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Le régime méditerranéen associé à une diminution du risque de démence (étude)

Une nouvelle grande étude a montré que l’adoption d’un régime alimentaire traditionnel de type méditerranéen – notamment riche en fruits, noix, légumes, fruits de mer, céréales complètes et en graisses saines comme l’huile d’olive – peut contribuer à réduire de près d’un quart le risque de démence. La principale démence est la maladie d’Alzheimer. En 2020, dans le monde environ 50 millions de personnes souffraient d’une démence1. En effet, des scientifiques de l’université de Newcastle en Angleterre ont constaté que les personnes qui suivaient un régime de type méditerranéen avaient un risque de démence jusqu’à 23% inférieur à celui des personnes qui n’en suivaient pas. Cette étude a été publiée le 13 mars 2023 dans le journal scientifique BMC Medicine (DOI : 10.1186/s12916-023-02772-3). Il s’agit de l’une des plus importantes de ce type, les études précédentes s’étant généralement limitées à des échantillons de petite taille et à un faible nombre de cas de démence.

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Vaste étude, environ 10 ans de suivi

Les scientifiques ont analysé les données de 60’298 personnes issues de la UK Biobank, une vaste cohorte comprenant des personnes de tout le Royaume-Uni, qui avaient répondu à une évaluation de leur régime alimentaire. Les auteurs ont noté les individus en fonction de la mesure dans laquelle leur régime alimentaire correspondait aux principales caractéristiques d’un régime méditerranéen. Les participants ont été suivis pendant près de dix ans, au cours desquels 882 cas de démence ont été recensés.

Risque génétique pris en compte

Les auteurs ont pris en compte le risque génétique de démence de chaque individu en estimant ce que l’on appelle le risque polygénique – une mesure de tous les différents gènes liés au risque de démence. Le Dr Oliver Shannon, maître de conférences en nutrition humaine et vieillissement à l’université de Newcastle, a dirigé l’étude avec le professeur Emma Stevenson et le professeur David Llewellyn, coauteur principal. Des experts des universités d’Édimbourg, de l’UEA et d’Exeter au Royaume-Uni ont également participé à la recherche, qui s’inscrit dans le cadre du consortium NuBrain financé par le Medical Research Council.

Stratégie efficace

Le Dr Shannon a déclaré dans un communiqué de presse de l’étude : “La démence affecte la vie de millions de personnes dans le monde, et les possibilités de traitement de cette maladie sont actuellement limitées. “Trouver des moyens de réduire le risque de développer une démence est donc une priorité majeure pour les chercheurs et les cliniciens. “Notre étude suggère que l’adoption d’un régime alimentaire de type méditerranéen pourrait être une stratégie pour aider les individus à réduire leur risque de démence”, explique le scientifique britannique.

Aussi lors de risque génétique

Les auteurs ont constaté qu’il n’y avait pas d’interaction significative entre le risque polygénique de démence et les associations entre l’adhésion au régime méditerranéen. Selon eux, cela pourrait indiquer que même pour les personnes présentant un risque génétique plus élevé, une meilleure alimentation pourrait réduire la probabilité de développer la maladie. Ce résultat n’est pas cohérent dans toutes les analyses et les auteurs proposent de poursuivre les recherches pour évaluer l’interaction entre l’alimentation et la génétique sur le risque de démence. John Mathers, professeur de nutrition humaine à l’université de Newcastle, a déclaré : “La bonne nouvelle de cette étude est que, même pour les personnes présentant un risque génétique élevé, une meilleure alimentation réduit la probabilité de développer une démence. “Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires dans ce domaine, ces résultats renforcent le message de santé publique selon lequel nous pouvons tous contribuer à réduire notre risque de démence en adoptant un régime alimentaire plus proche de celui de la Méditerranée.

Limitations, mais études importante

Les auteurs précisent que leur analyse est limitée aux personnes qui ont déclaré être d’origine ethnique blanche, britannique ou irlandaise, car les données génétiques n’étaient disponibles que sur la base de l’ascendance européenne, et que des recherches supplémentaires sont nécessaires dans un éventail de populations pour déterminer les avantages potentiels. Ils concluent que, sur la base de leurs données, un régime méditerranéen riche en aliments sains d’origine végétale pourrait constituer une intervention importante à intégrer dans les futures stratégies de réduction du risque de démence.

Régime méditerranéen

Le Dr Janice Ranson, de l’université d’Exeter, co-auteur principal de l’article, a déclaré : “Les résultats de cette vaste étude basée sur la population soulignent les avantages à long terme pour la santé du cerveau d’un régime méditerranéen, riche en fruits, en légumes, en céréales complètes et en graisses saines”. Le terme ou concept de régime méditerranéen provient d’observations réalisées sur les habitudes alimentaires de certains peuples basés dans la région méditerranéenne comme la Grèce ou l’Italie. Après la 2ème guerre mondiale, des chercheurs ont observé une meilleure santé et une plus longue espérance de vie dans certaines régions méditerranéennes et notamment en Crête (Grèce), que dans d’autres endroits du monde. 

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Régime idéal

“L’effet protecteur de ce régime contre la démence était évident quel que soit le risque génétique d’une personne, et il est donc probable qu’il s’agisse d’un choix de vie bénéfique pour les personnes souhaitant faire des choix alimentaires sains et réduire leur risque de démence. “À l’avenir, les efforts de prévention de la démence pourraient aller au-delà des conseils généraux en matière d’alimentation saine et se concentrer sur l’aide à apporter aux personnes pour qu’elles augmentent leur consommation d’aliments et de nutriments spécifiques qui sont essentiels à la santé du cerveau.”

Autre étude, huile d’olive

Ce n’est pas la première étude qui montre l’intérêt de ce régime contre la démence et en particulier Alzheimer. Une étude publiée en 2016 dans la revue spécialisée Frontiers of Nutrition (DOI : 10.3389/fnut.2016.00022) a montré que le régime méditerranéen aidait à diminuer le déclin cognitif ainsi que l’apparition de la maladie d’Alzheimer et améliorait les fonctions cognitives. Pour arriver à ces conclusions, Roy Hardman et son équipe de la Swinburne University of Technology à Melbourne en Australie ont passé au crible 18 études publiées à ce sujet entre 2000 et 2015. Selon les chercheurs, l’effet sur la mémoire du régime méditerranéen était particulièrement significatif. Les scientifiques australiens relèvent aussi qu’il est possible de commencer à n’importe quel âge ce régime pour profiter d’un effet favorable sur les fonctions cérébrales. Interrogé par Creapharma.ch en 2016, Roy Hardman qui a mené cette étude relèvait que dans le régime méditerranéen l’huile d’olive extra-vierge est la principale source de graisse, ce qui s’avère important pour une bonne santé du cerveau. 

Lire aussi : 5 aliments pour prévenir Alzheimer

Le 14 mars 2023. Source pour étude principale : communiqué de presse de l’étude en anglais (via EurekAlert.org). Traduit et adapté par Xavier Gruffat (pharmacien). Autres sources mentionnées directement dans l’article.
Référence étude principale :
Mediterranean diet adherence is associated with lower dementia risk, independent of genetic predisposition: findings from the UK Biobank prospective cohort study. O Shannon et al. BMC Medicine.  DOI: 10.1186/s12916-023-02772-3

Références scientifiques et bibliographie :

  1. The Lancet (DOI : 10.1016/S0140-6736(20)30367-6), étude publiée en juillet 2020
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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 14.03.2023
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