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Escitalopram

L’escitalopram est un antidépresseur de la classe des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS ou IRS). L’escitalopram (et le citalopram), ainsi que d’autres ISRS comme la fluoxétine, est souvent considéré comme un traitement de premier choix contre la dépression. L’escitalopram a succédé au début des années 2000 au citalopram, suite à une expiration du brevet. L’escitalopram (S-citalopram) est chimiquement l’énantiomère de la forme S pure, la seule forme véritablement active du médicament. D’un point de vue chimique le citalopram est le mélange racémique (forme R + forme S). En théorie, se passer de la forme R inactive permet de diminuer le nombre d’effets secondaires, comparé au citalopram. Mais pour certains spécialistes il n’existe pas d’avantages significatifs d’utiliser l’escitalopram en comparaison avec le citalopram, comme le relève le livre en allemand de référence “100 wichtige Medikamente” dans son édition de 2020 aux éditions Infomed.

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Noms de la molécule :
Escitalopram, S-citalopram (forme racémique S du citalopram), Escitalopramum (nom latin), oxalate d’escitalopram (nom du sel qu’on trouve dans certains médicaments)
Code ATC : N06AB10 

Formule chimique :
C20H21FN2O

Métabolisme :
L’escitalopram a une longue demi-vie, d’environ 30h. Il existe des métabolites actifs du citalopram (nous n’avons pas d’informations sur l’escitalopram en particulier), mais ils sont probablement de faible importance sur l’effet clinique. L’élimination du citalopram est principalement hépatique.

Effets :
Les effets du citalopram (et escitalopram) sont basés sur l’inhibition du recaptage de la sérotonine dans les cellules nerveuses présynaptiques. La sérotonine est un neurotransmetteur. On estime que les autres neurotransmetteurs ne sont pas ou très peu influencés par le citalopram.

Indications :
– Dépression provenant de différentes causes, y compris dépression grave (remarque : contre la dépression il est possible de l’associer à d’autres médicaments antidépresseurs)
– Dépression provenant ou à la suite d’une maladie (ex. AVC)
Troubles anxieux, troubles de panique
– Troubles obsessionnels compulsifs (TOC)

Effets secondaires :
L’effet secondaire le plus courant est la nausée. D’autres effets secondaires sont bouche sèche, transpiration accrue, diarrhée, nausées, maux de tête, fatigue, faiblesse, insomnie (agitation), dysfonction sexuelle (érectile), sinusite, réduction de la libido ou troubles de l’éjaculation. L’escitalopram peut prolonger l’intervalle QT.

Contre-indications :
Hypersensibilité, combinaison avec des inhibiteurs de la MAO, patients ayant un intervalle QT prolongé, arythmie cardiaque.
Ce médicament est, sauf exception, contre indiqué pendant la grossesse.
Pour la liste complète des contre-indications, veuillez lire la notice d’emballage.

Interactions :
Le citalopram (de facto aussi escitalopram) est métabolisé par le CYP2C19, le CYP3A4 et le CYP2D6 et est un inhibiteur du CYP. Il s’en suit un risque élevé d’interactions avec d’autres médicaments. Ne pas prendre de citalopram avec d’autres médicaments qui prolongent l’intervalle QT.
Pour la liste complète des interactions, veuillez lire la notice d’emballage.

Formes galéniques :
L’escitalopram est disponible, en tout cas en Suisse, sous forme de comprimés pelliculés, de gouttes et de comprimés fondants (comprimés orodispersibles).

Médicaments vendus en Suisse (mise à jour : novembre 2021, selon Compendium.ch) :
Original :
Cipralex®
Génériques :
Escitalopram Axapharm
– Escitalopram Helvepharm
– Escitalopram-Mepha 20 mg/ml, Solution buvable en gouttes
– Escitalopram-Mepha Teva
– Escitalopram-Mepha, Lactab®
– Escitalopram NOBEL
– Escitalopram Sandoz®
– Escitalopram Spirig HC® Comprimés pelliculés
Escitax®

Remarques :
– L’escitalopram est autorisé en Suisse depuis 2001, sous le nom de marque de Cipralex®. Il existe désormais des génériques.
– La plupart des médicaments contre la dépression comme l’escitalopram (et le citalopram) mettent au moins une à quatre semaines pour produire un effet et ne sont pas suffisamment efficaces chez environ 30 à 40 % des patients souffrant de dépression grave. C’est pourquoi dans certains cas particuliers, la kétamine (et l’eskétamine) peut être une alternative intéressante. Si le citalopram n’agit pas après 4 semaines, ce médicament sera probablement sans efficacité contre la dépression.
– Il ne faut pas arrêter ce médicament de façon brusque, il est conseillé de réduire la dose jusqu’à un arrêt complet sur une période de deux semaines.
Alternatives
– Le citalopram (et l’escitalopram) est l’un des ISRS les plus prescrits. Le premier ISRS mis sur le marché était la fluoxétine. Il n’est pas sûr qu’il existe des différences significatives entre les différents ISRS (ex. citalopram et escitalopram, fluoxétine, fluvoxamine, sertraline ou paroxétine). On estime que le citalopram présente moins de risques d’interactions que d’autres ISRS mais à un plus grand risque d’arythmie cardiaque.
– Les antidépresseurs tricycliques comme l’amitriptyline peuvent être une alternative efficace lors de dépression. On estime que les ISRS comme le citalopram ont la même puissance antidépressive ou légèrement inférieure que les antidépresseurs tricycliques1.
Avis critique (revue française Prescrire)
Début 2017, la revue française de référence pour son objectivité Prescrire déconseillait l’utilisation du citalopram et escitalopram contre la dépression, à cause de risques d’effets secondaires de type cardiovasculaire. La duloxétine et la venlafaxine étaient d’autres antidépresseurs déconseillés de la liste de 2017 (ainsi que celle de 2021 également). Pour les scientifiques français, il existe d’autres antidépresseurs tout autant efficaces mais présentant moins d’effets secondaires. Fin 2021, Prescrire écrivait aussi cela dans sa liste pour 2022 : “le citalopram et l’escitalopram exposent à un surcroît d’allongements de l’intervalle QT de l’électrocardiogramme et de torsades de pointes par rapport à d’autres antidépresseurs ISRS, ainsi qu’à des surdoses aux conséquences plus graves”2.

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Sources & Références : 
Sources : 
Pharmawiki.ch, Compendium.ch, [email protected] (journal de pharmaciens de l’Université de Bâle, Suisse), revue Prescrire (2017, 2020, 2021)
Références et littérature :
“100 wichtige Medikamente” – Infomed (2020)

Rédaction : 
Xavier Gruffat (Pharmacien)

Dernière mise à jour : 
08.12.2021

Crédits photos :
Fotolia.com/Adobe Stock- Cette page en portugais : Escitalopram


Références scientifiques et bibliographie :

  1. Livre en allemand : Taschenatlas Pharmakologie (Atlas de poche de pharmacologie), Lutz Hein – Jens W. Fischer, 8ème édition (8. Auflage), Thieme, 2020 – Remarque : une édition de ce livre existe aussi en français mais souvent il y a un retard dans les différentes mises à jour (éditions).
  2. News de Prescrire publiée en décembre 2021

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 10.12.2021
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