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Paludisme : les moustiques sont plus attirés par les enfants infectés

Armoise annuelle - malariaLes enfants infectés par le paludisme (malaria) sont plus attrayants pour les moustiques parce que leur peau diffuse des odeurs spécifiques. Cette découverte permettrait de produire de nouveaux marqueurs biologiques de la maladie et de créer de meilleurs pièges à insectes.

Le paludisme agit sur le corps de ses hôtes humains, notamment la peau, en menant à l’émission d’odeurs spécifiques, les rendant encore plus attrayants pour les moustiques. Ce phénomène favorise la multiplication des piqûres, l’augmentation des personnes infectées et ainsi une transmission plus large de la maladie.

C’est un cercle vicieux, mais qui a permis à une équipe multinationale de chercheurs d’identifier ces odeurs comme des hydrocarbures organiques sous forme de trois aldéhydes, heptanal, octanal et nonanal, dont la découverte pourrait freiner une maladie qui a coûté la vie à près d’un demi-million de personnes en 2016.

Des odeurs de fruits et d’herbes

« Ce sont des odeurs assez communes, qui sont décrites comme fruitées ou herbeuses », explique M. Jetske de Boer, chercheur en entomologie et écologie chimique à l’Université et Recherche de Wageningen aux Pays-Bas. « Maintenant que nous avons identifié et quantifié les aldéhydes associés à l’infection palustre, nous comprenons mieux la voie d’infection du parasite. »

L’équipe a été dirigée par Wageningen et la London School of Hygiene and Tropical Medicine, avec l’appui des principales parties prenantes, dont Rothamsted Research, pour son expertise dans l’analyse des données et l’écologie chimique des insectes. « Notre travail prouve que les hôtes humains deviennent plus attrayants pour les moustiques pendant l’infection par le paludisme », explique M. Mike Birkett, écologiste chimiste au Département des biointeractions et de la protection des cultures à Rothamsted. Cette étude a porté sur un groupe de 56 enfants, âgés de 5 à 12 ans.

Une nouvelle piste pour mieux piéger les moustiques

Il ajoute que « L’identification des composés volatils d’origine humaine, à l’origine de ce phénomène, permet de développer ces composés comme marqueurs biologiques du paludisme et comme composants de leurres (pièges) chimiques pour piéger les moustiques ».

Le paludisme est une maladie principalement présente dans les régions tropicales et son incidence a commencé à augmenter en 2016, après avoir chuté depuis 2010, selon le Rapport mondial sur le paludisme 2017 de l’OMS. En 2016, 91 pays ont signalé 216 millions de cas et 445’000 décès.

Statistiques malaria

« L’odeur spécifique est l’odeur du panache de substances volatiles émises par la peau », explique M. John Caulfield, chimiste analytique à Rothamsted, qui a utilisé la chromatographie en phase gazeuse et la spectrométrie de masse pour identifier les composés actifs. « Il n’y en a qu’une poignée qui intéresse les moustiques. » La confirmation des résultats de la chimie est obtenue à partir de l’analyse statistique des données des expériences, qui comprenait « une modélisation linéaire mixte de composés volatils quantifiés et une modélisation linéaire généralisée du dénombrement des moustiques », selon M. Stephen Powers, analyste de données à Rothamsted. Cette analyse statistique, fait-il remarqué, « a révélé à quel point nous pouvons être confiants que certains composés ont été produits en plus grande quantité par des individus infectés et que les moustiques avaient une attirance accrue pour ces produits chimiques ».

Malaria infographie

Le 19 avril 2018. Par la rédaction de Creapharma.ch (supervision scientifique par Xavier Gruffat, pharmacien). Sources : Communiqué de presse de l’étude (en anglais). Référence : journal scientifique PNAS (DOI : 10.1073/pnas.1721610115).
Crédits photos : Fotolia.com, Creapharma.ch (Pharmanetis Sàrl). Infographie : Creapharma.ch (Pharmanetis Sàrl).

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 22.04.2018
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