Publicité

EDITORIAL – Pourquoi il faut de façon urgente réformer Swissmedic (la FDA suisse) en période de Covid-19 ?

REMARQUE : POUR DES RAISONS JURIDIQUES JE PARLE DE LA SUISSE, MAIS LA SITUATION EN FRANCE, BELGIQUE, CANADA OU ETATS-UNIS EST PROBABLEMENT EXACTEMENT LA MÊME.

BERNEOn a appris par une étude publiée fin octobre 2021 qu’un antidépresseur bon marché et déjà disponible sur le marché, la fluvoxamine, peut réduire la mortalité de plus de 90%. D’autres études devront confirmer ou non son efficacité mais tout indique que cette étude publiée le 27 octobre 2021 dans Lancet Global Health (DOI : 10.1016/S2214-109X(21)00448-4) est très solide. L’objectif est qu’une extension de l’indication contre la Covid-19 pour la fluvoxamine s’effectue le plus rapidement possible, en anglais on parle de drug repurposing (réutilisation des médicaments). Comme l’explique une vidéo de CNN publiée à ce sujet le 28 octobre 2021, c’est difficile de procéder à une réutilisation d’un médicament, ici contre la Covid-19 mais pas impossible.

Situation suisse

Actuellement (octobre 2021) en Suisse, on a un seul médicament à base de fluvoxamine disponible sur le marché, le Floxyfral®, au moins on en a un (ce n’est pas le cas avec l’ivermectine par exemple). Le Floxyfral® est commercialisé par un laboratoire américain appelé Viatris Inc. qui fait presque 12 milliards de dollars de chiffre d’affaires au niveau mondial. En Suisse, le nom de la filiale est Mylan Pharma GmbH, basée dans le canton de Zoug.

Swissmedic, le problème

Le problème est que pour une utilisation du Floxyfral® contre la Covid-19, c’est le laboratoire lui-même qui doit porter le dossier devant Swissmedic (l’autorité d’enregistrement des médicaments en Suisse). Cela coûte cher et il y a forcément un risque que Swissmedic refuse. Dans l’exemple précis, Viatris et sa filiale suisse Mylan Pharma sont plutôt des entreprises de génériques. Elles ne sont probablement spécialisées que pour une extension de l’indication, c’est-à-dire d’avoir une indication contre la Covid-19 en plus des indications habituelles (ex. dépression). En général, l’industrie pharmaceutique procède de la façon suivante. Elle développe une nouvelle molécule, l’enregistre auprès des autorités compétentes (ex. brevets) puis met le médicament sur le marché. Elle a une bonne dizaine d’années pour gagner des millions de dollars voire des milliards de dollars, car il n’y a pas de concurrence (générique). Ici avec le Floxyfral®, on parle d’un cas différent, la molécule ou médicament est déjà tombée dans le domaine public. Le laboratoire pharmaceutique a donc beaucoup moins d’intérêt à faire une extension d’indication. Dans l’exemple précis, on peut imaginer que le laboratoire Mylan Pharma GmbH dépense des dizaines de milliers de francs, voire plus, puis une fois accepté, d’autres laboratoires de génériques suisses comme Sandoz ou Mepha mettent sur le marché un générique à base de fluvoxamine directement aussi contre la Covid-19 (extension d’indication). Ce serait ici injuste pour Mylan Pharma. Bref, une réforme du système est tout simplement urgente ! Le système a été créé il y a des dizaines d’années et n’est tout simplement plus efficace.

Intervention de l’état, réforme de Swissmedic

Je ne suis pas pour une intervention systématique et massive de l’état dans le capitalisme, mais il est évident qu’une vision naïve à la Adam Smith ne fonctionne plus en 2021. Dans ce cas précis, si on veut accélérer la mise sur le marché du Floxyfral® (et dans le futur probablement d’autres molécules) contre la Covid-19 et sauver des vies, il faut changer le système. Par exemple en Suisse, l’état via sa pharmacie de l’armée pourrait disposer d’un budget annuel de 50 millions de francs (rien comparé aux coûts énormes de la pandémie) pour permettre des extensions d’indication pour les molécules déjà commercialisées (sans brevet). Dans ce cas et avec mon idée, la pharmacie de l’armée devrait obliger Mylan Pharma GmbH à demander au plus vite (ASAP) une indication contre la Covid-19. L’institution (ex. pharmacie de l’armée) aurait la possibilité de forcer n’importe quel laboratoire suisse. Le travail et les coûts seraient entièrement pris en charge par la pharmacie de l’armée et donc la Confédération suisse. Soit la pharmacie de l’armée effectue la demande accélérée d’autorisation ou la firme (ici. Mylan Pharma). On peut imaginer un comité d’une dizaine de scientifiques qui chaque année analyse les médicaments pris en charge par la pharmacie de l’armée qui ont besoin pour raison médicale d’une extension d’indication. La pharmacie de l’armée devrait aussi s’assurer que toutes les molécules utiles soient disponibles sur le marché suisse. Il est urgent d’avoir un meilleur fonctionnement entre l’état et le privé, dans L’INTERET DES PATIENTS ET DE LA MEDECINE et pas seulement uniquement des actionnaires comme c’est le cas actuellement.

PS: En Suisse, Novartis a annoncé ces derniers jours qu’il aimerait peut-être se défaire de sa filiale générique Sandoz, par manque de rentabilité notamment aux Etats-Unis (comme par hasard, bien connecté au problème mentionné ci-dessus). Là aussi un autre problème de souveraineté médicale.

Le 28 octobre 2021 (V.1.1 du texte). Sur une idée originale de Xavier Gruffat, pharmacien dipl. EPFZ, dipl. MBA. Relecture (Seheno Harinjato, rédactrice chez Creapharma.ch). Dans tous les cas vous devez citer le nom de l’auteur et mettre un lien vers cette page si vous reprenez des idées de cet article.

Lire aussi : Ivermectine en comprimé non disponible en Suisse – Creapharma interroge Swissmedic

Inscrivez-vous à notre newsletter (gratuit)     Lire aussi :
Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 29.10.2021
Publicité