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Hépatite E

Définition

L’hépatite E est une maladie virale transmissible à l’homme rare en Europe mais relativement fréquente dans le monde comme en Asie et Afrique (lire aussi ci-dessous sous Epidémiologie). Chez l’homme, elle se manifeste par une hépatite souvent asymptomatique et habituellement bénigne qui se résout généralement en quelques semaines. Toutefois, chez des personnes avec un système immunitaire fragile, l’hépatite E peut parfois s’avérer mortelle comme l’a montré une étude présentée lors d’un congrès sur le foie qui s’est tenu à Paris en avril 2018 (The International Liver Congress). Cette étude a aussi montré que dans certains cas plus rares, l’hépatite E peut être mortelle chez des personnes qui ne sont pas immunodéprimées. L’hépatite E, comme l’hépatite A, est une maladie aiguë et non chronique (comme peuvent l’être les hépatites B, C et D).
L’hépatite est une zoonose, c’est-à-dire qu’elle peut être transmise d’un animal infecté comme le porc vers l’homme.

La journée mondiale de l’hépatite (ou des hépatites) a lieu le 28 juillet.

Epidémiologie

Chaque année, l’OMS estimait en 2020 qu’il se produit 20 millions d’infections par le VHE dans le monde, ce qui entraîne, selon les estimations, 3,3 millions de cas symptomatiques d’hépatite E.

Certains pays d’Asie comme l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh ainsi que d’Afrique sont particulièrement touchés par cette infection. Des problèmes d’hygiène avec notamment des systèmes d’égout qui manquent ou déficients sont probablement responsables de ces cas d’hépatite E.

En Suisse, une personne sur cinq a déjà été infectée par le virus de l’hépatite E, notamment via la consommation de viande de porc ou de gibier insuffisamment cuite1.

Taux de mortalité
Le taux global de mortalité de l’hépatite E est d’environ 1%. Il est bien plus élevé chez les femmes enceintes, environ 30% (lire davantage ci-dessous sous Complications).

Causes et transmission

Virus :
L’hépatite E est provoquée par un virus, le virus de l’hépatite E – VHE (en anglais hepatitis E virus ou HEV). Le virus n’a pas d’enveloppe.
4 différents génotypes 
Le VHE est présent partout dans le monde. On sait qu’il existe au moins 4 génotypes différents du virus de l’hépatite E (VHE).
Génotypes 1 et 2 :
Les génotypes 1 et 2 ne circulent que chez l’être humain et entrent dans l’organisme humain par voie fécale-orale, principalement par de l’eau contaminée. Ces génotypes sont surtout présent dans certaines régions d’Asie, d’Afrique ou du Mexique2.
Génotypes 3 et 4 :
– En Europe et d’autres pays industrialisés, la contamination provient notamment des génotypes 3 et 4 qui représentent des virus zoonotiques infectant notamment le porc et le gibier (sanglier et cerf). Ces hépatites avec les génotypes 3 et 4 sont responsables d’une hépatite sporadique, transmise localement (infection du foie) ; il s’agit d’une transmission zoonotique (d’une autre espèce animale à l’espèce humaine).

Facteurs génétiques :
Des scientifiques suisses ont identifié des facteurs génétiques impliqués dans l’hépatite E, selon une étude publiée dans la revue Hepatology3. En comparant le génome de personnes asymptomatiques à celui de patients atteints de graves symptômes, les scientifiques ont identifié des variants au sein de gènes impliqués dans la réponse à l’infection. L’étude constitue la première démonstration claire du rôle de la génétique de l’hôte, selon les auteurs.

Transmission :
– Comme on l’a vu, dans les pays industrialisés, la transmission à l’homme est principalement due à la consommation d’aliments à base de foies crus de porcs ou de sangliers, contaminés par le virus de l’hépatite E (génotypes 3 et 4) mais aussi avec des moules crues ou trop peu cuites.
– Dans les pays en voie de développement, la transmission du virus de l’hépatite E (génotypes 1 et 2) repose surtout sur la voie fécale-orale avec notamment de l’eau contaminée.
– Une contamination par transfusion sanguine est aussi possible mais plus rare.

Période d’incubation : 
La période d’incubation moyenne est de 40 jours (médiane).

Contagiosité :
La durée de la contagiosité n’est pas clairement établie.

Symptômes

Dans la grande majorité des cas la maladie (infection) est asymptomatique, c’est-à-dire que le virus est présent notamment dans les selles mais la personne ne manifeste aucun symptôme (asymptomatique). Le milieu médical estime que plus de 90% des infections sont asymptomatiques et que la plupart des personnes concernées guérissent sans traitement4Agence de presse suisse Keystone-ATS, avec notre partenaire Pharmapro.ch qui est client de l’agence. Le 24 janvier 2022/efn_note].

Si symptômes présents
Toutefois, si les symptômes sont présents on peut noter une grande fatigue, des troubles digestifs (douleurs abdominales), de la jaunisse (ictère), une perte d’appétit et parfois de la fièvre. De plus, une urine foncée et des selles décolorée peuvent apparaître.
Des signes atypiques de la maladie ont été décrits, comme une série de manifestations neurologiques, pour la plupart temporaires5Agence de presse suisse Keystone-ATS, avec notre partenaire Pharmapro.ch qui est client de l’agence. Le 24 janvier 2022/efn_note].
Remarques : 
Selon le site suisse de référence Pharmavista.ch, les hommes de plus de 50 ans sont plus à risque de développer une hépatite E avec des symptômes, surtout en cas d’hépatopathie chronique sous-jacente.

Diagnostic

Un test sanguin permet en général de diagnostiquer l’hépatite E grâce à une identification des anticorps. Il existe aussi un test à utiliser au niveau des selles identifiant du matériel génétique du virus de l’hépatite E. De plus, l’ARN viral du virus peut être mis en évidence par PCR, dans la même logique que les tests PCR pour identifier le virus à l’origine de la Covid-19 (SARS-CoV-2).
En 2017, une étude réalisée par la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health a montré qu’un test basé sur la salive avait presque la même efficacité qu’un test sanguin. Ce travail de recherche a été publié en juillet 2017 dans le journal scientifique Journal of Immunological Methods. En 2017, ce test basé sur la salive n’était pas encore disponible sur le marché, comme l’ont informé les chercheurs américains.

Complications

Des formes graves peuvent être observées chez les femmes enceintes, les personnes immunodéprimées (surtout les transplantés) et les personnes présentant déjà une maladie du foie.

Cas chroniques
Chez certains patients immunodéprimés (comme ceux souffrant du SIDA ou transplantés), le virus de l’hépatite E a la capacité de devenir chronique, comme l’a relevé le Dr Tongai Maponga de la Stellenbosch University en Afrique du sud dans un communiqué de presse de cette université le 27 juillet 2017. Chez les patients immunodéprimés une cirrhose peut se développer rapidement.

Femme enceinte
Chez la femme enceinte l’hépatite E peut évoluer vers une insuffisance hépatique aiguë. Si une femme enceinte est infectée par le virus de l’hépatite E, le taux de mortalité est d’environ 30%. Les scientifiques ignorent pourquoi ce taux est si élevé. Par comparaison, le taux global de mortalité de l’hépatite E est d’environ 1%.

Maladies neurologiques 
D’autres complications rares de l’hépatite E peuvent être l’apparition de maladies neurologiques comme le syndrome de Guillain-Barré.
Le syndrome de Parsonage-Turner (PTS) est une autre complication possible de l’hépatite E. Ce syndrome touche soudainement et brutalement le système nerveux et entraîne de fortes douleurs dans un membre supérieur ou au niveau des cervicales, suivie d’une paralysie partielle qui peut durer plusieurs mois.

Traitements (médicaments)

Une infection avec ce virus guérit de façon spontanée et sans avoir besoin de médicaments dans la majorité des cas. Néanmoins et comme l’informe le site suisse Pharmavista.ch chez les patients transplantés, la prévalence d’une hépatite E chronique est estimée entre 1 et 3%.

Vaccin
En Chine, il existe un vaccin pour prévenir l’hépatite E (vaccin recombinant HEV 239 ou Hecolin). Selon le site Pharmavista.ch et l’OMS, ce vaccin n’était pas disponible dans un autre pays que la Chine en décembre 2017.

Bons conseils

– Les personnes immunosupprimées ou souffrant d’une maladie hépatique, les personnes âgées, les personnes enceintes et les enfants devraient renoncer à manger des produits à base de viande de porc ou de sanglier crus ou cuits de manière insuffisante. Pour empêcher tout risque d’hépatite E, il est recommandé de bien cuire les produits carnés avant de les consommer.

Ressources :
– Découvrez une carte réalisée par l’EPFL en 2019 (le lien était valable en janvier 2022, date de mise à jour de ce dossier) qui montre les zones à risque de l’hépatite E dans le monde : http://hevepidemics.com/datasetmap.html#2/5.0/18.9

– Plus d’informations sur l’hépatite E sur la page complète de l’OMS

Sources & Références :
Ministère de la Santé & des Sports – Paris, Pharmavista.net (consulté le 2 novembre 2016 et 20 décembre 2017), communiqué de presse de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health (juillet 2017), communiqué de presse de la Stellenbosch University en Afrique du Sud (juillet 2017), OMS (aide-mémoire sur l’hépatite E), communiqué de presse lors d’un congrès sur le foie qui s’est tenu à Paris en avril 2018 (The International Liver Congress), EPFL, Keystone-ATS.

Dernière mise à jour : 
18.12.2023

Rédaction : 
Xavier Gruffat (pharmacien)

Lire aussi notre dossier complet sur l’hépatite A et hépatites en général.

Comment traduit-on l’hépatite E dans d’autres langues ?
  • Anglais : Hepatite E
  • Allemand : hepatite E
  • Italien : hepatite E

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Agence de presse suisse Keystone-ATS, avec notre partenaire Pharmapro.ch qui est client de l’agence. Le 18 décembre 2023
  2. Site suisse de référence Pharmavista.ch (anciennement Pharmavista.net) en décembre 2017 et Keystone-ATS le 24 janvier 2022
  3. Agence de presse suisse Keystone-ATS, avec notre partenaire Pharmapro.ch qui est client de l’agence. Le 18 décembre 2023

Lire aussi :


Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 18.12.2023
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