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Les opioïdes doublent le risque de thromboembolie veineuse chez les patients atteints de PR (étude)

ATLANTA – PHILADELPHIEUne nouvelle étude a révélé que les patients adultes atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR) qui commencent à prendre des opioïdes comme la morphine présentent un risque deux fois plus élevé de thromboembolie veineuse (TEV) que les patients qui commencent à prendre des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène. La thromboembolie veineuse est une affection grave, mais évitable, qui se produit lorsqu’un caillot de sang se forme dans une veine. Creapharma.ch était physiquement présent à ce congrès, le plus grand au monde sur la rhumatologie, qui se tient à Philadelphie aux Etats-Unis et online.

Lutter contre la douleur

La gestion de la douleur est une priorité pour la plupart des patients atteints de polyarthrite
rhumatoïde (PR). Même si la maladie est bien contrôlée, environ 60% des patients continuent de ressentir de la douleur, et il existe peu de stratégies pharmacologiques sûres, notamment les AINS et les opioïdes, pour y remédier. L’une des préoccupations concernant les AINS est le risque accru d’événements cardiovasculaires majeurs, qui est déjà élevé chez les patients atteints de PR. Et si de nombreux méfaits potentiels des opioïdes – dépendance, surdose et décès – sont bien connus, le risque d’événements cardiovasculaires indésirables majeurs n’est pas aussi clair. Cette nouvelle étude de cohorte avec comparateur actif vise à évaluer le risque cardiovasculaire chez les patients atteints de PR prenant des opioïdes par rapport aux AINS.

Raison de l’étude

Dre Gulsen Ozen, rhumatologue à l’Université du Nebraska aux Etats-Unis Center et auteur principal de l’étude, explique : « L’un des arguments pour choisir les opioïdes plutôt que les AINS est leur moindre impact sur les maladies cardiovasculaires. Cependant, aucune donnée ne permet d’affirmer que les opioïdes ont un profil plus sûr que les AINS, en plus de leurs autres risques ». Elle poursuit : « Par conséquent, nous avons voulu étudier les risques cardiovasculaires associés aux opioïdes par rapport aux AINS afin de montrer s’ils sont aussi sûrs que perçus. »

La cohorte de l’étude comprenait des adultes atteints de PR qui ont participé à FORWARD (banque de données : The National Databank for Rheumatic Diseases), pendant un an ou plus entre 1998 et 2021. FORWARD recueille des données déclarées par les patients sur les aspects socioéconomiques, l’activité de la maladie, les résultats des traitements, le handicap, les hospitalisations et d’autres informations clés sur les maladies rhumatismales.

Détail de l’étude

Pour l’étude, 4’778 personnes ayant commencé à prendre des opioïdes ont été appariées avec 11’218 personnes ayant commencé à prendre des AINS. Les caractéristiques de base de la cohorte appariée étaient équilibrées, à l’exception des médicaments contre les maladies cardiovasculaires, notamment l’aspirine, les antihypertenseurs et les statines. Les patients ont été suivis pour les principaux résultats cardiovasculaires indésirables, notamment l’infarctus du myocarde, l’accident vasculaire cérébral (AVC), l’insuffisance cardiaque, la thromboembolie veineuse et le décès, ainsi que la mortalité toutes causes confondues.

Résultats identiques…sauf

Bien que les incidents cardiovasculaires majeurs et la mortalité toutes causes confondues aient été plus faibles chez ceux ayant pris des AINS que chez les initiateurs des opioïdes, le risque était similaire suite à des corrections statistiques. Mais la seule exception était un risque de thromboembolie veineuse deux fois plus élevé dans le groupe opioïde.

Analyse

« Nous nous attendions à un risque similaire de maladies cardiovasculaires et à une légère augmentation du risque de mortalité toutes causes confondues avec les opioïdes par rapport aux AINS. Cependant, nous ne nous attendions pas à une augmentation du risque de thromboembolie veineuse », a expliqué la Dre Ozen. Elle poursuite : « Bien que nos groupes d’opioïdes et d’AINS aient été bien équilibrés en ce qui concerne les hospitalisations récentes, il peut y avoir des différences dans les raisons de l’hospitalisation nécessitant l’initiation d’un opioïde par rapport à un AINS. »

Diminuer la prise d’opioïdes si possible

« La prise en charge de la douleur chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde est un défi, car elle ne dépend pas toujours de l’activité de la maladie », explique la Dre Ozen. « Bien que nous n’ayons pas de preuves directes pour les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, nous savons, grâce aux patients atteints d’arthrose, que l’utilisation chronique d’opioïdes peut intensifier la douleur sans amélioration de la fonction. Notre étude suggère que les opioïdes peuvent provoquer une morbidité cardiovasculaire importante et même la mort chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. Nous espérons que nos résultats permettront de réduire les prescriptions d’opioïdes pour la douleur chez les patients atteints de maladies rhumatismales inflammatoires. Nous devons nous rappeler que la douleur dans les maladies rhumatismales inflammatoires est multifactorielle, et nous devrions utiliser plus souvent des méthodes non pharmacologiques dans cette population de patients », conclut la rhumatologue.

Le 12 novembre 2022. Par Xavier Gruffat (pharmacien). Source principale : Communiqué de presse d’ACR (en anglais, adapté en français par Creapharma.ch). Autres sources : Mayo Clinic. Décharge de responsabilité : cette activité n’est pas sanctionnée par, ni fait partie de l’American College of Rheumatology (This activity is not sanctioned by, nor a part of, the American College of Rheumatology).
Crédit photo : Adobe Stock.

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 12.11.2022
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