Les personnes qui resalent souvent leurs plats sont plus susceptibles de développer un cancer de l’estomac. Une étude à long terme de l’université autrichienne MedUni de Vienne a montré pour la première fois que ce risque se reflète également dans les statistiques européennes sur le cancer.
Comme le montre l’analyse publiée en avril 2024 dans la revue spécialisée Gastric Cancer (DOI : 10.1007/s10120-024-01502-9), les personnes qui resalent souvent leurs plats sont 39% plus susceptibles de développer un cancer de l’estomac que celles qui n’utilisent pas de salière à table. Le lien entre la consommation de sel et le cancer de l’estomac a déjà été établi dans les pays asiatiques.
Les données de plus de 470’000 adultes de la vaste étude de cohorte britannique UK-Biobank ont été analysées, comme l’a indiqué l’université MedUni de Vienne dans un communiqué de presse.
Les réponses à la question « A quelle fréquence resalez-vous vos repas ? » ont été recueillies entre 2006 et 2010 au moyen d’un questionnaire. L’équipe de recherche de Selma Kronsteiner-Gicevic et Tilman Kühn du Centre de santé publique de MedUni a comparé les résultats de l’enquête avec l’excrétion de sel dans l’urine et avec les données des registres nationaux du cancer.
Une base pour des mesures
« Notre travail de recherche met en évidence le lien entre la fréquence de l’ajout de sel et le cancer de l’estomac, même dans les pays occidentaux », a été cité par Mme Kronsteiner-Gicevic. « Avec notre étude, nous voulons faire prendre conscience des effets négatifs d’une consommation extrêmement élevée de sel et fournir une base pour des mesures de prévention du cancer de l’estomac », a résumé Tilman Kühn, responsable de l’étude.
« Nos résultats ont également résisté à la prise en compte de facteurs démographiques, socio-économiques et de style de vie, et se sont avérés tout aussi valables pour les comorbidités prédominantes », a ajouté Mme Kronsteiner-Gicevic, autrice principale de l’étude.
Cancer de l’estomac
Dans la liste des types de cancer les plus fréquents dans le monde, le cancer de l’estomac occupe la cinquième place. Le risque de cette maladie tumorale augmente avec l’âge, mais les dernières statistiques dressent un tableau inquiétant d’une augmentation chez les adultes de moins de 50 ans. Les facteurs de risque sont la consommation de tabac et d’alcool, l’infection par la bactérie Helicobacter pylori, le surpoids et l’obésité. Le fait qu’une alimentation très salée augmente le risque de cancer de l’estomac a déjà été prouvé dans des études portant sur des groupes de population asiatiques, qui consomment fréquemment des aliments conservés dans le sel, du poisson fortement salé ou des marinades et des sauces extrêmement salées. « Notre étude montre le lien entre la fréquence du sel ajouté et le cancer de l’estomac dans les pays occidentaux également », explique Selma Kronsteiner-Gicevic.
Cancer redoutable
Le taux de survie à 5 ans du cancer de l’estomac aux Etats-Unis est d’environ 36%. Il y a d’importantes différences entre le stade et la localisation de la maladie. Si le cancer est localisé le taux de survie à 5 ans est de 75% mais chute à 7% en cas de présence de métastases1.
Le 8 mai 2024. Sources : Keystone-ATS en allemand – avec notre partenaire Pharmapro.ch, communiqué de presse de l’étude en anglais (via Eurekalert.org). Contrôle traduction et rédaction : Xavier Gruffat (pharmacien).
Références scientifiques et bibliographie :
- American Cancer Society, article du 17 janvier 2024, site accédé par Creapharma.ch le 8 mai 2024
