du Michigan ont identifié un mécanisme à l’origine des graves problèmes gastro-intestinaux qui peuvent apparaître dans le cadre d’un traitement immunitaire du cancer. Les résultats publiés le 4 janvier 2024 dans la revue Science (DOI : 10.1126/science.adh8342) pourraient permettre d’envisager une solution qui s’attaque au cancer sans provoquer de problèmes gastro-intestinaux.

Réactions différentes chez l’organisme humain et animal

Pourquoi l’immunothérapie anticancéreuse peut-elle provoquer des colites ? (étude sur des animaux)

L’immunothérapie, qui consiste à utiliser des médicaments ou d’autres substances pour lutter contre les molécules responsables de la croissance des cellules cancéreuses, est considérée comme un traitement prometteur pour de nombreux types de cancer. Cependant, celle-ci peut entraîner des effets secondaires graves, notamment la colite qui est une inflammation du tube digestif. À cause des gênes gastro-intestinales importantes induites par la colite, certains patients peuvent être contraints d’interrompre leur traitement anticancéreux.

Face à ce problème, les chercheurs sont aussi confrontés à des difficultés puisque si les patients développent une colite, les souris de laboratoire n’en souffrent pas. Cette différence empêchait ainsi de mieux comprendre la cause de cet effet secondaire. Pour résoudre ce problème, l’équipe de Rogel, dirigée par le premier auteur Bernard C. Lo, Ph.D., a créé un nouveau modèle de souris, en injectant le microbiote de souris sauvages dans le modèle de souris traditionnel. Dans ce modèle, les souris ont développé une colite après l’administration d’anticorps utilisés pour l’immunothérapie des tumeurs. Les chercheurs ont alors pu remonter le mécanisme pour déterminer la cause de cette réaction.

Origine du problème

Selon la découverte de l’équipe, la colite s’est développée en raison de la composition du microbiote intestinal, qui a entraîné une hyperactivation des cellules T immunitaires, tandis que les cellules T régulatrices, qui freinent l’activation des cellules T, ont été supprimées dans l’intestin.

Ce phénomène se produisait dans un domaine spécifique des anticorps du point de contrôle immunitaire. À noter que les anticorps possèdent plusieurs domaines constants, identiques à tous les anticorps, et variables, permettant la reconnaissance des corps étrangers. Les chercheurs ont donc ensuite supprimé ce domaine, ce qui a permis d’obtenir une forte réponse antitumorale, mais sans induire de colite.

Pour donner suite à ce qu’ils ont observé chez la souris, les chercheurs ont réanalysé des données précédemment publiées dans le cadre d’études portant sur des cellules humaines provenant de patients traités avec des anticorps du point de contrôle immunitaire, ce qui a renforcé le rôle des cellules T régulatrices dans l’induction de la colite.

Références & Sources :
– Communiqué de presse en anglais de l’étude (via Eurekalert.org)
– Science (DOI : 10.1126/science.adh8342)

Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies).

Date de dernière mise à jour du dossier :
12.01.2024

Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2024 Pixabay

Crédit infographie : 
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 12.01.2024
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