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Si les seniors entendent parfois mal, ce ne serait pas les oreilles mais le cerveau

Les personnes souffrant d’allergies alimentaires souffrent davantage pendant les fêtesCOLLEGE PARK (MD)A l’approche des fêtes de fin d’année, on a presque tous déjà eu des difficultés à se faire entendre par des personnes âgées de notre famille. Mais le fait de devoir répéter la question pourrait ne pas provenir de leur audition. Des chercheurs de l’Université du Maryland ont découvert que quelque chose se déroulait dans le cerveau des personnes âgées causant des difficultés à suivre une conversation en cas de bruit de fond typique d’une fête de famille, même lorsque leur audition était considérée normale suite à un test médical.

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Environnement bruyant

Dans une étude interdisciplinaire publiée en septembre 2016 dans la revue spécialisée Journal of Neurophysiology, les chercheurs Samira Anderson, Jonathan Z. Simon et Alessandro Presacco ont découvert que des adultes âgés entre 61 et 73 ans avec une audition normale avaient plus de difficulté à comprendre une discussion dans un environnement bruyant que des adultes âgés de 18 à 30 ans également avec une audition normale.

Cette étude a cherché à mieux comprendre un problème déjà connu qui porte le nom en anglais de “cocktail party problem” (en français : problème lors d’une fête), c’est-à-dire la capacité qu’à le cerveau à se concentrer et à assimiler des éléments d’un discours au milieu d’un environnement bruyant. Cette étude est interdisciplinaire, car elle intègre notamment des domaines de l’audition et de la science de la parole, de la neuroscience et et des sciences cognitives.

Scanner cérébral

Les participants à cette étude ont effectué deux scanners de type différent pour mesurer l’activité électrique de leur cerveau pendant qu’ils écoutaient des personnes discuter. Les chercheurs étaient capables de voir les activités cérébrales du cerveau des participants quand ils étaient interrogés sur ce qu’une personne racontait, autant dans un environnement calme que bruyant. Les chercheurs ont étudié deux régions du cerveau, le mésencéphale et le cortex. Ce dernier est notamment responsable du traitement de la parole.

Dans le groupe de jeunes participants, le mésencéphale générait un signal qui correspondait à sa fonction dans chaque situation, c’est-à-dire ressemblant à des paroles ou discours dans un environnement calme et à des paroles clairement discernables en cas de bruits de fond.

Mais dans le groupe de participants âgés, la qualité des réponses du cerveau aux paroles était dégradée même dans un environnement calme, et la réponse était encore pire dans un environnement bruyant. “Pour des auditeurs âgés, même lorsqu’il n’y a aucun bruit, le cerveau a déjà des difficultés à traiter la parole”, explique M. Simon.

Problèmes dans le cerveau, pas dans l’oreille

Des signaux neuronaux enregistrés dans le cortex ont montré que les jeunes adultes pouvaient traiter la parole facilement dans un laps de temps relativement court. Mais le cortex des personnes âgées mettait plus de temps pour représenter la même quantité d’information.

Quelle origine ?

Le scientifique Alessandro Presacco explique : “Une partie de la compréhension des problèmes vécus par les personnes âgées autant dans un environnement calme que bruyant pourrait être lié à un déséquilibre à cause de l’âge entre des processus neuronaux excitateurs et inhibiteurs dans le cerveau.” Il poursuit : “Ce déséquilibre pourrait diminuer la capacité qu’a le cerveau à traiter correctement des stimulus auditifs et pourrait être la cause principale de la réponse corticale anormalement élevée observée dans notre étude.”

Parasites

Les personnes âgées ont besoin de plus d’énergie et de ressources pour traiter les paroles d’une conversation que les jeunes. On peut résumer en affirmant que ces bruits de fond agissent chez les personnes âgées comme de véritable parasites, bien plus que chez les jeunes.

“Je ne vous entends pas”

Pour Mme Anderson qui a aussi contribué à ce travail de recherche : “Souvent on entend une personne âgée dire « je ne vous entends pas, je ne peux juste pas vous comprendre », cette étude donne de nouvelles idées pour comprendre l’origine de ce problème.”

Cette érosion des fonctions cérébrales semble être typique chez les personnes âgées et fait partie du processus du vieillissement. Les chercheurs sont actuellement en train de regarder si des techniques d’entraînement au niveau du cerveau pourraient améliorer la compréhension de paroles chez les personnes âgées.

Regardez les personnes âgées

Des simples méthodes de courtoisie peuvent également aider. Un aspect important est de regarder en face la personne âgée avec laquelle on veut communiquer. Il s’agira aussi de vérifier si la personne est attentive à vos propos. On estime que la vision peut parfois aider à mieux comprendre une conversation. Un autre point important est d’avoir une conversation dans un endroit calme. Pendant les fêtes de fin d’année, une idée pourrait être de se rendre dans une autre pièce, loin du bruit notamment des enfants.

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Pour terminer, parler plus fort ne changera rien dans ce cas précis relèvent les scientifiques américains. Si vous vous trouvez dans un lieu bruyant, parler clairement et un peu plus lentement que le rythme habituel devrait vous aider à être mieux compris des personnes âgées.

Le 10 novembre 2016. Par Xavier Gruffat (Pharmacien Dipl. EPF Zurich). Source : communiqué de presse de l’étude. Crédit photo : Fotolia.com

A retenir de cette étude (takeaways):
– Les personnes âgées peuvent avoir une audition totalement normale mais présentent néanmoins des difficultés à comprendre une conversation dans un environnement bruyant. Ce problème serait lié à des processus défaillants au niveau du cerveau liés au vieillissement.
– Pour s’adresser à une personne âgée dans un environnement bruyant, il faudrait la regarder dans les yeux, parler clairement et un peu plus lentement que normalement.

Plus d’informations sur cette étude, “Evidence of degraded representation of speech in noise, in the aging midbrain and cortex”: http://dx.doi.org/10.1152/jn.00373.2016

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 10.11.2016
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