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L’oxymètre de pouls plus utile que la fièvre dans le dépistage de la Covid-19 chez les personnes âgées (interview)

WASHINGTON – Les gens se sont habitués à ce que l’on prenne leur température pendant la pandémie, car la fièvre est un indicateur clé de la Covid-19. La professeur associée Catherine Van Son (photo ci-dessous) et la professeure adjointe de clinique Deborah Eti du Washington State University College of Nursing expliquent cependant dans un article que la prise de température est un indicateur moins efficace de l’infection chez les personnes âgées et qu’il est préférable d’utiliser un oxymètre de pouls à la place. Cet article a été publié le 3 mai 2021 dans Frontiers in Medicine (DOI : 10.3389/fmed.2021.660886) et indique que les températures de base sont plus basses chez les personnes âgées. Une température de base plus basse signifie qu’une fièvre peut être négligée en utilisant la définition standard des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) de 38,0 °C ou plus. Creapharma.ch a pu poser quelques questions à la Prof. Van Son.

Fièvre légère ou nulle

Selon l’article qui est au sens strict un commentaire (commentary en anglais) et pas une étude, plus de 30% des personnes âgées (en général plus de 65 ans) atteintes d’une infection grave ont une fièvre légère ou nulle. D’autres signes courants de la Covid-19 peuvent également être écartés et attribués au vieillissement, comme la fatigue, les douleurs corporelles et la perte du goût ou de l’odorat. La Prof. Van Son a expliqué dans un interview à Creapharma.ch que plusieurs facteurs peuvent entraîner une baisse de la température corporelle chez les personnes âgées. Par exemple, en vieillissant, on a tendance à perdre de la graisse sous la peau des bras et des jambes. De plus, la peau devient plus sèche ; ces deux changements entraînent une perte de chaleur corporelle. En outre, le métabolisme, qui génère également de la chaleur, a tendance à ralentir avec l’âge.

Hypoxie asymptomatique

En outre, certains patients atteints de la Covid-19 ne présentent aucun signe visible d’un faible taux d’oxygène, comme un essoufflement, alors que leur saturation en oxygène est inférieure à 90%. Cette hypoxie asymptomatique peut être associée à des résultats ou pronostics extrêmement médiocres. Creapharma.ch a demandé à la Prof. Van Son pourquoi cette hypoxie asymptomatique se déroulait parfois chez la personne âgée. Selon elle, il n’existe pas encore une réponse définitive, mais plusieurs scientifiques du monde entier s’efforcent de comprendre ce phénomène en lien avec la Covid-19. Ils réfléchissent notamment à la manière dont le virus affecte le système circulatoire, puis le système respiratoire. Ce qui est significatif, c’est que davantage de cliniciens évaluent ce phénomène, ce qui peut aider les patients à recevoir un traitement plus précoce et à obtenir de meilleurs pronostics.

L'oxymètre de pouls plus utile dans le dépistage de la Covid-19 chez les personnes âgées

Détection facile des changements de saturation en oxygène

Les professeurs Van Son et Eti affirment que l’utilisation d’oxymètres de pouls portables et peu coûteux devrait être envisagée à grande échelle dans le cadre des dépistages de la Covid-19 chez les personnes âgées, car ces appareils peuvent détecter les changements de saturation en oxygène sans autres indications d’infection. La détection de l’hypoxie asymptomatique est essentielle pour prévenir la progression de l’infection et initier un traitement d’après les auteurs. Des interventions plus précoces pourraient ainsi aider les patients à éviter des procédures hautement invasives et améliorer l’allocation des ressources rares en matière de soins de santé.

En France et Suisse, la fréquence de la surveillance par un oxymètre de pouls est d’au moins 3 fois par 24 heures, jusqu’au 14ème jour après le début des symptômes de la Covid-19 ou après la date du test positif si le patient est asymptomatique1.

Lire aussi :
Dossier complet sur l’oxymètre de pouls

Références & Sources :
Communiqué de presse en anglais de la Washington State University College of Nursing, adapté en français par l’équipe de Creapharma.ch, interview par Xavier Gruffat (pharmacien) avec la Prof. Van Son par e-mail en mai 2021.
Référence étude :
Frontiers in Medicine (DOI : 10.3389/fmed.2021.660886)

Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies)

Date de dernière mise à jour du dossier :
07.05.2021

Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2021 Pixaba, photo de la Prof. Catherine Van Son (divulgation).

Crédit infographie : 
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Pharmavista.ch, 7 mai 2021
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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 07.05.2021
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