A l’occasion de la rentrée 2018/19, interview avec une spécialiste sur les poux

Christina -RuobZURICHEn cette période de rentrée scolaire, les poux de tête demeurent en ce 21e siècle à des niveaux endémiques bien enracinés chez les enfants de 3 à 14 ans dans la plupart des régions du monde. Très peu de pays disposent d’une politique globale de santé publique pour contrôler cette infestation endémique. Le diagnostic est en général médiocre et de puissants traitements neurotoxiques, appelés traitements chimiques, n’ont pas confirmé scientifiquement leur efficacité comme le relève la Ghent University en Belgique dans une étude présentée lors d’un congrès sur les poux, l’International Conference on Phthiraptera qui s’est tenu pour la 6ème fois en juin 2018 à Brno en République tchèque. Dr Christina Ruob, pharmacienne suisse et spécialiste du sujet, était justement présente à ce congrès. Creapharma.ch a eu la chance de pouvoir lui poser des questions sur les dernières recommandations à suivre en cas de poux et en particulier le comportement à suivre lors de poux à l’école.  Car nombreux sont les parents qui craignent de recevoir un appel de l’infirmière scolaire ou une lettre de l’école les informant que leur enfant a des poux.   

poux-adulteCreapharma.ch (Xavier Gruffat) – En 2018, est-ce que les traitements mécaniques (ex. diméticone) sont toujours plus recommandés que les traitements physiques (ex. malathion) ?
Dr Christina Ruob – Oui, les traitements chimiques comme la permethrine ou le malathion ne sont pas du tout recommandés. L’utilisation topique (locale) d’ivermectine pourrait être une option thérapeutique (utilisée aux Etats-Unis). Le traitement de premier choix (en anglais first line treatment) est la diméticone. Lire aussi le dossier complet de Creapharma sur les poux

Comment expliquez-vous qu’aux Etats-Unis – pays le plus influent au monde pour la médecine –  les traitements physiques comme ceux à base de diméthicone ne sont presque jamais mentionnés par les médias grand publics (ex. CBSNews) ? Autrement dit, comment expliquez-vous ces différences régionales ?
Aux Etats-Unis les traitements physiques commencent à être utilisés. Particulièrement dans une clinique appelée Lice Clinics of America. Dans ces cliniques, ils utilisent le dispositif AirAllé approuvé par la FDA en combinaison avec un traitement au diméticone. C’était d’ailleurs une question du congrès sur les poux à à Brno, savoir comment les recommandations américaines (US Guidelines) pourraient être influencées pour informer sur les recommandations définies. Je pense que ces informations sur les produits chimiques sont basées sur des raisons commerciales.

Dans l’interview accordée sur ce même sujet à Creapharma.ch en 2016, vous expliquiez que si un enfant a des poux il doit aller à l’école. Mais si je comprends bien il peut retourner à l’école seulement après avoir reçu un traitement anti-poux ? Pour mieux comprendre, prenons un exemple. Le lundi soir un parent découvre des poux sur la tête de l’enfant mais il ne dispose pas de traitement à la maison. Par conséquent, le mardi est-ce que l’enfant doit aller à l’école ou c’est mieux s’il reste à la maison au moins le mardi matin et aller à l’école l’après-midi ou le mercredi après avoir reçu le traitement ?
Si des poux de tête sont détectés chez un enfant le lundi soir, ils étaient très probablement présents pendant la journée de lundi et aussi la semaine précédente. Cela n’a aucun sens de ne pas envoyer l’enfant à l’école, car une transmission a déjà pu avoir lieu. Idéalement, tous les parents d’une classe d’école devraient traiter simultanément les enfants concernés afin d’éviter un “effet ping-pong” (ndlr. passage des poux d’une tête à l’autre pendant l’année scolaire ou une partie de l’année scolaire).
Les parents ont dans ce cas 2 options :
A : Vous traitez votre enfant le mardi et informez l’école par la suite.
B : Vous informez d’abord l’école et discutez avec l’enseignant ou l’infirmière scolaire lorsque la classe est traitée (tous les parents vérifient ensuite les enfants le mercredi ou le samedi, par exemple, et les traitent immédiatement).
Une fois traité avec un remède efficace contre les poux de tête (utilisé en quantité suffisante), il n’y a plus de transmission des poux. Il faut savoir que les larves qui éclosent des œufs ne peuvent pas changer de tête, c’est-à-dire passer d’une tête à l’autre.

Pensez-vous que les parents (ou d’autres personnes qui prennent soin de l’enfant) devraient seulement rechercher des poux sur la tête de l’enfant et pas aussi des lentes comme recommandés par le passé ?
Il faut rechercher des poux. Toutefois, si l’on ne trouve que des œufs ou des lentes, on vérifie pendant 14 jours 2 fois par semaine, si des poux en sont issus (à l’aide d’un peigne à poux dans les cheveux humides). Ndlr. : si plus aucun pou n’est trouvé, il n’est pas nécessaire de commencer un traitement.
Dans notre dossier complet sur les poux dans la rubrique Traitements vous trouverez des informations détaillées

Première publication de cette interview le 23 août 2018 (version 1.0, à 16h26). Interview réalisée en juillet 2018 par e-mail en anglais et allemand par Xavier Gruffat (Dipl. Pharmacien EPF Zurich et Dipl. MBA).
Découvrez aussi l’entreprise de Dr Christina Ruob (Medinform.ch) ainsi que son site sur les poux en français et allemand (lausinfo.ch)
Sources : “The unbearable lightness of evidence informing public health policy to control endemic head lice” présentée lors du 6ème congrès de l’International Conference on Phthiraptera à Brno en République Tchèque en juin 2018.
Crédits photos: Fotolia.com, photo du poux en bas de Dr. Christina Ruob. Crédit infographie : Creapharma.ch (Pharmanetis Sàrl).

Inscrivez-vous à notre newsletter spéciale sur les poux, recevez les dernières informations

Pour en savoir plus : découvrez notre dossier complet mis à jour sur les poux

Sponsoring de l’interview :

Inscrivez-vous à notre newsletter (gratuit)     Lire aussi :
Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 27.08.2018
Publicité