Vaccin AstraZeneca/Oxford contre la Covid-19

Vaccin ChAdOx1-S – Vaxzevria (nom en Europe) :
Le vaccin développé par l’Université d’Oxford et le laboratoire pharmaceutique AstraZeneca est utilisé en prévention de la Covid-19, notamment dans la prévention de formes graves de la maladie. Le nom du vaccin est ChAdOx1-S. Depuis le 25 mars 2021, dans l’Union Européenne en tout cas le nouveau nom du vaccin est Vaxzevria1. Ce nouveau nom ne change rien au vaccin. 
Il s’agit d’un vaccin à vecteur viral, c’est-à-dire qu’il prend comme support un autre virus (adénovirus) qui a été transformé et adapté pour combattre la Covid-19.
A cause d’effets secondaires de thromboses, rares mais parfois mortels, le Danemark est le premier pays de l’Union Européenne à avoir complètement renoncé au vaccin AstraZeneca contre la Covid-19 à la mi-avril 2021.

Prise/Posologie :
Le vaccin AstraZeneca/Oxford est administré en deux doses en injection au niveau du bras, à 28 jours d’intervalle2. Cela dit, dans la pratique au Royaume-Uni, au lieu d’administrer les deux vaccins en un mois (28 jours) comme prévu initialement, les cliniciens britanniques attendront jusqu’à 12 semaines (3 mois) pour administrer une seconde dose aux personnes à vacciner, a déclaré le gouvernement britannique dans un communiqué à la fin 20203.
En France, la 2ème dose du vaccin est souvent injectée 9 à 12 semaines après la première dose.

Dans quels pays le vaccin a-t-il été enregistré ?
– Royaume-Uni : le 30 décembre 2020. Les premières injections du vaccin ont commencé le lundi 4 janvier 20214. Le 4 janvier 2021, quelque 520’000 doses de ce vaccin étaient prêtes à être distribuées, a indiqué le NHS britannique dans un communiqué.
– Argentine : le 30 décembre 2020
– Inde : le 3 janvier 2021
– Brésil : le 18 janvier 2021 (par l’Anvisa, l’autorité de contrôle des médicaments au Brésil)
– Union Européenne (UE) : le 29 janvier 2021 (par l’Agence européenne des médicaments ou EMA), attention suspendu dans certains pays (lire ci-dessous)
Remarques : on peut noter que le 31 mars 2021 (date de mise à jour de ce dossier par Creapharma.ch), les Etats-Unis et la Suisse n’avaient pas enregistré ce vaccin.
Suspension provisoire du vaccin puis reprise dans plusieurs pays :
Plusieurs pays ont suspendu le vaccin en mars 2021 à cause d’éventuels risques au niveau de la coagulation, par précaution. Mais la France a recommencé la vaccination dès le 19 mars 2021, après l’avoir suspendu quelques jours. D’autres pays ont aussi repris la vaccination comme l’Allemagne ou l’Italie.
En France la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande d’administrer le vaccin AstraZeneca (ChAdOx1-S) seulement aux personnes âgées de plus de 55 ans. A cause d’effets secondaires potentiellement graves (caillots sanguins), notamment chez les femmes avant la ménopause, observés en particulier en Norvège5.
Depuis fin mars 2021, l’Allemagne va réserver l’usage du vaccin AstraZeneca aux personnes âgées de plus de 60 ans après plusieurs cas de formation de caillots sanguins, ont annoncé mardi les ministères de la Santé régionaux et fédéral6.
Suspension totale au Danemark :
A cause d’effets secondaires de thromboses, rares mais parfois mortels, le Danemark est le premier pays de l’Union Européenne à avoir complètement renoncé au vaccin AstraZeneca contre la Covid-19 à la mi-avril 2021.

Efficacité du vaccin :
Selon des données divulguées en mars 2021 par AstraZeneca, l’efficacité du vaccin est de 76%. Cela signifie que ce vaccin permettait de prévenir les symptômes de la Covid-19 chez les personnes infectées dans 76% des cas. L’efficacité contre les cas graves et l’hospitalisation, comme presque tous les autres vaccins anti-Covid-19 était de 100% ou proche7.
Dans un article révisé par des scientifiques indépendants sur l’essaie clinique de phase 3, l’efficacité trouvée était de 70% chez des adultes âgés de moins de 55 ans résidant de 3 pays : Brésil, Royaume-Uni et Afrique du Sud8.
Le vaccin développé par AstraZeneca et l’Université d’Oxford est efficace à 75% contre le variant dit anglais ou britannique du virus à l’origine de la Covid-19, contre 84% avec les anciens variants9.

Conservation du vaccin :
Le vaccin AstraZeneca/Oxford peut être conservé à la température d’un réfrigérateur, soit entre 2° et 8° C.

Prix :
Une dose coûte environ 2,5 euros, beaucoup moins que les vaccins à ARN (ex. de Pfizer/BioNTech ou de Moderna).

Administration du vaccin (procédure) :
Les personnes recevant l’injection du vaccin devraient être maintenues sous étroite surveillance pendant au moins 15 minutes après son administration, en cas d’éventuelles réactions allergiques (lire aussi ci-dessous sous Effets secondaires).

Effets secondaires (liste non exhaustive) :
Effet secondaires possibles : allergies (parfois grave comme anaphylaxie), troubles de la coagulation ou risque de thrombose (effets très rares mais possibles, selon l’agence européenne des médicaments EMA).
Les effets secondaires du virus sont extrêmement rares à ce stade, selon les essais cliniques de phase 3. Sur les 23’754 volontaires qui ont participé à ces essais, seul un patient à qui ce vaccin a été administré a connu un “effet indésirable grave susceptible d’être lié” à cette injection, selon les données publiées dans The Lancet. Il s’agissait d’un cas de myélite transverse (une atteinte neurologique rare) qui avait motivé l’interruption temporaire de l’essai début septembre 2020.  
Toutefois, des cas de thromboses ont été observés mais ils sont aussi très rares. En date du 9 mars 2021, seulement 22 cas de thromboses avaient été signalés pour plus de trois millions de personnes vaccinées dans l’espace économique européen, selon l’agence européenne10.
Début avril 2021, les autorités sanitaires britanniques ont indiqué avoir constaté 19 décès de personnes ayant reçu le vaccin anti-Covid Oxford/AstraZeneca, sur un total de 79 cas de caillots sanguins identifiés, assurant que les bénéfices restaient supérieurs aux risques pour «la grande majorité» de la population. 

Comment fonctionne un vaccin à vecteur viral ?
Fonctionnement – Structure du virus du vaccin (simplification) :
Le vecteur utilisé dans ce vaccin est un adénovirus (virus du rhume) qui provoque des infections chez les chimpanzés. L’adénovirus a été génétiquement modifié de sorte qu’il est impossible qu’il provoque une infection chez l’homme. L’adénovirus qui agit comme vecteur (vaccin) est un virus à ADN, à la différence du SARS-CoV-2 à l’origine de la Covid-19 qui est à ARN.
Il faut savoir que le virus SARS-CoV-2 se fixe aux cellules humaines par la protéine S (Spike ou Spike glycoprotein). Cette protéine S se trouve à la surface SARS-CoV-2 (voir infographie ci-dessous).
Dans la fabrication du vaccin, le gène de la protéine S, un gène à ARN, est isolé du SARS-CoV-2, transformé en ADN puis inséré dans l’ADN de l’adénovirus atténué, le vecteur viral. Ensuite, le vecteur viral infecte tout d’abord la cellule humaine et délivre ensuite cet ADN au noyau de la cellule*. La cellule peut alors transcrire les gènes viraux (ADN) en ARNm en utilisant la même ARN polymérase que celle qu’elle utilise pour nos propres gènes. On peut dire que les gènes viraux utilisent la machinerie au niveau cellulaire mais n’ont pas besoin des gènes humains. Selon nos informations (cette vidéo d’un scientifique indien nous a aidé à y voir clair), les gènes viraux, même si présents dans le noyau, sont bien séparés physiquement des gènes humains (où est l’ADN). Après la transcription, l’ARNm est marqué pour pouvoir quitter le noyau et être transformé en protéine S (Spike protein) par la machinerie cellulaire, dans les ribosomes. L’organisme humain au niveau cellulaire va donc commencer à produire des protéines S qui vont se répandre notamment dans la circulation sanguine.
En réaction, le corps va finalement produire notamment des anticorps (le mécanisme est plus complexe) dirigés contre les protéines S. En cas d’infection par la suite par le SARS-CoV-2 (virus de la Covid-19), l’organisme va être capable grâce à son système immunitaire de se défendre contre le virus à l’origine de la Covid-19.
*Comme les virus utilisent un processus différent de celui des cellules humaines pour répliquer leur ADN, la cellule humaine elle-même ne peut pas non plus répliquer l’ADN viral. Cela signifie que le vecteur viral ne peut pas se répliquer (fabriquer plus de virus) ou provoquer une maladie2. L’ADN viral original de l’adénovirus ne perdure que quelques jours avant que la cellule ne les élimine. Cela empêche toute possibilité d’intégration de l’ADN viral à l’ADN humain.
Remarques :
– Cette méthode existe depuis les années 1980. Le vaccin à vecteur viral est considéré comme un vaccin sûr, sans risque d’effets secondaires graves. Le vaccin Ervebo contre Ebola (approuvé en 2019 par la FDA) du laboratoire Merck utilise cette technique de vecteur viral.

Sources :
AFP, Keystone-ATS, France 24, CNN.com, TV CNN, Le Figaro, The Wall Street Journal.

Rédaction :
Xavier Gruffat (pharmacien)

Dernière mise à jour :
14.04.2021

Références scientifiques et bibliographie :

  1. News du Figaro.fr, «Vaxzevria», un nouveau nom pour le vaccin AstraZeneca, le 30 mars 2021
  2. CNN.com, le 2 janvier 2021
  3. The New York Times, le 30 décembre 2020
  4. Keystone-ATS, le 4 janvier 2021
  5. Radio France Info, le 19 mars 2021
  6. News Keystone ATS, 31.03.2021
  7. The Wall Street Journal, édition imprimée, le 25 mars 2021
  8. Folha de S.Paulo, édition papier du 31 décembre 2020
  9. Communiqué de l’Université d’Oxford publié le vendredi 5 février 2021, suite à une étude clinique
  10. Article online du journal Le Figaro, se basant notamment sur des informations de l’AFP

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 14.04.2021
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