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7 questions fréquentes sur les nouveaux médicaments contre l’obésité

Récemment, les agonistes des récepteurs du peptide-1 de type glucagon (GLP-1 RA) ont été identifiés comme l’intervention la plus prometteuse dans le traitement de l’obésité1. De grandes avancées ont été ainsi enregistrées dans le traitement du surpoids et surtout de l’obésité avec des médicaments comme le sémaglutide (Ozempic®, Rybelsus®, Wegovy®), le tirazépatide (Mounjaro®, aux Etats-Unis Zepbound®) ou le liraglutide (Victoza®, Saxenda®). Ces agonistes du GLP-1 pour le sémaglutide et le liraglutide ou des des agonistes doubles des récepteurs GIP et GLP-1 pour le tirazépatide, à l’origine développés pour traiter le diabète et toujours indiqués pour cette maladie, imitent notamment le sentiment naturel de satiété et agissent comme coupe-faim. Ils figurent parmi les médicaments les plus efficaces à ce jour pour la perte de poids. Cependant, ils sont chers, rares et ne conviennent pas à tout le monde. Voici 7 questions fréquentes posées autour de ces médicaments que nous allons essayer d’élucider à travers cet article.

1. Qu’est-ce qui distingue ces médicaments ?

Les médicaments anti-obésité récemment approuvés par la FDA appartiennent à une classe appelée agonistes des récepteurs du GLP-1 (GLP-1) pour le sémaglutide et le liraglutide. Ils imitent une hormone (glucagon-like peptide 1) qui aide l’organisme à ralentir la vidange de l’estomac, à contrôler la glycémie et à supprimer l’appétit, une combinaison qui entraîne une perte de poids. En imitant notamment le sentiment naturel de satiété, ils agissent ainsi comme coupe-faim.

De plus, ces médicaments réduisent également de manière significative le risque de décès dus aux maladies cardiaques, en particulier chez les patients diabétiques2tout en améliorant la capacité à faire de l’exercice et la qualité de vie. Ces médicaments peuvent même affecter le centre de récompense du cerveau3, c’est-à-dire la partie qui nous permet de manger notre part de gâteau au chocolat même si nous sommes déjà rassasiés. Ces médicaments semblent atténuer la réaction de récompense, ce qui peut également réduire les comportements addictifs tels que les envies d’alcool, de sucre et de nicotine, selon le Dr Apovian, interrogé dans le cadre de cet article publié par Harvard Medical School.

Le tirazépatide est un antidiabétique appartenant au groupe des agonistes doubles des récepteurs GIP et GLP-1, indiqué pour le traitement du diabète de type 2 et depuis novembre 2023 aux Etats-Unis contre l’obésité. Pour être précis, il s’agit d’un agoniste du récepteur du peptide insulinotrope dépendant du glucose (GIP) – on utilise aussi l’acronyme de aGIP – et du récepteur du peptide-1 apparenté au glucagon (GLP-1) – on utilise aussi l’acronyme de aGLP-14. Le tirazépatide mène à une très forte perte de poids, d’environ 20% du poids corporel (lire davantage ci-dessous pour les références sur les études). Il s’agit d’un médicament administré sous forme de solution injectable. Aux Etats-Unis, depuis le 8 novembre 2023 le médicament (avec le nom de marque Zepbound®) est approuvé par la FDA pour lutter spécifiquement contre l’obésité5.

2. Pourquoi utiliser des médicaments contre le diabète pour traiter le surpoids ?

Les trois médicaments contre l’obésité sous les noms de marque Ozempic®, Victoza® et Mounjaro® ont été à l’origine approuvés par la FDA pour traiter le diabète. Mais par la suite, les personnes qui les prenaient ont remarqué qu’elles perdaient beaucoup de poids. Des études comme celle publiée en juin 2023 dans The Lancet (DOI : 10.1016/S0140-6736(23)01127-3) ont plus tard confirmé cet effet et la FDA a fini par approuver les médicaments pour la perte de poids, sous de nouveaux noms de marque : Wegovy®, Saxenda® et Zepbound® (seulement aux Etats-Unis en janvier 2024). En cas de surpoids ou d’obésité, les médicaments sont généralement prescrits à des doses plus élevées que leurs équivalents pour le diabète.

3. Comment prendre ces médicaments ?

La plupart de ces nouveaux médicaments se présentent sous la forme d’injections quotidiennes ou hebdomadaires. Ils sont placés dans un stylo injecteur comme un EpiPen pour une réaction allergique et il suffit de le presser contre l’abdomen ou le cuisse.

Le semaglutide (Rybelsus®) est également disponible sous forme de pilule. Il est approuvé par la FDA et d’autres agences de médicaments (ex. Swissmedic, EMA) pour le traitement du diabète, mais pas encore pour la perte de poids. Plusieurs autres formulations de comprimés sont en cours d’essai.

4. Faut-il craindre des effets secondaires ?

Les formulations anti-obésité et diabète ont toutes deux des effets secondaires potentiels. Les effets secondaires les plus courants sont la fatigue, les nausées, les vomissements et la constipation. Le Dr Apovian6précise que ces effets secondaires disparaissent généralement au bout de quelques semaines. Dans de rares cas, les médicaments peuvent provoquer une obstruction de l’intestin grêle, une gastroparésie (paralysie de l’estomac) ou une inflammation du pancréas (pancréatite).

5. Qui peut bénéficier de ces médicaments ?

Les médicaments sont approuvés pour la perte de poids uniquement chez les personnes souffrant d’obésité (IMC de 30 ou plus) ou de surpoids (IMC de 27 à 29,9) en tout cas dans certaines juridictions, ainsi que d’un problème médical lié à l’excès de poids, tel que l’hypertension artérielle ou l’hypercholestérolémie. Bien entendu, cela n’a pas empêché certaines personnes ne répondant pas à ces critères de les utiliser.

Étant donné que ces médicaments sont nouveaux et puissants, et qu’ils font l’objet d’études intensives, on s’attend à ce que les recommandations concernant les personnes qui devraient les utiliser changent dans les années à venir. Les chercheurs sont susceptibles d’identifier de nouveaux groupes de personnes susceptibles d’en bénéficier – ou, à l’inverse, des personnes susceptibles d’être plus exposées aux effets secondaires des médicaments. En Suisse, la prescription de ces médicaments ne peut se faire par tous les médecins, mais par des spécialistes de l’obésité ou des endocrinologues7. Le Dre Dominique Durrer, grande spécialiste suisse de l’obésité interrogée par Creapharma.ch, recommande d’ailleurs de ne pas commander ces médicaments sur Internet et ne pas faire de l’automédication (dans les pays où c’est possible). Les médicaments doivent absolument être prescrits par un médecin. Un suivi, si possible multidisciplinaire (ex. médecin, nutritionniste, spécialiste de l’activité physique), est aussi fortement recommandé.

6. Quelle est la durée du traitement ?

La prise d’un des nouveaux GLP-1 ou du tirazépatide n’est pas une solution à court terme. Une fois que vous avez commencé à prendre le médicament, vous devez le poursuivre indéfiniment pour continuer à en tirer les bénéfices. Si vous arrêtez de prendre les médicaments, vous reprenez du poids. Le surpoids et l’obésité, tout comme le diabète et l’hypertension, sont des maladies graves qui nécessitent souvent un traitement continu, voire à vie. Il n’existe pas de traitement unique précise. C’est pour cette raison que le Dre Dominique Durrer préconise une prise en charge multidisciplinaire avec notamment une modification du style de vie (alimentation, pratique d’exercice, etc.)8.

7. Où peut-on trouver ces médicaments et pourquoi sont-ils en manque ?

La popularité effrénée de ces médicaments a entraîné des pénuries, ce qui les rend difficiles à trouver. Aux États-Unis, plus de 40% des Américains souffrent d’obésité. Les entreprises pharmaceutiques n’ont pas anticipé le nombre de personnes souhaitant utiliser ces médicaments et tentent désespérément de produire suffisamment, mais ne sont pas en mesure de répondre à toutes les demandes. Ainsi, de nombreuses personnes souffrant de pathologies graves se voient encore actuellement contraintes de renoncer à ces médicaments anti-obésité malgré leur efficacité.

Références & Sources :
Harvard Medical School, The Lancet (DOI : 10.1016/S0140-6736(23)01127-3)

Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies).

Date de dernière mise à jour du dossier :
12.01.2024

Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2023 Pixabay

Crédit infographie : 
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Etude publiée en décembre 2022 sur le site National Center for Biotechnology Information (DOI : 10.7759/cureus.32610), consulté le 10 janvier 2024 et le lien marchait à cette date
  2. Article publié dans le journal The New England Journal of Medicine (DOI : 10.1056/NEJMoa2307563), consulté le 11 janvier 2024 et le lien marchait à cette date
  3. Article publié sur le site du Harvard Medical School : Questions and answers about the new anti-obesity medications, consulté le 10 janvier 2024 et le lien marchait à cette date
  4. Communiqué de presse de Lilly en français, Le tirzépatide mis au point par Lilly a entraîné une réduction significative du taux d’HbA1c et du poids corporel chez les patients atteints de diabète de type 2, le 14 décembre 2020, accédé par Creapharma.ch le 12 août 2022
  5. Article de STAT, Eli Lilly gets FDA approval to sell Mounjaro as obesity drug called Zepbound, 8 novembre 2023
  6. Article publié sur le site du Harvard Medical School : Questions and answers about the new anti-obesity medications, consulté le 10 janvier 2024 et le lien marchait à cette date
  7. Interview avec la spécialiste de l’obésité Dre Dominique Durrer, publiée le 11 janvier 2023 sur le site de Creapharma.ch : Médicaments pour maigrir comme le sémaglutide
  8. Interview avec la spécialiste de l’obésité Dre Dominique Durrer, publiée le 11 janvier 2023 sur le site de Creapharma.ch : Médicaments pour maigrir comme le sémaglutide
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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 15.01.2024
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