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On comprend mieux les symptômes psychiatriques comme le stress dans le syndrome de Cushing

mal de tête fatigueGÖTEBORGDes concentrations élevées de l’hormone du stress, le cortisol, affectent des processus de l’ADN et augmentent le risque sur le long terme de souffrir de maladies psychologiques en tout cas chez des personnes souffrant du syndrome de Cushing. Ces résultats proviennent d’une étude suédoise réalisée par l’institution Sahlgrenska Academy. L’étude a porté sur des patients atteints du syndrome de Cushing mais ces découvertes semblent ouvrir des portes pour de nouvelles stratégies de traitement pour d’autres maladies liées au stress comme l’anxiété, la dépression et le stress post-traumatique.

« Si ces résultats peuvent être vérifiés et répétés dans d’autres études, ils auraient de l’importance pour de futures possibilités de traitement sur les conséquences des troubles psychologiques liés au stress, » explique la Dr Camilla Glad dans un communiqué de presse de l’étude et chercheuse au département de médecine interne et de nutrition clinique en Suède.

Syndrome de Cushing

Le syndrome de Cushing, une affection peu fréquente, implique une production excessive de l’hormone cortisol. Cette surproduction provient d’une tumeur bénigne localisée sur la glande surrénale. La maladie se caractérise notamment par de l’obésité abdominale, des dépôts de graisse au niveau du visage et du coup, de l’hypertension et du diabète. Parfois la personne atteinte du syndrome de Cushing peut aussi souffrir du syndrome de fatigue chronique, d’anxiété, de dépression et de problèmes cognitifs.

Il faut aussi savoir qu’une consommation sur une longue durée (plusieurs mois) de médicaments à base de cortisone comme de la prednisolone peut mener à un syndrome de Cushing.

Troubles psychiatriques

« Même si les symptômes physiques s’améliorent après une opération de la tumeur (ndlr. à l’origine du syndrome de Cushing), nos précédentes études ont montré que les troubles psychiatriques perdurent dans la majorité des cas. Certains patients ne vont jamais retourner à leur vie professionnelle et ont de la peine à s’aventurer dans la société pour les activités quotidiennes. Ils constituent simplement un groupe de patients avec d’importants problèmes pour lesquels nous sommes très enthousiastes à trouver de nouveaux moyens pour les aider, » explique Dr Glad.

Diminution de la méthylation de l’ADN

Au niveau scientifique, on sait qu’un haut niveau de stress peut avoir un effet sur l’ADN. Des études génétiques ont montré que le stress extrême, avec de façon temporaire des très hauts niveaux de cortisol, affectent la méthylation de l’ADN résultant dans des changements de l’expression et caractéristiques des gènes. Si on simplifie la situation, un gène a pour but de coder une protéine mais ces dernières années les scientifiques ont noté que l’expression d’un gène peut être régulée par d’autres facteurs, notamment la méthylation, un élément clé de l’épigénétique. L’épigénétique est comme une “couche” d’information complémentaire qui se trouve au-dessus des gènes.

Etude

Dans cette étude suédoise, la méthylation de l’ADN dans l’entier du génome humain de ce groupe de patients a été étudié pour la première fois. Les résultats étaient clairs : les 48 personnes étudiées souffrant du syndrome de Cushing présentaient un niveau plus bas de méthylation de l’ADN que les individus du groupe de contrôle.

De plus, les chercheurs ont constaté des changements spécifiques dans la méthylation de l’ADN en lien avec les patients souffrant de problèmes psychiatriques pouvant apparaître avec le syndrome de Cushing. Certains de ces résultats ont été observés sur des gènes connectés à la sensibilité du cortisol et au développement de la plasticité du cerveau.

Atténuer les effets

« S’il y a une sensibilité programmée au cortisol où la réponse est une dépression et de l’anxiété avec de très bas niveaux de cortisol, alors c’est problématique pour le futur du patient. Nous parlons ici de changements dans l’ADN qui ont le potentiel de perdurer pour le reste de la vie du patient, et cela pourrait aussi être héréditaire, » affirme la Dr Glad.

Elle conclut le communiqué de presse : « Si nous arrivons à montrer que la méthylation de l’ADN mène à certaines protéines affectées, cela va ouvrir la porte pour de nouveaux traitements. Avec la connaissance que nous avons aujourd’hui, je ne crois pas qu’on soit capable d’influencer la méthylation de l’ADN elle-même, mais on pourrait sur le long terme contrer ses effets. »

Cette étude a été publiée online le 16 mars 2017 dans la revue spécialisée Scientific Reports.

Le 31 mars 2017. Par Xavier Gruffat (Pharmacien Dipl. EPF Zurich). Sources : communiqué de presse de l’étude en anglais, étude (lien étude : http://www.nature.com/articles/srep44445)
Référence étude : Glad, C. A. M. et al. Reduced DNA methylation and psychopathology following endogenous hypercortisolism – a genome-wide study. Sci. Rep. 7, 44445; doi: 10.1038/srep44445 (2017).

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 31.03.2017
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