Au football, faire des têtes serait plus dangereux pour le cerveau des femmes

CHICAGOLes joueuses de football sont plus vulnérables aux lésions cérébrales causées par les coups de tête que les hommes. Les joueuses présentent des changements plus importants au niveau des tissus cérébraux après des « têtes » répétées. C’est ce qui ressort d’une récente étude réalisée par des chercheurs américains et dont les résultats ont été publiés le 31 juillet 2018 dans la revue scientifique Radiology (DOI : 10.1148/radiol.2018180217). 

Un risque 5 fois plus élevé chez les femmes

Sport de compétition mondialement populaire, le foot attire de plus en plus de femmes. Le nombre de celles qui pratiquent cette activité physique est évalué par la FIFA à 30 millions de femmes à travers le monde. Malgré cet engouement, les joueuses souffrent plus des conséquences liées aux coups de tête. Cette action courante dans le football est souvent à l’origine d’anomalies ou de lésions cérébrales. Ces modifications peuvent bouleverser la fonction cognitive.

Les résultats d’une recherche menée aux États-Unis et récemment publiés dans la revue Radiology montrent que les chez les femmes, les jeux de tête répétitifs au foot présentent un véritable danger pour le cerveau. Toujours selon cette étude, contrairement à leur homologue masculin, les joueuses de football seraient cinq fois plus vulnérables aux risques cérébraux provoqués par les fréquents coups de tête. Des changements importants ont, en effet, été enregistrés au niveau des différents tissus du cerveau chez les femmes après les impacts liés aux jeux de tête.

Une expérience probante

Selon Michael Lipton, professeur de radiologie, de psychiatrie et de sciences comportementales au Collège de médecine Albert-Einstein de New York, auteur principal de la recherche, l’analyse visait à vérifier si l’impact des coups de tête sur le cerveau est semblable chez les hommes que chez les femmes. Elle a été basée sur une population mixte composée de 98 joueurs dont la moitié est constituée par des femmes et l’autre par des hommes. L’âge moyen des participants était évalué à 25,8 ans. Parmi les autres critères de sélection figure une exposition fréquente au coup de tête durant au moins une année ayant précédé l’étude. Ce nombre a été évalué à 487 chez les hommes et 469 chez les femmes.

Afin de mesurer les impacts des coups de tête au foot, les chercheurs ont mis en place un système d’imagerie IRM permettant de déterminer si les matières blanches cérébrales sont en bonne santé. Chez les joueuses de foot, le volume de la matière blanche endommagé par les coups de tête a été plus important que chez les joueurs. Selon l’avis de certains experts, cette fragilité des femmes pourrait être liée à la faiblesse du muscle du cou, aux problèmes hormonaux ou à la génétique.

Vers une recommandation spécifique pour les femmes

Selon le Prof. Lipton, les informations obtenues lors de cette recherche mènent à une plus grande prudence. Il pense qu’il serait plus sage de continuer les recherches sur les autres facteurs pouvant être à l’origine des risques cérébraux. Une différenciation plus approfondie s’impose, en effet, afin de caractériser davantage les vulnérabilités cérébrales liées aux coups de tête au foot et la différence des lésions selon le sexe du joueur.

Le Prof. Lipton avance qu’une plus grande compréhension de ces facteurs permettrait de protéger au mieux les joueurs. Il ajoute que ces relations pourraient être exploitées afin d’être à la base d’une recommandation spécifique, selon le sexe, afin de permettre aux joueurs de pratiquer leur sport favori avec plus de sécurité. A quand une éventuelle interdiction des têtes de la part de la FIFA dans le football féminin ?

Le 14 août 2018. Par la rédaction de Creapharma.ch (supervision scientifique par Xavier Gruffat, pharmacien). Source : Communiqué de presse de l’étude en anglais. Référence étude : Radiology (DOI : 10.1148/radiol.2018180217).
Crédit photo : Fotolia.com

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 16.08.2018
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