Piqûres de méduse

Dernière mise à jour le : 17 septembre 2024
Révision médicale par : Xavier Gruffat, pharmacien

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Définition

Définition des piqûres de médusesLes méduses sont des animaux marins dépourvues de squelette appartenant à la famille des Cnidaires. Elles se propulsent dans l’eau en suivant un mouvement rythmique. Il existe plus de 10’000 espèces de méduses dans le monde. Parmi elles, seule une centaine d’espèces est responsable de la majorité des piqûres de méduses chez l’être humain1. Derrière leur texture gélatineuse et molle, les méduses possèdent un moyen de défense et une arme destinée à paralyser leurs proies, les cnidocystes qui sont des cellules dotées de harpon servant à injecter le liquide toxique et urticant qu’ils contiennent. Autrement dit, ce sont des cellules urticantes des méduses qui sont responsables des piqûres à l’être humain2.
Les méduses peuvent ainsi provoquer des brûlures et des piqûres parfois sévères qui sont dans certains cas très douloureuses.
Les méduses sont de plus en plus fréquentes dans les mers et océans ces dernières années. Dans certaines régions touristiques (Côte d’Azur en France, Italie, Espagne, Malte en Europe et Floride aux Etats-Unis), cette augmentation peut devenir un frein à la baignade et par conséquent un problème pour le tourisme.
Bien que les piqûres de méduses soient rarement dangereuses pour l’homme, les vacances étant un lieu de repos, le fait de savoir que pendant la baignade on risque d’être piqué contribue à un certain stress et réduit l’envie de baignade. C’est pourquoi dans les années 2010, une plage de Cannes en France a pris ce problème très au sérieux et a installé des filets pour piéger les méduses en bord de plage pour protéger les baigneurs.
Lire aussi : Méduses : interview avec un spécialiste italien (juillet 2022)

Origine des piqûres 
Les piqûres de méduses résultent de centaines de petits nématocystes minuscules se trouvant à l’intérieur des cnidocystes (mentionnés plus haut) et qui adhèrent à la peau humaine à partir des tentacules de méduses. Une fois que ceux-ci sont collés à la peau, ils peuvent continuellement pomper des toxines à travers la peau dans le tissu sous-cutané, comme l’explique un article de la Mayo Clinic. Pour paralyser leur proie, les méduses injectent une neurotoxine – qui, en contact avec la peau humaine, peut provoquer des douleurs aiguës et laisser des cicatrices semblables à des brûlures. Les méduses sont aveugles et piquent tout ce qu’ils rencontrent à la recherche de nourriture. Même le fait de toucher ou de se frotter à une méduse déjà morte peut entraîner l’activation de ces barbes venimeuses3.

Epidémiologie

Le journal italien de référence La Repubblica estimait dans un article publié en juillet 2019 qu’environ 150 millions de personnes dans le monde sont touchées par des piqûres de méduse. Cela représente, toujours selon La Repubblica, quelques centaines de morts par année, l’Italie a toutefois compté un seul mort en 10 ans.

Causes

Causes des piqûres de méduseMer Méditerranée (Pelagia noctiluca)
En Mer Méditerranée, les piqûres de méduses proviennent en général de l’espèce Pelagia noctiluca et dans une moindre mesure Physalia physalis4. Les piqûres Pelagia noctiluca peuvent être douloureuses avec d’importante brûlures (lentes à soigner) et parfois laisser des cicatrices. Les personnes allergiques sont particulièrement à risque de piqûres par Pelagia noctiluca. Les méduses qu’on trouve en Méditerranée sont mortelles pour les animaux marins, mais dans la très grande majorité des cas inoffensives pour les humains.
Lieux des méduses en Méditerranée
Les méduses sont de plus en plus nombreuses ces dernières années (fin années 2010 et début années 2020) en Mer Méditerranée comme en Italie sur la côte Adriatique autour de Trieste ou la côte d’Amalfi, en Espagne notamment aux îles Baléares et en France sur la Côte d’Azur. L’été 2022 est particulièrement problématique en Méditerranée avec des proliférations de méduses sur certaines côtes5. Il faut savoir que selon les courants les méduses apparaissent à des endroits différents.
Causes augmentation en Méditerranée (chaleur, surpêche) 
La prolifération des méduses est due à plusieurs facteurs. Le réchauffement climatique et donc de l’eau, la surpêche et les hormones se trouvant dans les pilules contraceptives qu’on retrouve à la fin dans les mers semblent expliquer cette augmentation. En Méditerranée, les valeurs à la mi-juillet 2022 de la température de la mer étaient supérieures à la moyenne saisonnière, dépassant les 5 degrés dans certains endroits. Par exemple sur l’île de Majorque, la température de l’eau le 20 juillet 2022 était de 28 degrés. Comme l’eau est plus chaude en Méditerranée, les méduses apparaissent plus tôt, se reproduisent plus longtemps – et deviennent donc de plus en plus nombreuses6. De plus, en raison de la surpêche, les méduses ont de moins en moins de prédateurs qui se nourrissent d’elles.
Cycles 
Relevons également que les méduses semblent obéir à des cycles. Peut-être que les prochaines années on verra par conséquent une diminution de leur nombre étant donné qu’une sorte de maxima a été atteinte. Mais comme le reconnaît l’océanographe Fabien Lombard à ZDF (TV allemande), dans les années 80 et 90, il y a eu “cinq à six années avec des méduses et cinq à six années sans méduses”. Mais cette année (ndlr. 2022) est “la 25ème année consécutive avec des méduses”. D’où l’attention soutenue des médias.

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Méduse sous l’eau en mer Méditerranée, espèce Pelagia noctiluca (crédit photo : Adobe Stock)

Mer du Nord
Dans les autres régions d’Europe (Atlantique, Mer du Nord), les espèces présentes provoquent en général moins de piqûres chez l’homme qu’en Mer Méditerranée. Néanmoins, dans la Mer du Nord et la Mer Celtique en particulier en Irlande et au Royaume-Uni, chaque année des milliers de personnes sont piquées par la méduse Cyanea capillata (en anglais lions mane jellyfish). Il s’agit de l’espèce qui mène au plus grand nombre de piqûres de méduse en Irlande et au Royaume-Uni, selon des chercheurs de l’Université de Galway (NUI) en Irlande. Cette espèce peut compter jusqu’à 1000 tentacules. Sous Traitements ci-dessous découvrez comment soigner spécifiquement les piqûres provoquées par cette espèce de méduse.

Floride (Etats-Unis)
Plus de 800 personnes auraient été piquées en 2018 sur les plages du centre de la Floride (Central Florida), comme le relève un article de la Mayo Clinic publié en juin 2018.

Milliers d’espèces de méduses – espèce dangereuses
Il existe plus de 10’000 espèces de méduses dans le monde. Mais seulement certaines espèces peuvent provoquer des piqûres mortelles pour l’homme (par ex. des piqûres de l’espèce Physalia physalis ou de Chironex fleckeri). On trouve ces méduses particulièrement dangereuses pour l’homme dans la région indienne, le Pacifique et les régions proches de l’Australie.

Symptômes

Symptômes des piqûres de méduseUne piqûre de méduse se traduit immédiatement par une douleur (forte et vive parfois). Cette douleur est proche d’une décharge électrique ou d’une brûlure (d’où l’expression parfois de brûlure de méduse). On constate que la douleur maximum survient en général 20 à 30 minutes après la piqûre.
Ces piqûres font apparaître sur la peau des petits boutons rouges ou plaques rouges qui peuvent s’étendre sur une longue surface. La peau s’épaissit.

Cicatrices
Une problématique des piqûres de méduse peut être l’apparition de cicatrices, notamment avec l’espèce Pelagia noctiluca (fréquente en mer Méditerranée). Les cicatrices peuvent rester pendant plusieurs mois, bien qu’en général elles disparaissent après 1 semaine.

Autres symptômes
Dans certains cas, les piqûres de méduse peuvent provoquer des maux de tête, vertiges, nausées, etc.
Parfois, on constate des réactions allergiques graves chez les personnes à terrain allergique. Relevons encore que les symptômes provoqués par une piqûre de méduse peuvent varier d’une espèce à l’autre.

Cyanea capillata
Lors de piqûres par l’espèce Cyanea capillata, surtout présente en Mer du Nord et en Mer Celtique, les piqûres peuvent être très douloureuses avec d’importantes réactions locales notamment cutanées.

Traitements

Le traitement varie d’une espèce de méduse à l’autre :

Piqûre par l’espèce Pelagia noctiluca (fréquente en Mer Méditerranée )
– La première chose à faire après s’être fait piqué par une méduse de l’espèce Pelagia noctiluca est d’enlever les éventuels tentacules de la méduse puis de rincer abondamment avec l’eau de mer la plaie de la piqûre (ne pas utiliser de l’eau douce comme de l’eau en bouteille ou de l’eau provenant d’un robinet). L’eau douce risque d’activer les cellules urticantes et d’aggraver la piqûre. Le vinaigre, par exemple sous forme de spray, est également conseillé. Le vinaigre est important, comme l’expliquait le dermatologue suisse Dr Siegfried Borelli au site suisse 20Min.ch en 2017. Le dermatologue suisse explique que le vinaigre (ex. en spray) permet d’éviter que les cellules urticantes présentes sur la peau de l’homme ne libèrent le poison.
– Recherchez les barbes, arêtes ou ardillons (poils de la méduse) : si vous voyez des barbes dans votre peau, utilisez une pince à épiler fine pour les retirer avec précaution. Si vous n’avez pas de pince à épiler, vous pouvez gratter doucement la zone avec une carte de crédit ou un objet en plastique de forme similaire pour les retirer de votre peau, mais essayez de ne pas irriter ou gratter la zone car cela pourrait aggraver votre piqûre.
– Une fois que vous avez retiré les tentacules et les ardillons, appliquez du vinaigre ou de l’alcool à friction à l’endroit où vous avez été piqué7. Cela peut aider à soulager la douleur et à libérer la toxine.
– Appliquez ensuite une crème antihistaminique le plus rapidement possible ou une crème comprenant un antihistaminique et un anesthésiant comme la
lidocaïne pour calmer les douleurs. L’hydrocortisone peut aussi s’avérer efficace. En outre, une poche de glace peut aider à réduire l’enflure
– En cas de réaction allergique et notamment de choc anaphylactique, il faut se rendre en urgence à l’hôpital.

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Piqûre par l’espèce Cyanea capillata (fréquente en Mer du Nord et Mer Celtique)
– Rincez avec du vinaigre (dans certains pays comme en Irlande vous trouverez dans le commerce un produit appelé Sting No More® Spray contenant du vinaigre qui s’avère aussi efficace) pour enlever les tentacules de la méduse incrustées sur la peau.
– Trempez ensuite la zone touchée par les piqûres dans de l’eau chaude à une température de 45°C (ou appliquez un hot pack) pendant 40 minutes.
Ces conseils spécifiques de traitement concernant l’espèce de méduse Cyanea capillata proviennent d’une étude réalisée par l’Université de Galway (NUI) en Irlande et par l’Université d’Hawaï sur le site de Monoa aux Etats-Unis. Leur travail de recherche a été publié en 2017 dans le journal scientifique international Toxins. Cette étude a été dirigée par le Dr Tom Doyle de l’Université de Galway (NUI).

Durée des symptômes :
Dans la plupart des cas, les piqûres de méduse disparaissent en quelques heures. Parfois, une éruption cutanée avec des taches rouges, violettes ou brunes peut persister pendant quelques semaines et des cicatrices peuvent se développer.

Trousse d’urgence
En Suisse et plusieurs autres pays, il est possible d’acheter en pharmacie une trousse d’urgence spéciale contre les piqûres de méduse : Beach Pharmacy Jellyfish Emergency Kit. Cette trousse contient des gants de protection, un spray au vinaigre, une lotion rafraîchissante et un grattoir en plastique à urticaire pour éliminer les tentacules de la méduse.

Lire aussi : Méduses : interview avec un spécialiste italien (juillet 2022)

Traitements alternatifs

Attention aux mythes 
Il n’est pas conseillé de recourir systématiquement aux traitements alternatifs, car ils peuvent faire plus de mal que de bien (par ex. lorsque du vinaigre est utilisé contre une piqûre de méduse de l’espèce Physalia physalis). Il faut aussi relever que le fait d’uriner sur une piqûre de méduse n’est pas conseillé, comme l’ont montré plusieurs études8. En fait, l’urine peut aggraver la situation en augmentant la douleur et peut également inciter les dards de méduse à libérer encore plus de venin que si la personne rince la piqûre avec de l’eau de mer9.

Vinaigre
Néanmoins, pour les espèces qu’on trouve notamment dans le nord de l’Europe comme Pelagia noctiluca ou Cyanea capillata (lire sous Traitements ci-dessus également) l’application de vinaigre sur la piqûre de méduse peut s’avérer bénéfique.

Bons conseils (après une piqûre)

En fonction de l’espèce de la méduse concernée, les conseils peuvent varier. Par exemple pour certaines espèces le chaud est conseillé et pour d’autres plutôt le froid.

Bons conseils lors de piqûres de méduses– Il est fortement conseillé de nettoyer immédiatement à l’eau de mer la piqûre de méduse lors de piqûres de certaines espèces de méduse comme Pelagia noctiluca (fréquente en Mer Méditerranée). Il est aussi possible de nettoyer avec du sable ou avec un chiffon imbibé d’alcool ou d’huile solaire10.
La Mayo Clinic recommande pour les piqûres de méduses qui ont lieu sur les plages de Floride (Etats-Unis) de laver la peau avec de l’eau très chaude et d’éviter un nettoyage à l’eau froide ou gelée. L’eau froide peut encourager les nématocystes à pomper plus de toxines dans la peau (lire aussi ci-dessus sous Définition pour mieux comprendre les nématocystes).

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– Enlevez au plus vite les tentacules de la méduse fixés sur la peau.

– Évitez de frotter la piqûre, car cela peut réactiver la douleur.

– Si vous présentez des symptômes suspects comme de forts maux de tête, des problèmes cardiaques ou des difficultés à respirer, consultez immédiatement un médecin. Il peut s’agir d’une allergie. Consultez aussi un médecin si vous souffrez de maux de ventre, de nausées ou vomissements, de piqûres au niveau ou impliquant les yeux, de douleurs musculaires ou de spasmes, de faiblesse, de fatigue, de somnolence ou encore de confusion.

– Contre la douleur, vous pouvez appliquer des glaçons ou des poches de glace sur la piqûre. Dans certains cas comme lors de piqûres par l’espèce Cyanea capillata, le chaud est préférable (lire aussi ci-dessus sous Traitements).

– Si vous faites du surf dans une zone qui contient des méduses, mettez une combinaison en néoprène.

– Pour ceux qui souhaitent se baigner sur des plages sauvages, il est conseillé d’emporter un peu de vinaigre en bouteille (ex. en spray) et une sorte de carte en plastique (ex. carte bancaire usagée) qui fait office de grattoir à urticaire pour éliminer les tentacules de la méduse.

Lire aussi :
Méduses : interview avec un spécialiste italien (juillet 2022)

Nom anglais : 
Jellyfish Stings

Crédits photos & Infographies : 
Adobe Stock, Pharmanetis Sàrl

Historique de la mise à jour – Dossier revu médicalement :
– 17.09.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien – mise à jour infographie)
– 20.05.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien)
– 01.02.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien)

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Article de la Cleveland Clinic, Should You Pee on a Jellyfish Sting?, datant du 20 mai 2024, site accédé par Creapharma le 20 mai 2024 et le lien marchait à cette date
  2. “Le Larousse Médical”, Larousse, 2012
  3. Article de la Cleveland Clinic, Should You Pee on a Jellyfish Sting?, datant du 20 mai 2024, site accédé par Creapharma le 20 mai 2024 et le lien marchait à cette date
  4. STUDIES AND REVIEWS (article en PDF, consulté le 20 juillet 2022), No. 92, 2013, GENERAL FISHERIES COMMISSION FOR THE MEDITERRANEAN
  5. Article du journal suisse de référence NZZ du 20 juillet 2022 : Mehr Quallen im Wasser als Badegäste am Strand: Quallenplage ruiniert Strandferien
  6. Article du journal suisse de référence NZZ du 20 juillet 2022 : Mehr Quallen im Wasser als Badegäste am Strand: Quallenplage ruiniert Strandferien, article citant Sigrid Lüber d’Ocean Care
  7. Article de la Cleveland Clinic, Should You Pee on a Jellyfish Sting?, datant du 20 mai 2024, site accédé par Creapharma le 20 mai 2024 et le lien marchait à cette date
  8. Montgomery L, Seys J, Mees J. To Pee, or Not to Pee: A Review on Envenomation and Treatment in European Jellyfish Species. Mar Drugs. 2016 Jul 8;14(7):127. doi: 10.3390/md14070127. PMID: 27399728; PMCID: PMC4962017.
  9. Article de la Cleveland Clinic, Should You Pee on a Jellyfish Sting?, datant du 20 mai 2024, site accédé par Creapharma le 20 mai 2024 et le lien marchait à cette date
  10. “Le Larousse Médical”, Larousse, 2012

Lire aussi :


Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 17.09.2024
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