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Comment fonctionnent les vaccins à ARN (Pfizer/BioNTech et Moderna) ?

Il existe sur le marché en Europe (ex. France, Suisse, Belgique) et en Amérique du Nord (Canada, Etats-Unis) en septembre 2021 deux vaccins dits à ARN ou ARN messager. Ces vaccins sont très utiles et importants dans la lutte mondiale contre la Covid-19. A la différence du vaccin d’AstraZeneca (à base d’adénovirus ou vecteur viral) qui mène à certains effets secondaires parfois graves et mortels comme des thromboses cérébrales, même si statistiquement peu fréquents, les deux vaccins à ARN ne provoquent pas de graves problèmes ou de façon très faible. En 2021, les fabricants de vaccins à ARN prévoient de produire 2,6 milliards de doses, selon le magazine anglais The Economist. Dans ce dossier nous vous expliquons leur fonctionnement.

Deux vaccins, au moins 90% d’efficacité contre la mort

En septembre 2021, il existe sur le marché deux vaccins à ARN : celui de Pfizer/BioNTech, une association entre l’Américain Pfizer et l’Allemand BioNTech, et de Moderna, une entreprise américaine. En situation réelle, ces deux vaccins à ARN ont une efficacité de plus de 90% deux semaines après l’administration de la deuxième dose contre la mort, y compris et surtout contre le variant Delta qui circule en majorité dans de nombreux pays occidentaux. Autrement dit, le risque de mourir ou d’être gravement malade est divisé par dix avec un vaccin. Lire aussi : Questions fréquentes sur le variant Delta
Les vaccins à ARN sont surtout disponibles sur les marchés nord américain et européen. Par exemple en Suisse, le 21 septembre 2021, seulement ces deux vaccins à ARN étaient autorisés. Un 3ème vaccin à ARN, celui de l’allemand CureVac, pourrait bientôt être mis sur le marché. En Asie, Amérique latine ou Afrique, ce sont surtout des vaccins à virus atténués ou adénovirus qui sont disponibles (voir infographie ci-dessous, remarquez que la colonne de droite sur l’Efficacité du vaccin n’est plus forcément actuelle à cause de la montée en puissance du variant Delta).

Comment fonctionnent les vaccins à ARN ?

L’ARN (acide ribonucléiqueou) a comme rôle à l’état naturel de fournir aux cellules des informations qui leur permettent de fonctionner, en particulier de jouer le rôle de messager entre l’ADN et la construction ou synthèse de protéines. Un vaccin à ARN ou à ARN messager (mRNA en anglais), c’est-à-dire de l’ARN d’origine non naturelle, consiste à injecter des nanoparticules de graisses ou liposomes qui “entourent” l’ARN messager. Les molécules de graisse sont importantes pour protéger l’ARN qui est très fragile. Au contact des tissus humains, les molécules de graisse se séparent permettant à l’ARN d’entrer dans les cellules humaines (voir aussi infographie ci-dessous). Ces cellules vont commencer à fabriquer des protéines du SARS-CoV-2, soit les protéines de pointes (Spikes proteins). La synthèse de ces protéines virales se fait dans les ribosomes, ces derniers traduisent ou transforment l’ARN en ces protéines de pointes. Le système immunitaire produit ensuite des anticorps dirigés contre ces protéines de pointes. Lors d’une exposition ultérieure au virus de la Covid-19, le SARS-CoV-2, des anticorps vont être dirigés contre les protéines de pointes. Le système immunitaire, grâce au vaccin à ARN, aura réussi dans la plupart des cas à mémoriser ces protéines de pointes.

Pas de risque actuellement

Il n’est pas possible à l’ARN de s’intégrer dans un génome humain (noyau cellulaire), constitué d’ADN. Pour que l’ARN s’intègre dans un ADN humain il doit être transcrit de façon inverse (rétrotranscription), ce processus n’est pas spontané au niveau cellulaire. Il faut savoir que l’ARN est une molécule très fragile, dégradé en 48h dans l’organisme humain. Ce sont en tout cas les informations dont on dispose en 2021, peut-être que dans quelques années on découvrira de possibles effets secondaires, mais selon la plupart des scientifiques spécialistes de la génétique, ce n’est pas probable.

Pas une si nouvelle technologie

Comme l’expliquait le 4 janvier 2021 à France Inter Steve Pascolo, chercheur à l’université de Zurich (Suisse) :  “Le vaccin ROR, rougeole, oreillons, rubéole, fonctionne avec des virus à ARN atténué. Lors qu’il est injecté, les virus donnent dans vos cellules leur ARN messager”. Dans le cas du vaccin ROR, ils sont produits dans des œufs fertilisés. et contiennent beaucoup d’ARN, de lipides, de protéines différentes. Les nouveaux vaccins à ARN contre la Covid-19 eux sont plus pures, car ils contiennent la molécule d’ARN et quatre lipides, toujours selon Steve Pasclolo qui est aussi ex-dirigeant du laboratoire CureVac. Le scientifique zurichois résume de façon pertinente ces nouveaux vaccins à ARN utilisés contre la Covid-19 : “On est sur une version synthétique de choses anciennes.” Quelques mois plus tard, dans une interview à un média suisse1 en septembre 2021, M. Pascolo se voulait rassurant en estimant qu’on mange de l’ARN messager tous les jours par exemple dans une salade.

Production industrielle innovante

Les vaccins ARN ont pour particularité de pouvoir être produits très facilement en grande quantité, à la différence d’autres vaccins comme ceux avec un vaccin inactivé. Ces derniers ont besoin de très nombreuses cellules pour être produits. Par contre les vaccins à ARN ont seulement besoin au début de cellules pour produire un gène à ADN produisant la protéine de pointe du virus SARS-CoV-2. Mais une fois ce gène à ADN créé, grâce à l’enzyme RNA-polymérase, il est possible dans une solution de produire une quantité gigantesque d’ARNm sans avoir besoin de cellules. Les industriels doivent ensuite incorporer des ARN messagers dans des liposomes. C’est pourquoi en 2021 plus de 2,5 milliards de doses de vaccins à ARN pourront être produites sans avoir besoin de trop d’usines.
Un avantage des vaccins à ARN est qu’il est possible en environ 6 semaines de faire une mise à jour (upgrading) du vaccin pour une nouvelle production industrielle2, solution idéale lors de variants du virus.

Coûts bas, analyse

Certains critiquent les vaccins en relevant des profits élevés pour les industriels, bien sûr que s’il faut vacciner presque 8 milliards d’êtres humains, il suffit de multiplier par 10 (si on part du principe que c’est 10 dollars la dose) et on arrive vite à 80 milliards de dollars de chiffre d’affaires par année (cela représente moins de 10% du chiffre d’affaires annuel de l’industrie pharmaceutique). Mais si on devait prendre par exemple une fois par semaine en prévention un médicament comme de l’ivermectine (l’effet n’est pas encore prouvé dans de grands essais cliniques) à 10 dollars la boîte en traitement hebdomadaire, les coûts seraient bien plus élevés que pour le vaccin, de l’ordre de presque 50 fois (ou 25 fois si on part du principe d’utiliser 2 vaccins par année, ce qui est peu probable) plus sans compter des possibles troubles sur le foie. D’ailleurs c’est justement pour des raisons financières que certains grands laboratoires pharmaceutiques, notamment suisses (ex. Novartis), ont abandonné la vaccination il y a quelques années. L’aspect financier est donc plutôt un faux procès fait à l’industrie pharmaceutique. On peut pour le moment être contents des vaccins à ARN et de l’avancée de la science.

Remarque : Xavier Gruffat n’a aucun lien avec l’industrie pharmaceutique et ne possède aucune action.

Article mis à jour le 21 septembre 2021. Par Xavier Gruffat (pharmacien dipl. EPF Zurich, Suisse). Sources : voir notre dossier sur les vaccins, The Economist, Le Figaro, The Wall Street Journal, France Inter.

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Edition papier de Migros Magazine, septembre 2021
  2. The Economist, édition du 27 mars 2021
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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 21.09.2021
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