Anaphylaxie (choc anaphylactique)
Définition
Le choc anaphylactique, appelé aussi anaphylaxie, est la complication la plus grave d’une allergie. Il s’agit d’une réaction allergique systémique sévère et immédiate.
Le choc anaphylactique est redouté lors d’allergie alimentaire, médicamenteuse ou aux venins (essentiellement de guêpe, lire aussi ci-dessous sous Causes et Bons conseils).
Des signes d’un choc anaphylactique sont notamment chez un enfant un visage rouge, des lèvres gonflées, une gorge qui pique et une difficulté à respirer1.
A quel moment se déroule l’anaphylaxie ? Urgence
Dans la majorité des cas une anaphylaxie se déroule moins de 30 minutes après l’exposition à un agent sensible ou allergisant, parfois l’état de choc se manifeste 1 à 2 heures après le premier contact. Par conséquent, il s’agit la plupart du temps d’une situation d’extrême urgence à cause d’un risque de décès.
Rappel des téléphones d’urgences :
Suisse : 144
France : 15
Europe : 112
Canada-USA : 911
Epidémiologie
Selon des estimations citées par le site suisse aha! Centre d’Allergie Suisse, environ 10 habitants sur 100’000 subissent chaque année un choc allergique mettant leur vie en danger. Sur un million d’habitants, 1 à 3 personnes décèdent des suites d’une réaction allergique grave chaque année. En Suisse, cela représente chaque année entre 8 et 24 décès (la population de la Suisse est d’environ 9 millions d’habitants, en 2023).
Types d’allergie menant à un choc anaphylactique
– Chez les enfants, les aliments sont de loin la principale cause d’anaphylaxie (60%)2.
– Chez les adultes, les venins d’insectes sont la principale cause d’anaphylaxie (52%), suivis par les médicaments (22%).
Causes
Les principales causes du choc anaphylactique ou facteurs déclencheurs sont :
– Denrées alimentaires (ex. cacahuète – voir notre dossier sur l’allergie aux cacahuètes, noix, poisson ou fruits de mer). Lire aussi : Les 9 principaux aliments responsables pour plus de 90% des allergies alimentaires
– Piqûres d’hyménoptères (ex. guêpe, abeille, frelon – votre notre dossier sur les piqûres d’insecte)
– Médicaments (ex. certains antibiotiques)
Selon un article du site Pharmavista.ch publié en avril 2018, l’expérience montre qu’un quart des patients sont à nouveau confrontés au même facteur déclenchant ou un à un facteur déclenchant similaire en l’espace de quelques mois ou années.
Symptômes
Le choc anaphylactique peut provoquer une chute de tension très importante – caractérisée notamment par des vertiges, de la pâleur et des sueurs froides – voire mener jusqu’à une perte de conscience. L’anaphylaxie peut rapidement occasionner la mort par obstruction des voies respiratoires et une altération des voies circulatoires (défaillance cardiovasculaire).
Le site suisse aha! Centre d’Allergie Suisse explique plus en détail que les premiers signes d’une réaction anaphylactique possible sont :
– Démangeaisons et gonflement des paumes de la main ou des plantes des pieds, des paupières, de la muqueuse buccale, des lèvres ou de la langue. Ces démangeaisons sont souvent rouges, on parle aussi d’urticaires. L’urticaire ressemble à des piqûres d’ortie. Ces troubles au niveau de la peau sont en général les premiers symptômes à apparaître.
– Papules qui démangent (zones rouges, surélevées)
– Problèmes respiratoires, détresse respiratoire, quintes de toux (aussi toux sèche sifflante, notamment chez l’enfant), voix rauque.
– Troubles gastro-intestinaux : crampes abdominales, vomissements, diarrhée. Les troubles gastro-intestinaux apparaissent en général dans un 2ème temps, après les troubles de la peau comme l’urticaire.
– Vertiges importants, sensation de faiblesse, possible perte de connaissance surtout si la réaction allergique continue de se développer.
Le choc anaphylactique touche en général 4 systèmes d’organe : peau, voies respiratoires, tractus gastrointestinal et système cardiovasculaire3.
Stades selon la gravité
Le choc anaphylactique est subdivisé en plusieurs stades, en fonction du degré de gravité (de I à IV). Le stade IV étant le plus grave, avec par exemple un arrêt respiratoire et/ou un arrêt cardiaque.
Disparition des symptômes
Attention, parfois les symptômes peuvent disparaître suite à la prise d’un traitement efficace mais réapparaître des heures plus tard (1 à 48h), on parle d’évolution biphasique. Il est donc très important d’être suivi par un professionnel de la santé, si possible en milieu hospitalier.
Traitements
Tout patient qui a été victime d’une réaction allergique généralisée, quel que soit le degré de sévérité, devrait disposer de médicaments d’urgence – sous forme de trousse d’urgence (ou set d’urgence) – à prendre immédiatement en cas de récidive.
Trousse d’urgence
Le set d’urgence doit contenir : un antihistaminique, un corticostéroïde et, selon le degré de sévérité, de l’adrénaline (lire aussi ci-dessous).
Cette trousse d’urgence n’existe pas tel quel dans le commerce, en Suisse par exemple il doit être constitué par le pharmacien : par ex. 2 comprimés d’antihistaminique (lévocétirizine, cétirizine ou fexofénadine) et 1-2 comprimés de prednisone/prednisolone 50mg (selon les habitudes locales) pour un adulte ou un enfant de plus de 12 ans. Pour les enfants, la posologie doit être adaptée au poids corporel, conformément aux instructions du médecin. Pour les enfants en bas-âge, donner de préférence un antihistaminique en gouttes ou sirop et un corticoïde sous forme de comprimés hydrosolubles (Betnesol®). Un auto-injecteur d’adrénaline doit aussi faire partie de la trousse.
Que faire en cas de réexposition (récidive) ? – Trousse d’urgence
En cas de réexposition (par ex. nouvelle piqûre de guêpe), le patient devra prendre immédiatement, sans attendre une éventuelle réaction, précise le site suisse Pharmavista.ch :
– un antihistaminique H1 non sédatif à action rapide en prise orale (per os) : délai d’action minimum 30 minutes (ex. lévocétirizine, cétirizine ou fexofénadine).
– un corticostéroïde en prise orale (per os) : délai d’action per os de minimum 4 heures. Selon le site Pharmavista.ch, le corticostéroïde n’agit pas sur les symptômes aigus mais empêche les réactions retardées ou tardives liées à l’activation massive des mastocytes.
– après une réaction allergique généralisée sévère ou grave, un auto-injecteur d’adrénaline (appelée aussi épinéphrine) doit être en plus prescrit, et le patient doit être formé à la manipulation du dispositif. Selon les cas, un spray contre l’asthme peut également être prescrit. En Suisse, des auto-injecteurs d’adrénaline disponibles sur le marché sont notamment Epipen®, Jext® ou Emerade®. L’adrénaline doit être injectée par voie intramusculaire dans la face externe de la cuisse.
– un bronchodilatateur à inhaler et parfois d’autres médicaments contre l’asthme (ex. salbutamol), chez des patients asthmatiques.
Lire aussi notre dossier complet sur les allergies, notamment dans la partie Traitements sur la désensibilisation, un moyen de diminuer ou arrêter les allergies.
Oxygénothérapie et expansion volémique
Parfois une oxygénothérapie immédiate peut être conseillée, en cas de réactions cardiovasculaires ou pulmonaires manifestes4.
L’expansion volémique au niveau intraveineux doit parfois aussi être effectuée.
Bons conseils
– Après une première réaction allergique généralisée, il est toujours conseillé de se rendre chez un médecin allergologue. Il faut se rendre chez le médecin si possible dans les 4 semaines qui suivent l’allergie et maximum dans les 6 mois.
Trousse d’urgence
Lors d’allergie aux piqûres de guêpes ou d’allergie alimentaire grave, connue, il est essentiel de toujours avoir sur soi un stylo d’adrénaline (lire davantage sous Traitements ci-dessus). Les réactions allergiques dues à ce genre d’allergie sont très violentes et peuvent provoquer un choc anaphylactique, pouvant entraîner le décès si elles ne sont pas prises en charge rapidement. Il est conseillé de bien connaître le mode d’utilisation de ces stylos d’adrénaline. L’entourage proche devrait aussi le connaître, afin de pouvoir réagir rapidement. De plus, il est important de régulièrement contrôler la date de péremption de son stylo d’adrénaline. Ces derniers ont souvent des dates d’expiration assez courte. Demandez conseil à votre pharmacien ou médecin.
– Si vous allez à une fête avec un enfant ou un membre de la famille qui souffre d’allergies alimentaires, prenez avec vous au moins un plat qui peut être mangé par la personne allergique dans le cas où aucun aliment présent à la fête ne lui conviendrait.
– Faites attention aux allergies croisées. Par exemple, une protéine de cacahuète peut rester présente sur un gâteau ou une surface de travail jusqu’à 5 heures puis provoquer une grave réaction chez une personne allergique aux cacahuètes.
Lire aussi : allergie, allergie aux cacahuètes, rhume des foins
Sources & Références :
Pharmavista.ch (site suisse de référence sur les médicaments), Mayo Clinic, aha! Centre d’Allergie Suisse, Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG).
Rédaction du dossier :
Xavier Gruffat (pharmacien)
Date de dernière mise à jour :
31.05.2023
Références scientifiques et bibliographie :
- Hôpitaux Universitaires de Genève, site accédé le 1er mars 2021
- Article du journal édité par l’Université de Bâle (Suisse) : [email protected] (version française), Anaphylaxie et choc anaphylactique, édition no 10 de 2023, version du 31 mai 2023
- Article du journal édité par l’Université de Bâle (Suisse) : [email protected] (version française), Anaphylaxie et choc anaphylactique, édition no 10 de 2023, version du 31 mai 2023
- Article du journal édité par l’Université de Bâle (Suisse) : [email protected] (version française), Anaphylaxie et choc anaphylactique, édition no 10 de 2023, version du 31 mai 2023