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Botox® (toxine botulique A)

La toxine botulique A, souvent appelée pour simplifier Botox®, botox ou toxine botulique, est une substance active appartenant au groupe des relaxants musculaires utilisés notamment pour le traitement temporaire des rides du visage. La toxine botulique A, une protéine, est utilisée en infime quantité (5 ng par médicament ou injection). Il s’agit du poison mortel de la bactérie Clostridium botulinum.

Noms :
Toxine botulique de type A, Botox® (nom du médicament d’Allergan, souvent aussi utilisé comme nom “générique”), BTX, BoNT.

Effets :
La toxine botulique A bloque la libération du neurotransmetteur acétylcholine des terminaisons nerveuses cholinergiques et entraîne ainsi une paralysie flasque des muscles squelettiques.

Indications :
Rides du visage (en cosmétique)
– Migraine (en prévention, plus d’informations dans notre dossier complet sur la migraine). Le Botox® a été approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis pour le traitement de la migraine chronique en 2010.
Autres indications médicales (liste non exhaustive, au total il existe plus de 30 indications médicales différentes) :
– Traitement symptomatique du blépharospasme
– Traitement symptomatique de la dystonie cervicale (torticolis spasmodique) chez l’adulte
– Traitement des spasticités focales, y compris des spasticités des membres supérieurs, résultant d’un accident vasculaire cérébral (AVC)
– Traitement de la vessie hyperactive accompagnée des symptômes suivants: incontinence urinaire, mictions impérieuses et mictions fréquentes, chez le patient adulte qui ne répond pas suffisamment aux anticholinergiques ou qui présente une intolérance à ces médicaments.
– Traitement de l’incontinence urinaire causée par l’hyperactivité neurogène du détrusor associée à une affection neurologique (p.ex. lésion médullaire, sclérose en plaques) chez l’adulte.
– Traitement de l’hyperhidrose axillaire primaire chez l’adulte.

Indications possibles (off label) :
– Acné grave (en crème, en 2022 produit non disponible sur le marché)

Apparition et durée de l’effet :
L’effet du Botox® (et autres génériques) se produisent en quelques jours, souvent jusqu’à 72h, et durent généralement de trois à six mois.

Effets secondaires :
Réactions au point d’injection, maux de tête.
Pour la liste complète, veuillez lire la notice d’emballage (par exemple sur le site suisse Compendium.ch).

Formes galéniques :
La toxine botulique A est disponible sur le marché sous forme de préparation injectable. Les médicaments à base de toxine botulique A contiennent une préparation séchée qui est reconstituée avec une solution saline physiologique stérile (chlorure de sodium 0,9%). En Suisse, l’injection se fait par voie intramusculaire et intradermal.
En Suisse, la quantité de toxine botulinique A se définit en unité (ex. 100 unités dans le Botox®). Une unité correspond à la dose létale moyenne (DL50) lorsque le produit reconstitué est injecté à des souris par voie intrapéritonéale dans des conditions définies. Selon nos informations, 100 unités correspondent à 5 ng (ng ou un milliardième de g). Cela signifie que 100 millions de médicaments ou doses (ampoules) de Botox® correspondent à seulement 0,5 g.

Remarques intéressantes :

En cosmétique :
– La piqûre d’une injection de toxine botulique A ne dure que quelques minutes et elle est très peu douloureuse. Après l’intervention, le patient peut immédiatement reprendre ses activités habituelles. L’injection de la toxine botulique (Botox) comporte peu de risques, il faut toutefois qu’elle soit réalisée par un spécialiste ayant déjà une expérience avérée dans le domaine. Une connaissance approfondie de l’anatomie du visage est en effet nécessaire afin de pouvoir piquer le muscle à un endroit précis. Un manque de précision est particulièrement contraignant, voire même handicapant.
– La toxine botulique A (Botox) s’avère particulièrement efficace pour le traitement des rides intersourcilières ou rides du lion, les rides horizontales, les rides au niveau des plissements des yeux « patte d’oie », les rides du nez et les rides d’amertume. Bien appliquée, une injection de cette toxine concourt à la diminution substantielle, voire même à la disparition de la totalité des rides. À titre préventif, elle permet notamment de prévenir le vieillissement tout en donnant une bonne expression au visage.

Origine :
– Le scientifique belge Emile van Ermengem a découvert la substance (toxine botulique) en 1895. Un jambon périmé avait tué 3 personnes par arrêt respiratoire. M. van Ermengem a découvert que la bactérie Clostridium botulinum produisait cette toxine.
– Pendant la 2ème guerre mondiale, des scientifiques américains rattachés à l’armée dans le Maryland ont développé des techniques pour cultiver, extraire et purifier la toxine botulique avec comme objectif la création d’une arme biologique. En théorie, 1 g de la toxine botulique diffusée de façon uniforme dans l’air pourrait tuer 1 million de personnes.
– Dans les années 1980, un médicament à base de toxine botulique du nom d’Oculinum a été mis sur le marché aux Etats-Unis à la base contre le strabisme (un problème oculaire). Un médecin canadien a constaté qu’il avait des effets secondaires intéressants, l’élimination de rides. En 1991, le laboratoire pharmaceutique américain Allergan a racheté ce médicament et lui a donné le nom de Botox®.

Fabrication du Botox® en Irlande
– Le Botox® est produit par le laboratoire pharmaceutique Allergan en Irlande, dans la petite ville de Westport d’environ 6000 habitants située à l’ouest du pays. En 2020, la fabrique comptait environ 1300 employés. Allergan est depuis 2020 une division du laboratoire pharmaceutique américain AbbVie. Cette dernière a racheté Allergan pour 63 milliards de dollars (USD). Tout le Botox® distribué au niveau mondial est produit dans les usines situées à Westport, en Irlande. Westport, une petite ville plutôt isolée située à l’ouest de l’Irlande est parfois qualifiée de capitale mondiale du Botox (“Botox capital of the world”). La substance de base pour préparer le Botox®, soit la toxine botulique, est fabriquée aux Etats-Unis dans un lieu tenu secret (connu seulement d’Allergan et de l’armée américaine) puis livrée à l’usine irlandaise qui la transforme en médicament prêt à l’emploi.

Pont dans la ville de Westport en Irlande (crédit photo : Adobe Stock)

Marché global (Etats-Unis surtout) :
Le chiffre d’affaires annuel dans le monde du Botox®, sans parler des autres marques, était estimé en 2021 à plus de 4,6 milliards de dollars1 (en forte hausse en comparaison par exemple avec l’année 2018 qui se montait à environ 2 milliards de dollars2). Les Etats-Unis représentent le premier marché mondial pour le Botox®, représentant en 2019 environ 64% des ventes globales3. En 2020, les médecins aux Etats-Unis ont réalisé environ 4,4 millions de procédures impliquant le Botox® et ses deux compétiteurs, selon l’American Society of Plastic Surgeons4. Aux Etats-Unis, la marque Botox® a environ 70% de parts de marché, selon le Wall Street Journal.

Suisse :
– Il existe plusieurs médicaments autorisés sur le marché suisse à base de la toxine botulique (on peut citer le Botox® commercialisé par Allergan AG ou Dysport® commercialisé par Future Health Pharma GmbH), Dysport®est fabriqué par le laboratoire pharmaceutique français Ipsen. La première préparation à base de toxine botulique a été enregistrée en Suisse en 1994. Dans le monde on peut aussi citer l’entreprise Hugel, de Corée du sud, qui commercialise une préparation à base de toxine botulique pour usage cosmétique à moitié du prix du Botox®5. Hugel semble cibler surtout le marché chinois. Le laboratoire pharmaceutique allemand Merz commecialise aussi une préparation à base de toxine botulique.
– Au niveau politique, les médecins devront avoir suivi une formation ad hoc et conclu une assurance responsabilité civile pour injecter de l’acide hyaluronique et du botox (toxine botulique), si la loi passe aux Etats. Le National (suisse) a soutenu le 22 septembre 2021 par 96 voix contre 92 une motion de Ruth Humbel (Centre/AG) en ce sens. Un nombre croissant d’esthéticiennes proposent cette prestation, avec des conséquences parfois désastreuses, rappelle la motionnaire. Ces injections requièrent de solides connaissances en médecine6. Le Conseil des Etats devait encore se prononcer (état le 22 septembre 2021). Au Royaume-Uni, le botox (et génériques) et les injections d’acide hyaluronique (appelés injectable procedures en anglais) sont interdites aux moins de 18 ans7.

Possible concurrence au Botox® – alternative : DAXXIFY™
En septembre 2022, la FDA américaine – l’agence de régulation des médicaments aux Etats-Unis – a approuvé un nouveau médicament anti-ride, le DAXXIFY™ (à base de daxibotulinumtoxinA-lanm) de la société Revance Therapeutics. Selon un article du Wall Street Journal du 8 septembre 2022, le DAXXIFY™ pourrait durer plus longtemps que le Botox®. Le DAXXIFY™ est un inhibiteur de la libération d’acétylcholine et un agent bloquant neuromusculaire indiqué pour l’amélioration temporaire de l’apparence des rides glabellaires modérées à sévères associées à l’activité des muscles corrugateur et/ou procerus chez les patients adultes, selon un communiqué de presse de l’entreprise publié le 8 septembre 2022. Un analyste cité par le WSJ estime que le DAXXIFY™ pourrait avoir des ventes annuelles d’un milliard de dollars dès 2030.

Découvrez notre vidéo sur le Botox®

Sources & Références : 
Sources :
Keystone ATS (agence de presse suisse), Pharmawiki.ch, Compendium (suisse), Superinteressante (magazine brésilien), Fiercepharma.com, The Irish Times, The Wall Street Journal.
Références :
Plastic and Reconstructive Surgery® (DOI : 10.1097/PRS.0000000000005111).

Rédaction : 
Xavier Gruffat (Pharmacien)

Dernière mise à jour : 
08.09.2022

Crédits photos :
Adobe Stock

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Article du Wall Street Journal datant du 8 septembre 2022 (version online et payante)
  2. The Irish Times du 4 décembre 2019, site accédé le 8 septembre 2022, le lien marchait à cette date
  3. The Irish Times du 4 décembre 2019, site accédé le 6 septembre 2020, le lien marchait à cette dernière date
  4. Article du Wall Street Journal datant du 8 septembre 2022 (version online et payante)
  5. Magazine anglais The Economist, édition papier du 26 mars 2022
  6. Keystone ATS, le 22 septembre 2021
  7. Magazine anglais The Economist, édition papier du 26 mars 2022

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 17.09.2022
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