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Ménopause : une graisse saine autour du cœur et des vaisseaux peut prévenir la démence (étude)

La ménopause est un moment particulièrement important pour les femmes, d’autant plus que le risque d’être touché par une maladie neurodégénérative augmente avec l’âge. Une étude publiée en avril 2023 dans la revue Alzheimer’s & Dementia (DOI : 10.1002/alz.13133) montre que la quantité et la qualité des graisses situées autour du cœur et des vaisseaux au moment de la ménopause pouvaient affecter les performances cognitives. Ainsi, les femmes, accompagnées de leurs médecins, doivent prêter attention à leur santé cardiaque afin de protéger leur santé cérébrale.

Plus de risque de démence chez les femmes

Selon l’OMS, plus de 55 millions de personnes sont atteintes de démence dans le monde. Il s’agit de la septième cause de décès et l’une des principales causes d’invalidité et de dépendance chez les personnes âgées. De plus, les femmes sont touchées de manière disproportionnée par la démence, car l’incapacité et la mortalité pour cause de démence sont plus élevées chez les femmes1. En outre, aux États-Unis, deux tiers des Américains atteints de la maladie d’Alzheimer sont des femmes selon l’un des auteurs de l’étude.

La maladie cardiovasculaire : un facteur de risque modifiable

Ménopause : une graisse saine autour du cœur et des vaisseaux peut prévenir la démence (étude)

Le facteur de risque modifiable le plus courant contre la démence serait la maladie cardiovasculaire et, fait intéressant, le risque de maladie cardiovasculaire chez la femme augmente après la ménopause. L’un des objectifs de cette étude a donc été de chercher à savoir s’il existait un lien entre les facteurs de risque cardiovasculaire liés à la transition de la ménopause – tels que le type de graisse cardiovasculaire d’une femme – et sa fonction cognitive future.

Pour mieux comprendre cette relation, les chercheurs se sont basés sur une étude de longue durée nommée SWAN (Study of Women’s Health Across the Nation) et son étude auxiliaire, SWAN Cardiovascular Fat. L’étude SWAN a suivi un groupe diversifié de femmes d’âge moyen jusqu’à la transition de la ménopause. À l’âge moyen de 51 ans, 531 participantes ont subi des scanners pour connaître la graisse autour de leur cœur et de leurs vaisseaux. Elles ont ensuite été suivies pendant 16 ans et ont subi de nombreux tests cognitifs.

Les types de graisse touchant le cœur et les vaisseaux

Il existe principalement trois types de graisses qui peuvent se trouver autour du cœur et des vaisseaux. Le tissu adipeux épicardique (EAT), une graisse viscérale située à l’intérieur du sac entourant le cœur ; le tissu adipeux paracardiaque (PAT) situé à l’extérieur de ce sac et le tissu adipeux périvasculaire thoracique (PVAT), qui entoure la partie la plus longue de la plus grande artère de l’organisme s’éloignant du cœur. L’EAT et le PAT sont généralement des graisses dites « blanches » de moindre qualité que l’organisme stocke, tandis que le PVAT thoracique peut être une graisse « brune » de meilleure qualité que l’organisme convertit facilement en énergie. L’équipe de recherche a utilisé la densité de la graisse dans les scanners comme indicateur de la qualité de la graisse ainsi que le volume de graisse observé pour indiquer la quantité.

Une graisse saine améliore les fonctions cognitives

Les résultats de l’étude ont montré qu’un volume plus important de PVAT thoracique à l’âge moyen était lié à une meilleure mémoire à long terme plus tard dans la vie, tandis qu’une densité plus élevée de PVAT thoracique – reflétant probablement une graisse blanche de moindre qualité – était liée à une détérioration de la mémoire de travail.

Malgré la mise en évidence de cette association, le Dr Samar El Khoudary, professeur d’épidémiologie à l’Institut de santé publique de Pittsburgh déclare que les chercheurs ne peuvent pas affirmer avec certitude qu’une graisse de qualité supérieure ou inférieure autour du cœur et dans les vaisseaux serait à l’origine de la maladie d’Alzheimer. Cependant, il s’agit d’un indice significatif à prendre en considération. En effet, parmi les différents types de graisse cardiaque, la PVAT est la plus proche de la circulation cérébrale et la graisse brune est liée à un meilleur métabolisme du corps entier et à des marqueurs d’inflammation plus faibles.

Pendant la transition de la ménopause, les femmes souffrent généralement d’une inflammation vasculaire ou du tissu adipeux, qui peut se manifester par une PVAT thoracique de densité plus élevée, ce qui signifie qu’elle est de moindre qualité. Des études antérieures ont montré que l’inflammation vasculaire favorisait la formation de plaques et que le tissu adipeux enflammé sécrète de manière anormale des molécules de signalisation cellulaire, ce qui prédispose les personnes au déclin cognitif.

Limites de l’étude

L’étude auxiliaire SWAN Cardiovascular Fat était limitée aux femmes blanches et noires. Les chercheurs ont donc souligné que d’autres études seront nécessaires pour déterminer si les résultats s’appliquent aux femmes d’autres races et d’autres ethnies ou aux hommes. D’autres recherches sont également nécessaires pour déterminer si le type de graisse cardiovasculaire est réellement à l’origine du déclin cognitif ou si les efforts visant à modifier la qualité de la graisse cardiovasculaire – tels que la prise de médicaments anti-inflammatoires – peuvent prévenir la démence. Quoi qu’il en soit, les chercheurs pensent que le fait de prendre soin du cœur aide à prendre soin du cerveau et que la ménopause est une période particulièrement sensible pour la santé du cœur et du cerveau.

Il est donc particulièrement important de rester actif et de faire régulièrement des exercices cardiovasculaires qui font battre le cœur, d’avoir une alimentation saine et de se rendre à ses rendez-vous médicaux à la cinquantaine. Protéger son cœur pendant la transition ménopausique, c’est peut-être protéger son cerveau à l’avenir.

Références & Sources :
– Revue Alzheimer’s & Dementia (DOI : 10.1002/alz.13133)
– Communiqué de presse en anglais de l’étude (via Eurekalert.org)

Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies).

Date de dernière mise à jour du dossier :
07.06.2023

Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2023 Pixabay. Image d’illustration.

Crédit infographie : 
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

Références scientifiques et bibliographie :

  1. données publiées par l’OMS, site accédé par Creapharma.ch le 07 juin 2023 et le lien marchait à cette date
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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 07.06.2023
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