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Covid-19 : les lymphocytes T pourraient amplifier l’immunité, en plus des anticorps (étude)

SINGAPOUR La production d’anticorps chez des personnes atteintes par la Covid-19 au début de l’infection a été très médiatisée ces derniers mois. En effet, il existe sur le marché de nombreux tests de détection d’anticorps, appelés aussi tests sérologiques. Les anticorps garantissent effectivement une immunité surtout quelques semaines après la première infection mais plusieurs études ont montré que le taux d’anticorps diminue de façon significative déjà deux à trois mois après l’infection. Les scientifiques doutent ainsi d’une protection à long terme, déjà après 3 ou 6 mois, par les anticorps. Autrement dit, une deuxième infection paraît possible. Cela remet aussi en cause le développement d’un vaccin efficace contre la Covid-19. Mais la bonne nouvelle est que le système immunitaire ne repose pas seulement sur des défenses immédiates par des anticorps mais aussi sur des lymphocytes T, on parle aussi de défense humorale (liquide). Cette défense par lymphocytes pourrait durer des années, voire même presque 20 ans. Remarquons que les lymphocytes T mènent aussi indirectement à la production d’anticorps pour une défense quasi complète.

Nouvelle étude

Dans une étude publiée le 15 juillet 2020 dans le journal scientifique Nature (référence en bas de l’article), les chercheurs ont noté que des patients infectés il y a 17 ans par le virus SARS (pas le SARS-CoV-2 à l’origine du Covid-19) présentaient presque 20 ans plus tard encore une réponse immunitaire par les lymphocytes T (ou cellules T, en anglais T cells), la lettre T vient rappeler qu’ils sont produits dans le thymus, situé derrière le cou. Les scientifiques ont aussi observé une réponse immunitaire des lymphocytes T dite croisée envers le SARS-CoV-2 et d’autres coronavirus à l’origine du rhume ou du refroidissement (plus d’informations ci-dessous). Comme le relève l’article dans Nature, peu d’informations sont connues sur la mémoire des lymphocytes T et sa présence dans l’organisme à reconnaître le SARS-CoV-2. L’étude a été menée par des scientifiques de Singapour et notamment de la Duke-NUS Medical School.

Réponse chez tous les participants (Covid-19) et réactions croisées

Cette étude a pris en compte 26 personnes qui ont souffert de Covid-19. Les scientifiques ont trouvé chez chacun des participants des lymphocytes T (de type CD4 et CD8) reconnaissant les structures présentes sur le virus SARS-CoV-2. L’étude a aussi inclus 23 patients atteints du virus du SARS au début des années 2000, il a également été observé des lymphocytes avec une mémoire de longue durée tout comme pour le SARS-CoV-2. De plus, les scientifiques ont analysé les lymphocytes T de 37 personnes qui n’ont pas présenté de symptômes, probablement elles n’ont jamais été infectées autant pour le SARS (le premier au début des années 2000) que SARS-CoV-2 (2019 et 2020), et ont découvert que 19 participants avaient des lymphocytes T réagissant de façon positive à ces deux virus SARS. On parle dans ce cas de probables réactions croisées. Il se peut que ces personnes aient développé une réponse immunitaire par lymphocytes T contre les coronavirus à l’origine du rhume ou refroidissement. Cela pourrait expliquer pourquoi certaines personnes contaminées par un virus SARS ne présentent pas de symptômes graves. Cette étude est un espoir pour l’arrivée prochaine d’un vaccin efficace notamment dans la durée contre la Covid-19.

Réponse immunitaire par les lymphocytes T (puis mémoire)

La réponse immunitaire par lymphocytes T repose sur le fait, pour simplifier, que lorsque le virus rentre dans l’organisme il est absorbé par certaines cellules et notamment les phagocytes. Un fragment du virus appelé antigène est présenté à la surface de la cellule. Cela attire ensuite les lymphocytes T qui viennent se fixer à la cellule présentant l’antigène. Les lymphocytes T déclenchent ensuite une inflammation avec production de cytokines et perforines indiquant que l’organisme doit lutter contre une attaque (ici virale). Les cytokines et perforines ont aussi comme objectif de tuer les cellules infectées par les virus. Il y a aussi une stimulation de lymphocytes B qui produisent des anticorps. Cela signifie que cette défense immunitaire par lymphocytes T peut aussi mener à la production d’anticorps, même si de façon plus indirecte. Il existe dans l’organisme des millions de lymphocytes T dits naïfs (naive en anglais) qui circulent prêts à rencontrer l’agent infectieux comme un virus et se dédier à lutter contre. Ensuite, lorsque ces lymphocytes rencontrent une nouvelle fois l’agent infectieux, ils sont prêts à le détruire. Ces lymphocytes T portent le nom de lymphocytes T mémoire.

Lire aussi : Même dans les cas les plus graves, l’organisme lance des cellules immunitaires contre le Covid-19 (étude)

Le 18 juillet 2020. Par Xavier Gruffat (Pharmacien). Sources : Folha de S.Paulo, The Salt Lake Tribune. Référence étude : Nature (DOI : 10.1038/s41586-020-2550-z). Le Bert, N., Tan, A.T., Kunasegaran, K. et al. SARS-CoV-2-specific T cell immunity in cases of COVID-19 and SARS, and uninfected controls. Nature (2020). 

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 19.07.2020
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