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Les adolescentes à la peau foncée, cibles privilégiées des retombées psychologiques de l’acné

Les adolescentes à la peau foncée, cibles privilégiées des retombées psychologiques de l'acnéRIVERSIDE (CALIFORNIE)Une approche plus agressive du traitement de l’acné qui associe les disciplines de la psychologie et de la dermatologie est nécessaire, selon deux chercheurs en psychologie de l’Université de Californie à Riverside. Dans un article publié le 12 février 2021 dans le journal Child Development Perspectives (DOI : 10.1111/cdep.12397), ils affirment également que les femmes et les personnes à la peau plus foncée souffrent de manière disproportionnée des conséquences psychologiques de l’acné.

Des effets psychologiques « toxiques » chez les adolescents

Les adolescentes à la peau foncée, cibles privilégiées des retombées psychologiques de l'acnéSelon Misaki Natsuaki, professeur de psychologie à l’Université de Californie du Sud, nous sous-estimons trop souvent les effets de l’acné parce qu’elle est physiquement inoffensive et indolore. Elle est pourtant omniprésente et constitue une véritable nuisance à l’âge de l’adolescence et de la puberté. Les insinuations, y compris de la part des spécialistes, ainsi que les surnoms blessants tels que “face de pizza” ou “face de cratère” sont ainsi à éviter (ndlr : traduction difficile en français, mais on comprend de quoi il s’agit).
En plaidant pour une reconsidération du traitement, les chercheurs font allusion à la prévalence de l’acné chez les adolescents, 20% souffrent d’acné modérée à sévère, et 85 % ont des poussées récurrentes. Ils déclarent que l’acné peut laisser des cicatrices psychologiques, en particulier pendant l’adolescence, lorsque l’apparence physique devient plus importante pour l’estime de soi, et que la psychopathologie internalisante comme la dépression prend de l’importance.

Des liens directs entre l’acné et la dépression

De nombreuses études montrent des liens directs entre l’acné et la dépression, l’anxiété et les pensées suicidaires. Les adolescents souffrant d’acné ont plus de difficultés à nouer des amitiés, à trouver des partenaires romantiques et à se sentir liés à l’école. Lorsqu’on leur montre une photo d’un adolescent souffrant d’acné faciale, 65% des adolescents disent que la peau est la première chose qu’ils remarquent. Sur la photo d’un adolescent à la peau claire, les jeunes ont déclaré qu’ils ne remarquaient la peau en premier que 14% du temps. Les jeunes attribuent aux adolescents qui souffrent d’acné des traits tels que “ringard”, “stressé” et “solitaire”.

Par ailleurs, des recherches ont montré que les femmes subissent des impacts psychologiques négatifs à un taux plus élevé que les hommes.

“Les idéaux esthétiques d’une peau claire et sans tache sont partagés par les deux sexes”, ont écrit les chercheurs dans leur article, mais les femmes subissent une plus grande pression sociale que les hommes pour atteindre ces idéaux.

Les adolescents à la peau plus foncée, dont beaucoup sont issus de minorités ethniques et raciales aux États-Unis, sont susceptibles de souffrir des effets disproportionnés de l’acné en raison de l’incidence accrue des cicatrices post-acnéiques et de l’hyperpigmentation.

Un fardeau psychologique comparable à celui d’autres maladies graves comme le diabète

Les adolescentes à la peau foncée, cibles privilégiées des retombées psychologiques de l'acnéSelon les recherches en dermatologie, le fardeau psychologique de l’acné est comparable à celui d’autres maladies graves, comme le diabète, d’après les propos du prof. Tuppett Yates, co-auteur de l’article. “L’acné est une maladie dont les effets psychologiques sont évidents, des effets qui sont répartis de manière non aléatoire en fonction du sexe, de la couleur de la peau et du statut socio-économique. Un traitement efficace de l’acné se situe donc à l’intersection de la médecine, de la psychologie et de la sociologie.
Cette étude récemment publiée fait suite à une autre étude réalisée par Natsuaki l’année dernière. Dans cette étude, Natsuaki a suggéré qu’un médicament contre l’acné, efficace mais étroitement réglementé, l’isotrétinoïne, devrait être réexaminé. À noter que l’isotrétinoïne est associée à une incidence plus élevée de suicides d’adolescents – un lien que certains disent injustifié – et Natsuaki a affirmé que les avantages du médicament l’emportaient sur ses risques.

Références & Sources :
Journal Child Development Perspectives (DOI : 10.1111/cdep.12397)

Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies), relecture le 16 février 2021 par Xavier Gruffat (pharmacien)

Date de dernière mise à jour du dossier :
16.02.2021

Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2021 Pixabay

Crédit infographie : 
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 16.02.2021
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