Allergie alimentaire
Dernière révision : 07.02.2025
Auteurs : Xavier Gruffat, pharmacien – Seheno Harinjato, journaliste
Aperçu
L’allergie alimentaire implique principalement le système immunitaire, à la différence d’une intolérance alimentaire qui signifie que le système digestif a du mal à digérer (décomposer) un aliment (lire aussi sous Symptômes ci-dessous). Elle survient peu de temps après la consommation d’un aliment particulier. Même une infime quantité de l’aliment allergène peut déclencher des symptômes. Chez certaines personnes, l’allergie alimentaire disparaît avec l’âge.
Étiquettes
De plus en plus d’emballages d’aliments ou boissons à travers le monde mentionnent d’éventuels agents allergènes pour aider les patients allergiques aux aliments. Aux Etats-Unis, les fabricants doivent depuis l’année 20104 indiquer sur les emballages si 8 aliments sont présents ou non : arachide (cacahuète), noix (tree nuts), lait, oeufs, poisson, fruits de mer, blé (wheat) et soja.
Allergie au sésame
En novembre 2018, comme le relève un article du Wall Street Journal, il n’était pas obligatoire d’indiquer sur l’emballage aux Etats-Unis si un aliment ou boisson contenait ou non du sésame. Par contre au Canada et en Europe (UE), le sésame doit être mentionné s’il est présent dans l’aliment ou boisson. L’allergie au sésame peut être particulièrement agressive, comparée à d’autres allergies alimentaires. En 2016, une adolescente allergique est morte dans un avion suite à un choc anaphylactique, car elle avait mangé un sandwich à base de sésame dans un aéroport qui ne mentionnait pas le nom de cet aliment dans l’emballage.
Âge du diagnostic
Certaines formes d’allergie alimentaire comme l’allergie aux cacahuètes sont souvent diagnostiquées dans les premières années de vie et peut persister jusqu’à l’âge adulte.
Epidémiologie
Allergie alimentaire en général
Selon des estimations publiées en novembre 2018 qui ont pris en compte plus de 38’000 enfants, environ 5,6 millions d’enfants américains ou 8% des enfants souffrent d’allergie alimentaire. Ces chiffres proviennent de chercheurs du Children’s Hospital of Chicago qui ont publié leur étude le 19 novembre 2018 dans le journal scientifique Pediatrics (DOI : 10.1542/peds.2018-1235). Cette étude a aussi montré qu’un enfant sur 5 (20%) souffrant d’allergie alimentaire s’est rendu aux urgences l’année précédente.
Les allergies alimentaires les plus courantes aux États-Unis sont les arachides – touchant environ 1,6 million d’enfants – suivies des allergies au lait (1,4 million), aux fruits de mer (1 million), aux noix (900’000), aux œufs (600’000), aux poissons (400’000), au blé (400’000) et au soja (400’000). Le sésame (lire ci-dessous) était le neuvième allergène alimentaire le plus courant, touchant environ 150’000 enfants.
Etude de 2019
Une étude publiée le 4 janvier 2019 dans le journal scientifique JAMA Network Open (DOI : 10.1001/jamanetworkopen.2018.5630) a montré que 10,8% de la population américaine adulte souffre d’allergie alimentaire, cela représente plus de 26 millions d’Américains. C’est plus que d’autres études publiées par le passé. Environ la moitié de ces personnes allergiques a développé une nouvelle allergie alimentaire. L’allergie aux fruits de mer continue d’être de loin l’allergie alimentaire la plus fréquente chez les adultes, à la différence des enfants (la plus fréquente étant les arachides), avec environ 3,5 millions d’adultes allergiques.
Allergie aux cacahuètes
L’incidence de l’allergie aux cacahuètes est de 2% chez les enfants et de 1% chez les adultes. Aux Etats-Unis, l’allergie aux cacahuètes est la première cause de mort par allergies alimentaires suite à un choc anaphylactique, mais ce taux reste toutefois faible. Au Royaume-Uni, 5 à 8% des enfants britanniques souffrent d’une allergie alimentaire et jusqu’à un enfant sur 55 souffre d’une allergie aux arachides, selon les estimations de la Food Standards Agency.
Allergie au sésame (graines de sésame)
Aux Etats-Unis, environ 300’000 personnes – un peu moins de 1 pour mille de la population américaine – souffre d’allergie au sésame (graines de sésame), selon un article du Wall Street Journal publié en novembre 2018.
Causes (et facteurs de risque)
Lors d’une allergie alimentaire, le système immunitaire identifie par erreur un aliment ou une substance alimentaire spécifique comme étant nocif. En réponse, il déclenche la production par les cellules d’un anticorps appelé immunoglobuline E (IgE) pour reconnaître l’aliment ou la substance alimentaire à l’origine de l’allergie, appelé allergène.
A la prochaine fois que les anticorps IgE détecteront la moindre quantité de cet aliment, ils signaleront au système immunitaire de libérer une substance chimique appelée histamine, ainsi que d’autres substances chimiques dans la circulation sanguine. Ces substances chimiques provoquent des symptômes d’allergie.
Plusieurs aliments peuvent mener à des allergies alimentaires, les plus courants sont : oeuf, cacahuète (arachide), noisette, lait, poisson, crustacés comme crevettes (surtout chez les adultes, voir sous Epidémiologie ci-dessus), soja ou sésames.
Des possibles facteurs de risque pour les allergies alimentaires sont :
– Augmentation du nombre de césariennes (avec perturbation de la flore intestinale – microbiote- notamment) ;
– Utilisation excessive d’antibiotiques (également action possible sur les bactéries de la flore intestinale ;
– Âge. Les allergies alimentaires sont plus fréquentes chez les enfants, en particulier les tout-petits et les nourrissons. À mesure que les enfants grandissent, leur système digestif se développe et leur corps est moins susceptible de réagir aux composants alimentaires qui déclenchent des allergies ;
– Antécédents familiaux ;
– Asthme.
Le syndrome de l’intestin irritable pourrait être une forme d’allergie alimentaire1.
Symptômes
Les symptômes de l’allergie alimentaire peuvent varier d’une personne à l’autre et du type d’allergie. Par exemple, certains symptômes typiques de l’allergie à l’arachide, touchant notamment les nouveau-nés, sont de l’urticaire. Cette dernière peut être localisée au niveau de la bouche ou sur le reste du corps. Il est facile de confondre l’allergie alimentaire avec une réaction beaucoup plus courante qui est l’intolérance alimentaire. Bien que gênante, l’intolérance alimentaire est une affection moins grave qui n’implique pas le système immunitaire.
Les symptômes typiques d’une allergie alimentaire sont :
– douleurs abdominales ;
– diarrhée ;
– étourdissements, vertiges, nausées et vomissements ;
– rhinite ou crise d’asthme ;
– picotements ou démangeaisons dans la bouche ;
– urticaire, démangeaisons ou eczéma ;
– gonflement des lèvres, du visage, de la langue, de la gorge ou d’autres parties du corps ;
– respiration sifflante, congestion nasale ou difficulté à respirer.
Complications
Dans des cas graves mais heureusement rares, le personne allergique peut être souffrir d’un oedème de l’organe laryngé ou d’un choc anaphylactique. Cette complication peut se manifester par des symptômes tels :
– constriction et resserrement des voies respiratoires ;
– gorge gonflée ou sensation de boule dans la gorge qui rend la respiration difficile ;
– choc avec chute sévère de la pression artérielle ;
– pouls rapide ;
– étourdissements, vertiges ou perte de connaissance.
L’allergie alimentaire peut aussi provoquer une dermatite atopique, c’est-à-dire une réaction cutanée comme l’eczéma.
Diagnostic
Des tests spécifiques cutanés ou sanguins peuvent être effectués notamment par un médecin allergologue. Le but est notamment de rechercher des IgE spécifiques à l’allergie alimentaire.
Traitement
Allergie aux cacahuètes
Selon des recommandations publiées en mars 2018 dans le journal scientifique JAMA (DOI : , il faut introduire à un âge précoce (entre 4 et 11 mois de vie) la consommation d’aliments potentiellement allergènes comme les cacahuètes. Avant mars 2018, il était recommandé de consommer des aliments allergènes à un âge plus avancé. La consommation d’aliments allergènes a une fonction préventive et non thérapeutique.
Des études ont montré que les enfants qui consommaient des cacahuètes entre 4 et 11 mois avaient une prévalence de souffrir d’allergie à l’âge de 5 ans plus basse, en comparaison avec les enfants qui ont consommé des cacahuètes après l’âge de 5 ans.
Désensibilisation
La désensibilisation peut être parfois une méthode efficace, demandez conseil à votre médecin allergologue.
Antihistaminiques
En cas de réaction allergique mineure, des antihistaminiques peuvent être prescrits. Ces médicaments peuvent être pris après une exposition à un aliment allergène pour soulager les démangeaisons ou l’urticaire. Cependant, les antihistaminiques ne peuvent pas traiter une réaction allergique grave.
Auto-injecteur d’adrénaline
En cas de réaction allergique grave, il peut être nécessaire de se faire injecter de l’adrénaline en urgence et se rendre aux urgences. De nombreuses personnes allergiques portent sur elles un auto-injecteur d’adrénaline. Ce dispositif est une combinaison d’une seringue et d’une aiguille dissimulée qui injecte une dose unique de médicament lorsqu’elle est pressée contre la cuisse.
Il existe des traitements émergents comme l’omalizumab (Xolair) ou encore l’immunothérapie orale et l’immunothérapie sublinguale, mais il convient de prendre l’avis d’un professionnel de la santé pour mieux définir le traitement adapté.
Bons conseils & Prévention
– Regardez bien sur l’emballage si le produit contient un aliment pouvant provoquer des allergies.
– Lors d’allergie alimentaire grave, il est essentiel de toujours avoir sur soi un stylo d’adrénaline. Les réactions dues à ce genre d’allergie sont très violentes et peuvent provoquer un choc anaphylactique, pouvant entraîner le décès si elles ne sont pas prises en charge rapidement. Il est conseillé de bien connaître le mode d’utilisation de ces stylos d’adrénaline. L’entourage proche devrait aussi le connaître, afin de pouvoir réagir rapidement. De plus, il est important de régulièrement contrôler la date de péremption de son stylo d’adrénaline. Ces derniers ont souvent des dates d’expiration assez courte.
– Si vous allez à une fête ou dans un restaurant avec un enfant ou un membre de la famille qui souffre d’allergies alimentaires, prenez avec vous au moins un plat qui peut être mangé par la personne allergique dans le cas où aucun aliment présent à la fête ne lui conviendrait.
– Faites attention aux allergies croisées. Par exemple, une protéine de cacahuète peut rester présente sur un gâteau ou une surface de travail jusqu’à 5 heures puis provoquer une grave réaction chez une personne allergique aux cacahuètes.
– Introduisez les produits à base d’arachides assez tôt dans l’alimentation de votre enfant mais discutez avec son équipe de soins de santé du meilleur moment pour les proposer.
Lire aussi nos autres dossiers : allergies alimentaire, allergies
Sources & Références :
The Wall Street Journal, JAMA (DOI : 10.1001/jama.2018.0449), Pediatrics, JAMA Network Open (DOI : 10.1001/jamanetworkopen.2018.5630), The New York Times, Mayo Clinic, Cleveland Clinic.
Crédits photos :
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Historique de la révision médicale du dossier, auteurs et correcteurs :
– 07.02.2025 ( par Xavier Gruffat, pharmacien – Seheno Harinjato Razanamanga, journaliste)
– 23.08.2021 (par Xavier Gruffat, pharmacien – révision médicale complète du dossier)