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Le lait de vache est-il bon pour la santé ?

La consommation de lait animal par l’être humain remonterait vers plus de 6000 ans, au Néolithique, selon la découverte d’archéologues de l’université de York, en Angleterre. Les premières preuves ont été découvertes suite à l’analyse des dents de fermiers britanniques préhistoriques ayant permis l’identification d’une protéine de lait, la bêta-lactoglobuline (BLG). Quant à la domestication des vaches, celle-ci remonterait il y a 7000 à 8000 ans avec la domestication d’aurochs, des animaux préhistoriques qui étaient proches des bovins actuels. Aujourd’hui, des milliards de personnes dans le monde consomment chaque jour du lait, principalement du lait de vache1. Reconnu comme un aliment complet, il fournit à la fois des protéines de haute qualité, des vitamines et des minéraux, essentiels à la croissance et au développement du corps humain2. Il existe cependant des controverses quant à son intégration dans l’alimentation humaine, car s’il est considéré comme bénéfique dans certaines maladies comme l’obésité, le diabète de type 2 ou encore l’Alzheimer, il est aussi associé à des effets négatifs comme le risque de cancer de la prostate ou la maladie de Parkinson. Faisons le point sur ses avantages et ses risques pour la santé.

Rôle protecteur contre au moins 6 maladies

De nombreuses études ont été menées ces dernières années pour mieux comprendre le rôle du lait dans l’alimentation3. Il s’est ainsi avéré que la consommation de lait et de produits laitiers, dont le lait de vache, pouvait avoir un rôle protecteur contre la plupart des maladies chroniques, et ce, avec très peu d’effets indésirables observés4. Bien sûr, les qualités nutritionnelles de chaque produit peuvent avoir une influence sur ses effets sur la santé.

Le lait de vache est-il bon pour la santé ?

Obésité

Selon une estimation de l’OMS, en 2016, 13% de la population adulte mondiale serait obèse, tandis qu’en 2019, on estimait que 38,2 millions d’enfants de moins de 5 ans étaient touchés par cette maladie5. La consommation de produits laitiers peut être un facteur important dans le contrôle de l’obésité en raison de leur richesse nutritionnelle6. Il existe des données épidémiologiques soutenant l’effet bénéfique de la consommation de produits laitiers sur le maintien du poids7, la consommation de lait entier étant associée à une probabilité plus faible d’être en surpoids ou obèse. De plus, dans le cadre des régimes hypocaloriques, la forte consommation de produits laitiers entraîne à la fois une perte de poids corporel et de masse grasse8. Le lait de vache est parfois pointé du doigt et considéré comme à l’origine de l’obésité chez l’enfant, mais il faut cependant reconnaître que les recherches scientifiques à ce sujet ne permettent pas encore d’aboutir à cette conclusion. De plus, l’obésité est une maladie complexe dont les causes sont multiples. Il serait difficile d’accuser un seul aliment lorsqu’on sait que d’autres paramètres comme la sédentarité, l’environnement, l’habitude alimentaire ou encore l’hérédité peuvent être mis en cause.

Maladies cardiovasculaires

Les maladies cardiovasculaires sont considérées comme l’une des principales causes de décès dans le monde9. La consommation de produits laitiers a été associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires10 en raison de leur teneur en matières grasses et en cholestérol. Cependant, des rapports montrent que la consommation quotidienne de 200 ml de lait n’est pas associée à une maladie coronarienne11, mais la même consommation quotidienne de lait est responsable d’un risque d’accident vasculaire cérébral significativement inférieur de 7%12. De plus, la consommation de lait et de yogourt est associée à une réduction de 8% du risque d’hypertension artérielle.

Diabète

Le diabète est une maladie chronique qui touche environ 422 millions de personnes dans le monde et a été responsable de 1,5 million de décès en 201913. Cette maladie peut être classée comme diabète de type 1 lorsque le corps produit une quantité insuffisante d’insuline, et diabète de type 2 lorsque le corps ne peut pas utiliser l’insuline efficacement, c’est le type de diabète prédominant. Le diabète de type 2 peut être prévenu ou retardé par une alimentation saine, une activité physique régulière et en évitant de fumer. Si l’on s’en tient à l’alimentation, il a été démontré que la consommation de produits laitiers diminuait le risque de diabète de type 214. Concernant le diabète de type 1, la consommation précoce de lait de vache chez les nourrissons pourrait favoriser l’apparition de ce type de diabète, notamment chez les enfants ayant des antécédents familiaux de diabète. La cause pourrait être une réponse auto-immune à l’albumine de sérum bovin, une protéine à l’origine de la destruction des cellules bêta du pancréas fabriquant l’insuline. Toutefois, une vaste étude publiée dans la revue Journal of the American Medical Association ou JAMA (DOI : doi:10.1001/jama.2014.5610), publiée en 2014, montre que l’exposition aux protéines de lait de vache n’augmentait pas le risque de survenue de diabète de type 1 chez les enfants. Dans tous les cas, il est recommandé autant que possible de privilégier le lait maternel chez les nourrissons.

Santé osseuse

L’ostéoporose se caractérise par une réduction de la densité osseuse et, par conséquent, une augmentation de la fragilité osseuse. Grâce à sa teneur en vitamines et minéraux comme le calcium, le lait participe au maintien de la santé osseuse. Il faut cependant noter que les preuves disponibles concernant le rôle des produits laitiers sur la santé osseuse sont assez contradictoires. Certains rapports ne montrent aucune association significative entre la consommation de lait et le risque de fracture de la hanche (à tout âge et quel que soit le sexe)15 ou le risque réduit d’ostéoporose16. D’autres rapports montrent, au contraire, une association inverse entre la consommation de lait et de produits laitiers et l’ostéoporose, avec une réduction observée du risque d’ostéoporose de 22 à 37% en augmentant la consommation de produits laitiers et de lait (tous les 200 g supplémentaires par jour) 17.

Cancer

Le cancer est responsable de millions de décès dans le monde18. L’association entre la consommation de produits laitiers et le cancer a été largement étudiée, cependant, les résultats sont controversés. Il a été démontré que la consommation de produits laitiers diminuait le risque de cancer colorectal chez les hommes et les femmes19. Un effet bénéfique potentiel de la consommation de lait sur le risque de cancer de la vessie et de l’estomac a également été trouvé, mais cet effet est variable entre les différentes régions géographiques et même entre les différents produits laitiers20. Il n’en va pas de même pour le cancer de la prostate, où l’on observe qu’une forte consommation de lait est liée à un risque élevé de cancer de la prostate. Une augmentation de la consommation de lait de 100 à 200 g/jour a été associée à une augmentation rapide du risque de cancer de la prostate21 et une consommation élevée de lait entier peut augmenter de 50% le risque de mortalité par cancer de la prostate22. En revanche, il n’y a pas d’association ou de résultats concluants sur le rôle de la consommation de produits laitiers sur le risque de cancer du poumon23  ou le risque de cancer du foie24. En ce qui concerne les cancers du sein et des ovaires, il n’y a pas de consensus sur le rôle de la consommation de produits laitiers sur ces risques de cancer. Par exemple, certaines études indiquent qu’il n’y a pas d’association entre la consommation de lait supérieur à 450 g par jour et le risque de cancer du sein25 et entre la consommation de lait ou de produits laitiers et le risque de cancer de l’ovaire26. Cependant, lorsque la consommation de lait est plus élevée, il existe un risque accru de développer ces types de cancer27.

Maladies neurologiques

La démence est un syndrome qui entraîne une détérioration des fonctions cognitives, autant au niveau de la pensée que du comportement, et on estime qu’elle affecte 50 millions de personnes dans le monde, avec 10 millions de nouveaux cas chaque année28. La forme la plus courante de la maladie est la maladie d’Alzheimer. La consommation de lait a été associée à un risque moindre de troubles cognitifs29. De même, une étude réalisée par des chercheurs japonais conclut qu’une consommation élevée de lait et de produits laitiers pourrait diminuer le risque de démence et en particulier de la maladie d’Alzheimer30. Cependant, il n’en va pas de même pour la maladie de Parkinson, le risque de cette maladie étant significativement augmenté par la consommation de produits laitiers. On estime qu’une augmentation de la consommation de lait de 200 g/jour entraîne une augmentation de 17% du risque de maladie de Parkinson31, bien que le mécanisme sous-jacent à cette association ne soit pas bien compris.

Les principaux effets négatifs sur la santé

Les principaux problèmes liés à la consommation de lait de vache sont l’allergie aux protéines de lait de vache et l’intolérance au lactose. L’allergie est due à un mécanisme immunologique contre les protéines du lait de vache, notamment chez les nourrissons et les enfants. Elle peut provoquer différents symptômes comme des réactions cutanées, des troubles respiratoires ou encore gastro-intestinaux. Pendant la période néonatale, cette allergie peut affecter la croissance.

Le second problème lié à la consommation de lait de vache est l’intolérance au lactose. Celle-ci est souvent confondue avec l’allergie à cause de certains symptômes similaires tels que les symptômes gastro-intestinaux, mais il s’agit plutôt de la difficulté ou de l’incapacité à digérer le lactose à cause de l’insuffisance ou à l’absence d’une enzyme digestive appelée lactase.

Compte tenu de ces problèmes d’allergie ou encore d’intolérance au lactose, certaines personnes préfèrent remplacer le lait de vache par d’autres alternatives végétales contenant moins d’acides gras saturés et sans cholestérol.

Références & Sources :
– Journal of the American Medical Association ou JAMA (DOI : doi:10.1001/jama.2014.5610)
Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies).

Date de dernière mise à jour du dossier :
30.05.2023

Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2023 Pixabay. Image d’illustration.

Crédit infographie : 
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

Références scientifiques et bibliographie :

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  10. Thorning, T.K.; Raben, A.; Tholstrup, T.; Soedamah-Muthu, S.S.; Givens, I.; Astrup, A. Milk and Dairy Products: Good or Bad for Human Health? An Assessment of the Totality of Scientific Evidence. Food Nutr. Res. 2016, 60, 32527.
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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 30.05.2023
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