Acouphène

Dernière révision médicale : 29.02.2024
Auteur : Xavier Gruffat, pharmacien


Définition

Acouphène définitionL’acouphène, appelé aussi bourdonnement d’oreille ou tintement d’oreille (en anglais : tinnitus), se caractérise par la présence continuelle de bruits ou de sons dans l’oreille. Cette affection provient de troubles au niveau des cellules ciliaires se trouvant à l’intérieur du système auditif, dans la cochlée.
En cas d’acouphènes, on estime que ces cellules présentent des lésions et continuent d’envoyer un signal sonore au cerveau, un peu comme si elles étaient mal programmées en envoyant en permanence des sons, ou plutôt une perception de sons.
D’un point de vue médical, l’acouphène n’est pas une maladie mais un symptôme caractéristique d’une maladie du système auditif.
Lors d’acouphène, il ne s’agit pas de sons externes mais bien internes au système auditif.
Le mot acouphène est issu du grec ancien pour akouein qui signifie « entendre» et phainesthai qui veut dire « paraître ».

Crise d’angoisse résuméLes personnes souffrant de crises d’acouphène de façon occasionnelle peuvent être perturbées et distraites pas les symptômes. Mais la situation est plus difficile chez les personnes souffrant d’acouphène de façon chronique, qui peuvent présenter notamment des troubles du sommeil et de la concentration nuisant à la qualité de vie.

Epidémiologie

Aux Etats-Unis, environ 15 à 20% de la population est touchée par l’acouphène, elle est surtout fréquente chez les personnes âgées1.

Causes

D’un point de vue médical, l’acouphène n’est pas une maladie en soi mais est le signe ou le symptôme d’une maladie sous-jacente.
Plusieurs maladies peuvent être la cause d’un acouphène. Notons que la cause n’est souvent pas clairement identifiée de la part du médecin.

Causes possibles (en gras les principales causes, selon la Mayo Clinic) :

Perte auditive liée à l’âge. Dans la majorité des cas d’acouphène, on observe des pertes auditives.

Exposition à des sons très forts comme  à travers des écouteurs (téléphone portable, etc.) ou lors de sorties (discothèque, salle de spectacle, etc.). L’acouphène peut aussi provenir d’une exposition prolongée à des sons, pas toujours très forts, mais à une exposition en permanence.
Il faut savoir qu’une exposition sur une courte durée à des sons très forts peut normalement être soignée, mais une exposition sur une longue période peut mener à des lésions parfois irréversibles.

Blocage ou obstruction dans le canal auditif et plus en général dans l’oreille externe : cela peut provenir de facteurs différents comme de la cire d’oreille ou bouchon de cérumen, un excès de saleté, une entrée d’agents polluants ou même des insectes.

– Problèmes dans l’interprétation cérébrale des sons.

Lésions au niveau de la tête ou du cou.

– Tumeurs au niveau du système auditif.

– Utilisation de certains médicaments qui provoquent des lésions au niveau de l’oreille comme certains antibiotiques tels les aminoglycosides, l’érithromycine, des diurétiques (furosémide, bumetamide), des médicaments contre la malaria (quinine, cloroquine), certains antidépresseurs ou encore l’aspirine (en cas de dose très élevée) ainsi que d’autres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

Stress et dépression, ces maladies peuvent aggraver l’acouphène.

Hypertension, une pression élevée peut atteindre le système auditif et provoquer des lésions cellulaires menant à des acouphènes.

Athérosclérose, le flux sanguin peut être modifié, ce  qui aboutit aussi à des lésions cellulaires dans le système auditif.

– Troubles au niveau des os de l’oreille, il s’agit d’une maladie connue souvent sous le nom d’otosclérose.

– Une carence en vitamine B12.

Il existe encore d’autres causes possibles des acouphènes comme par exemple des malformations capillaires. Sur le site en anglais de la Mayo Clinic vous trouverez une liste complète de causes des acouphènes (le lien marchait le 29 février 2024, date de mise à jour de cette rubrique Causes).

Explications de scientifiques d’Harvard
Des scientifiques de la Harvard Medical School onn trouvé des preuves que certaines personnes souffrent d’une perte auditive “cachée” : c’est-à-dire des lésions du nerf auditif – qui transmet les signaux sonores de l’oreille au cerveau – qui ne sont pas détectées par les tests conventionnels. Les chercheurs ont découvert ce phénomène pour la première fois chez des souris de laboratoire en 2009. Cela signifie que la perte de ces fibres nerveuses chez les personnes dont les tests auditifs étaient normaux pouvait être associée aux acouphènes. Une étude publiée le 30 novembre 2023 dans Scientific Reports2 va dans ce sens, les scientifiques ont mesuré les réponses du nerf auditif et l’activité du tronc cérébral des participants. Par rapport à l’absence d’acouphènes, les acouphènes chroniques sont associés à une perte de fibres nerveuses auditives et à une augmentation de l’activité cérébrale. Lorsqu’une personne souffre d’une perte auditive cachée, seule une partie du nerf auditif a dégénéré. Une autre partie reste en vie pendant des années, voire des décennies. Plusieurs expériences menées par d’autres chercheurs ont montré qu’il était possible de régénérer les fibres nerveuses dans des modèles animaux3. Il peut s’agir un jour de nouveaux traitements possibles. 

Personnes à risque

Bien que les acouphènes touchent une grande partie de la population, on peut identifier certains groupes plus à risque comme :

– Les adultes et surtout les seniors, à cause d’une perte auditive liée à l’âge.

– Les personnes utilisant beaucoup  d’écouteurs, il y a une tendance naturelle dans nos sociétés à écouter la musique trop forte, ce qui peut mener à des lésions dans le système auditif. Les jeunes sont particulièrement concernés par cette problématique.

– Certains métiers très exposés à des sons très forts comme des personnes travaillant sur des chantiers, le personnel de bar, restaurant ou discothèque comme les serveurs ou les DJs.

Personnes à risques acouphène

– Les hommes en général sont plus à risque que les femmes, notamment à cause d’une perte de l’audition liée à l’âge touchant davantage les hommes.

– Des personnes atteintes de stress traumatique.

– Les fumeurs et ceux qui boivent de l’alcool. Les fumeurs ont un risque plus élevé de développer des acouphènes. La consommation d’alcool augmente également le risque d’acouphènes.

Symptômes

Le principal symptôme (c’est un peu un abus de langage, car l’acouphène est un symptôme) ou signe de l’acouphène est la présence d’un son constant est irritant au niveau de l’oreille. En fait, c’est le cerveau qui perçoit un son constant. Il peut ressembler à celui émis par un insecte comme une abeille. Le son peut être si fort qu’il perturbe la capacité de concentration de la personne touchée par ce symptôme.

Les médecins séparent l’acouphène en 2 formes distinctes, en fonction des signes caractéristiques :

– Acouphène subjectif : c’est la forme la plus fréquente. Dans ce cas le patient perçoit en permanence un son, le médecin par contre n’arrive pas à identifier ce son ou bruit. Il s’agit de sons fantômes (en anglais : phantom noises). Les causes reposent surtout sur une lésion cellulaire et des problèmes nerveux. Le patient peut ressentir des bruits comme un bourdonnement, rugissement, cliquetis ou sifflement.

– Acouphène objectif (en anglais on parle aussi de pulsatile tinnitus) :  dans ce cas, à la fois le patient et le médecin peuvent percevoir un son, le médecin peut identifier le son suite à un examen spécifique. C’est une situation rare, en général provoquée par des troubles vasculaires comme une hypertension, des anomalies au niveau de l’oreille, etc.

Diagnostic

Normalement le diagnostic commence par une anamnèse. Le médecin va notamment demander au patient depuis quand les premiers symptômes ont commencé, à quelle fréquence, à quelle intensité.

Pour confirmer le diagnostic, le médecin peut aussi effectuer certains examens ou tests comme :

– Examen auditif: dans cet examen, le patient se rend dans une salle spéciale et doit mettre des écouteurs. Un spécialiste diffuse des sons et le patient décrit ce qu’il entend.

– Examen d’équilibre : le médecin effectue un examen proche d’un labyrinthe, le patient devra aussi bouger les yeux, les bras et jambes, être debout ou marcher en ligne droite.

– Imagerie médicale (ex. IRM ou CTscan) : un moyen pour identifier le degré de lésion des cellules ciliaires.

Il faut savoir que le type de son entendu par le patient est très important notamment pour identifier la cause de l’acouphène. Par exemple des sons de type pulsatiles indiquent une source vasculaire. Des sons aigus peuvent provenir de lésions provoqués par des sons très forts (ex. à cause d’écouteurs).

Complications

Les acouphènes peuvent mener à des complications dans la vie quotidienne du patient. Un son constant peut fortement fatiguer le patient.

L’acouphène peut aussi mener à des troubles du sommeil, de l’anxiété, de l’irritabilité, une dépression ou encore du stress.

Des troubles de la concentration, l’audition ou encore de l’équilibre sont souvent vécues par le patient souffrant d’acouphènes.

Remarquons que l’acouphène ne provoque pas de perte auditive, car c’est un symptôme et n’a pas d’effets directement sur l’audition (au niveau mécanique) proprement dit. On peut donc affirmer que l’acouphène n’est pas une maladie grave.

Traitements

Comme l’acouphène est un symptôme, le meilleur traitement consiste à soigner la cause, c’est-à-dire la maladie sous-jacente.

En juin 2023, une étude brésilienne a montré que la thérapie laser de bas niveau et la photobiomodulation associée sont les plus efficaces des traitements connus pour les acouphènes4. Dans leur expériences, les scientifiques ont constaté que les meilleurs résultats ont été observés chez les patients traités par acupuncture laser seule et par stimulation laser trans-méatale de faible puissance seule. Les combinaisons de la thérapie laser avec la thérapie par le vide ou le Gingko biloba, l’acupuncture laser seule et le dihydrochlorure de flunarizine seul ont également eu des effets thérapeutiques durables.

De ce fait, pour chaque type d’acouphène un traitement différent est souvent proposé.

– En cas de cire d’oreille (comme cause principale), il est important d’enlever cette cire. Le médecin peut utiliser des techniques mécaniques pour retirer la cire ou dans certains cas des produits chimiques comme le peroxyde d’hydrogène, la paraffine, l’huile minérale ou la glycérine. Attention, il est préférable d’effectuer ce traitement chez un médecin et ne pas faire de l’automédication.

– En cas d’hypertension. Il faudra contrôler la tension, avec des médicaments hypotenseurs.

– Si les acouphènes sont provoqués par la prise de médicaments (voir sous causes). Le médecin devra éventuellement arrêter la thérapie et la remplacer par d’autres médicaments.

Dans certains cas le médecin peut prescrire des médicaments pour soigner les acouphènes comme :

Antidépresseurs tricycliques comme l’amitriptyline ou la nortriptyline, surtout dans des cas graves d’acouphène. Attention aux effets secondaires de cette classe de médicaments. Beaucoup de médecins, de ce fait, sont favorables à une prescription de cette classe d’antidépresseur seulement chez des patients souffrant d’acouphène et de dépression, en cas seulement d’acouphène sans la dépression présente, cette thérapie est pour beaucoup de spécialistes trop risquée (effets secondaires).

Alprazolam : un médicament sur ordonnance pour soigner les acouphènes, il s’agit en fait d’un anxiolytique. Attention au risque de dépendance. D’autres médicaments parfois prescrits appartenant aux anxiolytiques sont le clonazépam et l’oxazépam.

– Gabapentine : un médicament utilisé à la base contre les crises d’épilepsie. Une étude de 2006 a montré son utilité lors d’acouphène provoqué par une exposition à un excès de bruit (provoquant des lésions dans l’oreille interne).

Remarques :
Les médicaments ne peuvent pas guérir les acouphènes, mais dans certains cas, ils peuvent aider à réduire la gravité des symptômes ou des complications5.

Thérapies acoustiques

traitement alternatif acouphèneDans certains cas le médecin peut indiquer des thérapies acoustiques. Il existe des programmes informatiques qui diffusent des sons à but thérapeutique. De plus en plus, des études scientifiques montrent son efficacité pour soigner les acouphènes, une méthode alternative intéressante, surtout quand on ne connaît pas la cause.

Appareils auditifs

Les appareils auditifs peuvent souvent aider à diminuer les acouphènes. C’est un moyen complémentaire, mais qui souvent ne permet pas de mettre fin aux acouphènes. Mais les appareils auditifs ne sont pas recommandés aux personnes dont les résultats des tests auditifs sont normaux – même si le médecin soupçonne une perte auditive cachée – car nous ne disposons pas de tests pour la mesurer en dehors des laboratoires de recherche6.

Masqueurs de son, suppresseurs de son et bruiteurs

– Il existe des programmes diffusant des sons pour masquer les acouphènes, comme par exemple le bruit de la mer ou des gouttes d’eau qui tombent. Il s’agit souvent d’un son plus agréable que celui perçu lors d’acouphènes. Il s’agira de trouver la bonne fréquence, idéalement il faudrait la même fréquence entre les acouphènes et le son qui va les masquer.
– Les bruiteurs, des appareils qui produisent un bourdonnement, peuvent aider mais ne sont pas toujours efficaces. Selon un article publié dans le magazine suisse “Ma Santé” en septembre 2019, les bruiteurs ne devraient être utilisés que pendant une courte période. Car à long terme certains bruiteurs peuvent endommager l’ouïe.

Traitements alternatifs

– Un traitement expérimental repose sur une opération chirurgicale au niveau du nerf vague, qui transmet notamment les sons et bruits, afin de “reprogrammer” le cerveau. Il s’agit de poser un stimulateur neural dans le cerveau.

– Un autre traitement est basé sur une stimulation magnétique transcrânienne de basse fréquence (EMT). L’objectif tout comme pour le nerf vague est d’essayer de “reprogrammer” le cerveau dans la transmission et la perception des sons. Cette méthode semble fonctionner chez un petit nombre de patients, mais pas encore la majorité.

Bons conseils

Si la personne souffre d’acouphènes, certaines mesures peuvent améliorer les symptômes :

– Distrayez votre cerveau. L’écoute de bruits blancs ou de sons de la nature peut atténuer les acouphènes. Utilisez une machine à bruit blanc, un casque de sommeil, des oreillettes ou un dispositif de masquage sonore portable7.

– Evitez une exposition sonore trop forte, cela peut provoquer une irritation.

– Essayez d’avoir chez vous un univers sonore apaisé, avec peu de sons trop forts.

– Réduisez le stress, c’est un facteur aggravant des acouphènes.  Des massages ou de la musicothérapie peuvent contribuer à réduire le stress.

– Réduisez votre consommation d’alcool (lire sous causes également).

– Relevons que certaines méthodes alternatives peuvent aider en cas d’acouphènes comme l’acupuncture, les massages ou l’hypnose.

– Certains compléments alimentaires comme le zinc ou des lipoflavonoïdes pourraient également aider à soigner cette affection.

– Selon une étude, la prise de vitamine B12 pourrait aider à soigner l’acouphène chez certains patients souffrant de carence en cette vitamine.

Prévention

Les acouphènes, s’ils sont causés par des facteurs externes, peuvent facilement être prévenus :

Prévention acouphène

– Utilisez une protection sonore comme un casque sonorisé si vous êtes dans un endroit très bruyant.

– Ecoutez toujours de la musique le moins fort possible pour préserver votre système auditif.

– Contrôlez régulièrement votre tension, en effet l’hypertension est une cause fréquente des acouphènes.

– Contrôlez votre poids et faites régulièrement de l’exercice. Cela permet de contrôler et stabiliser la tension sanguine.

– Evitez la consommation de certains produits ou substances comme l’alcool, le sucre ou la caféine, des causes de l’acouphène.

– Evitez l’accumulation de cire d’oreille, lavez souvent votre conduit auditif. Une bonne santé auditive est essentielle dans la prévention.

– Evitez de fumer. Le tabac augmente la pression sanguine, comme on l’a vu un facteur de risque des acouphènes.

Crédits photos & Infographies : 
Adobe Stock, Pharmanetis Sàrl

Historique de la mise à jour – Dossier revu médicalement :
– 29.02.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien)

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Article de la Mayo Clinic datant du 30 novembre 2020, Tinnitus, site accédé par Creapharma.ch le 29 février 2024 et le lien marchait à cette date
  2. Vasilkov, V., Caswell-Midwinter, B., Zhao, Y. et al. Evidence of cochlear neural degeneration in normal-hearing subjects with tinnitus. Sci Rep 13, 19870 (2023). https://doi.org/10.1038/s41598-023-46741-5
  3. Article du site Harvard Health Publishing – Harvard Medical School, datant du 1er mars 2024, New thinking about tinnitus, site accédé par Creapharma.ch le 29 février 2024 et le lien marchait à cette date (attention article payant possible)
  4. Panhóca, V.H.; de Aquino Junior, A.E.; de Souza, V.B.; Ferreira, S.A.; Ferreira, L.T.; de Oliveira Souza, K.J.; Tamae, P.E.; Saito Nogueira, M.; Bagnato, V.S. Effects of Red and Infrared Laser Therapy in Patients with Tinnitus: A Double-Blind, Clinical, Randomized Controlled Study Combining Light with Ultrasound, Drugs and Vacuum Therapy. J. Pers. Med. 202313, 581. https://doi.org/10.3390/jpm13040581
  5. Article de la Mayo Clinic datant du 30 novembre 2020, Tinnitus(partie traitements), site accédé par Creapharma.ch le 29 février 2024 et le lien marchait à cette date
  6. Article du site Harvard Health Publishing – Harvard Medical School, datant du 1er mars 2024, New thinking about tinnitus, site accédé par Creapharma.ch le 29 février 2024 et le lien marchait à cette date (attention article payant possible)
  7. Article du site Harvard Health Publishing – Harvard Medical School, datant du 1er mars 2024, New thinking about tinnitus, site accédé par Creapharma.ch le 29 février 2024 et le lien marchait à cette date (attention article payant possible)

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 29.02.2024
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