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Mieux comprendre l’inflammasome – une «machine moléculaire» qui pourrait aider à soigner des maladies comme Alzheimer et la goutte

BRISBANEUne découverte de l’Université de Queensland (UQ) en Australie pourrait s’avérer fondamentale pour arrêter les dommages provoqués par une inflammation incontrôlée dans des maladies fréquentes comme Alzheimer, la stéatose hépatique ou la goutte. Le professeur agrégé Kate Schroder de l’UQ a découvert que les inflammasomes fonctionnent avec un interrupteur de type minuterie intégré lorsqu’ils activent le processus d’inflammation. Creapharma.ch a eu la chance de pouvoir interroger la Prof. Schroder. 

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Inflammasome 

Un inflammasome est un complexe composé de plusieurs protéines, comme par exemple la capsase. Comme le relève la Prof. Kate Schroder dans une vidéo de présentation de l’étude, un inflammasome est une « machine moléculaire » appartenant au système immunitaire qui se forme lorsque des cellules détectent des perturbations comme une infection ou une blessure. La fonction de cet inflammasome (photo ci-dessous) est d’informer le système immunitaire pour résoudre ces perturbations.

Maladie d’Alzheimer 

Si cet inflammasome active à tort le système immunitaire des problèmes peuvent survenir avec l’apparition de maladies inflammatoires comme la goutte ou neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Autrement dit, si l’inflammasome n’est pas arrêté ou détruit au moment opportun, les conséquences sur la santé peuvent être sérieuses. Interrogée par Creapharma.ch sur l’influence des inflammasomes dans la maladie d’Alzheimer, la Prof. Schroder précise : « Dans la maladie d’Alzheimer, les plaques amyloïdes activent les inflammasomes dans les cellules microgliales, déclenchant des réponses inflammatoires qui empêchent l’élimination de l’amyloïde par les cellules immunitaires. Il s’en suit un cercle vicieux où l’amyloïde continue à déclencher des inflammasomes et des réponses inflammatoires, et l’inflammation empêche l’élimination de l’amyloïde, et favorise en fait la propagation de l’amyloïde dans le cerveau. Alors que dans le même temps, l’inflammation provoque des dommages collatéraux, conduisant éventuellement à la neurodégénération. La voie inflammasome semble donc être la clé du processus pathologique. »

La vidéo ci-dessous donne davantage d’informations sur le rôle des inflammasomes dans la maladie d’Alzheimer
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=NGCizh9DXbc[/embedyt]

Destruction

Jusqu’à présent les scientifiques avaient compris comment cet inflammasome se construisait mais pas comment il se détruisait. Grâce à leur étude, les scientifiques australiens ont désormais réussi à mieux comprendre par quelle façon l’inflammasome se désintégrait en particulier dans des cellules saines. Ils sont désormais en train d’effectuer des recherches sur ces inflammasomes sur des cellules malades.

La Prof. Schroder explique dans un communiqué de l’étude : « Si la perturbation ne peut pas être éliminée, comme dans le cas des plaques amyloïdes dans la maladie d’Alzheimer, ces machines moléculaires (ndlr. inflammasomes) continuent à agir, ce qui entraîne des dommages neurodégénératifs liés à cette inflammation continue. »

Minuterie et ciseau

Dans les cellules saines, les inflammasomes se désintègrent automatiquement après une certaine durée fonctionnant comme une minuterie (timer en anglais). Au niveau moléculaire, la Prof. Schroder illustre le mécanisme : « L’inflammasome initie le processus de l’inflammation en activant une protéine qui fonctionne comme une paire de ciseaux, et se coupe lui-même et d’autres protéines. » Elle précise : « Ce que nous avons découvert, c’est qu’après une période de temps, cette protéine se coupe ou partage une seconde fois pour éteindre la voie inflammatoire, donc si nous pouvons modifier ce système, nous pouvons être en mesure de stopper manuellement la maladie. »

Stéatose hépatique

L’équipe de la Prof. Schroder a commencé à étudier l’inflammasome dans la stéatose hépatique, une maladie en forte augmentation en raison de l’incidence mondiale croissante d’obésité et de diabète. La professeur de l’université du nord-est de l’Australie explique les risques de la maladie : « Chez certains patients atteints de cette maladie, le foie devient de plus en plus gras et enflammé, ce qui peut conduire à une cirrhose – qui peut nécessiter une transplantation du foie – ou même un cancer du foie. »

Goutte

Creapharma.ch a demandé à la Prof. Schroder si l’inflammasome dans la goutte jouait un rôle important dans l’apparition de la douleur, voici sa réponse : «La goutte est causée par des cristaux d’urate monosodique, qui déclenchent une réaction inflammatoire dans les articulations en activant l’inflammasome NLRP3 dans les cellules immunitaires. Les crises aiguës de goutte sont traitées très efficacement en utilisant des médicaments qui bloquent la voie de l’inflammasome (par exemple avec l’anakinra – nom de marque Kineret®). Alors oui, l’inflammasome est une voie centrale de la physiopathologie de la goutte.»

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Start-up

Des composés pour bloquer l’inflammasome ont été développés par des chercheurs de l’Université du Queensland, y compris par la Prof. Schroder, et sont commercialisés par la startup Inflazome Ltd. Le communiqué de presse ne précise pas si ces composés sont déjà disponibles sur le marché, comme en Australie par exemple. Creapharma.ch a posé la question à l’Université du Queensland, la Prof. Schroder, qui nous a répondu que pour le moment ces composés étaient en phase de développement et n’étaient par conséquent pas encore disponibles sur le marché.

Cette étude a été publiée le 6 février 2018 le dans le journal scientifique Journal of Experimental Medicine (DOI: 10.1084/jem.20172222).

Vidéo explicative :
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=-FNFZ9F1eB4[/embedyt]

Article mis à jour le 15 février 2018. Par Xavier Gruffat (Pharmacien). Sources : communiqué de presse de l’étude, Wikipedia.org (en anglais), interview réalisée par e-mail en février 2018 en anglais avec la Prof. Schroder. Référence : Journal of Experimental Medicine (DOI: 10.1084/jem.20172222).
Crédit photo : Université de Queensland (University of Queensland)

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 16.02.2018
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