Après un rhume (refroidissement), une grippe ou le Covid-19, la toux peut persister pendant quelques jours, voire plusieurs semaines après la disparition des autres symptômes. La toux persistante après une infection respiratoire est fréquente1, touchant 11 à 25% des patients plusieurs semaines après une infection des voies respiratoires2. Cela est pourtant gênant dans la mesure où c’est épuisant et inquiétant, mais en même temps il est difficile de faire comprendre à l’entourage que vous n’êtes plus vraiment malade. Selon les médecins, ce phénomène est tout à fait normal, car la réponse inflammatoire post-infectieuse peut comporter une hyper-réactivité bronchique et donc une hypersécrétion de mucus. Il faut cependant rester vigilant, car une toux, même persistante doit s’arrêter une fois qu’on est totalement rétabli. Si celle-ci dure plus de 8 semaines, il est nécessaire d’y apporter plus d’attention, car il s’agit peut-être du symptôme d’une autre pathologie comme les allergies, les reflux gastriques ou l’asthme. Comment faire pour venir à bout d’une toux persistante ou vivre avec pendant ces 8 semaines ?
D’où vient la toux ?
La toux résulte d’une réaction de l’organisme contre les microbes et les particules étrangères présents dans les voies respiratoires. Elle sert donc à expulser le mucus ainsi que les substances indésirables et irritantes, et constitue ainsi un élément important dans la défense du corps contre les maladies. Il existe différents types de toux, mais il convient en particulier de préciser la différence entre la toux sèche et la toux grasse. En général, la toux sèche constitue l’un des premiers signes du refroidissement ou rhume. Elle se transformera après quelques jours en une toux grasse appelée aussi toux productive. L’absence de mucosités caractérise la toux sèche qui peut être plus fatigante et douloureuse. Lorsque l’inflammation est plus importante, la toux peut évoluer vers une toux productive permettant d’évacuer les mucosités qui se trouvent dans les voies respiratoires. Le traitement à mettre en place doit tenir compte de cette manifestation de la toux. La plupart des symptômes de la toux post-infectieuse s’améliorent sans médicaments3, selon une étude publiée en février 2024 et dirigée par Samantha Green de l’Université de Toronto au Canada. Il n’existe pas de preuves solides de l’efficacité d’un médicament pour arrêter la toux post-infectieuse. Les inhalateurs ou les médicaments oraux pour traiter la toux ne présentent que peu d’avantages. Ces médicaments peuvent être assez coûteux et provoquer des effets secondaires indésirables.
Toux
Pendant et juste après une infection, la toux remplit plusieurs fonctions importantes pour le processus de guérison, car elle transporte le mucus bronchique hors des poumons. Si la toux persiste pendant plusieurs semaines après la fin de l’infection, généralement entre trois et huit semaines, elle est dite post-infectieuse.
Que faire en cas de toux persistante ? – Comment calmer la toux ?
Soignez-vous à temps
Un rhume ou une grippe prise en charge à temps évite le risque de toux persistante. Il est ainsi conseillé de bien se soigner dès l’apparition des premiers symptômes. Pour que le traitement soit plus efficace, il est important de se reposer. En effet, cela permet à l’organisme de récupérer plus rapidement et de laisser au système immunitaire le temps d’agir. En général, le repos aide à réduire la durée globale de tous les symptômes.
Faites attention à l’air que vous respirez
Lorsque vous toussez, essayez d’éviter les endroits où l’air est pollué, car cela contribuera à faire persister la toux. Évitez ainsi la fumée, les odeurs auxquels vous êtes allergiques comme le parfum par exemple. N’hésitez pas à utiliser des purificateurs d’air pour éliminer la poussière ou les particules qui peuvent être irritantes pour la gorge. Il faut également savoir que les appareils de chauffage ont tendance à assécher l’air, ce qui peut accentuer la persistance de la toux. Dans ce cas, il peut être nécessaire d’utiliser un humidificateur pour humidifier l’air ambiant.
Consommez du miel
Le miel est connu pour aider à soulager la toux. Vous pouvez boire du thé ou une boisson chaude avec du miel afin de calmer l’irritation de la gorge. Grâce à ses propriétés antibactériennes, le miel peut contribuer à combattre l’infection. Quant au liquide chaud, il permet de diluer les mucus qui s’accumulent dans la poitrine et les sinus. Le miel peut aussi être consommé directement à raison d’une cuillerée par prise. Une étude publiée en décembre 2007 dans le journal en ligne Jama Pediatrics (DOI : 10.1001/archpedi.161.12.1140) montre que le miel, qui a été comparé au dextrométhorphane, agit favorablement pour soulager les toux nocturnes et les difficultés de sommeil dues à une infection des voies respiratoires supérieures chez les enfants.
Buvez beaucoup
Il est essentiel de boire suffisamment en cas de toux afin d’aider à fluidifier le mucus dans votre gorge. Les boissons chaudes et les aliments liquides sont particulièrement conseillés comme le thé, le bouillon ou la soupe de poulet, mais vous pouvez aussi boire de l’eau ou du jus pour apaiser la gorge. Autant que possible, évitez le café et l’alcool qui peuvent vous déshydrater.
Faites des inhalations, plantes médicinales
Tout comme la boisson chaude, l’air chaud et humide favorise l’élimination des mucus provoquant la toux. L’inhalation d’eau chaude participe aussi à humidifier les voies nasales et les voies respiratoires afin d’améliorer la respiration. Pour une plus grande efficacité, n’hésitez pas à ajouter quelques feuilles d’eucalyptus dans la préparation pour profiter de ses propriétés antivirales et antimicrobiennes. Si vous ne trouvez pas de feuilles, vous pouvez aussi ajouter quelques gouttes d’huile essentielle à l’eau bouillante avant l’inhalation. De même, une douche chaude peut avoir un effet bénéfique sur la toux tout en vous permettant de vous détendre.
Des plantes médicinales comme la sauge officinale et le lierre peuvent également accélérer la guérison d’une toux4.
Nettoyez les voies nasales
Il est possible d’utiliser un pot Neti ou de procéder à un rinçage des sinus pour éliminer l’excès de mucus, mais il est recommandé de ne pas effectuer plus d’un lavage par jour. En effet, si vous enlevez trop de morve, cela risque d’assécher le nez et de réduire la quantité de globules blancs qui luttent contre l’infection.
Évitez le tabac ou la fumée de tabac
Fumer ou encore respirer la fumée de tabac accentue l’irritation des poumons et peut aggraver la toux. Si vous fumez, il serait plus prudent de demander conseil à un personnel de santé pour qu’il vous aide à mettre en place un dispositif adapté pour vous aider à arrêter de fumer ou à fumer moins afin de mieux soigner votre toux. Selon une étude publiée en 2013 dans la revue Mayo Clinic Proceedings (DOI : 10.1016/j.mayocp.2013.08.007), les origines d’une toux chronique sont nombreuses et le traitement de la ou des causes sous-jacentes permet de résoudre la toux dans la plupart des cas. L’étude mentionne également que cesser d’utiliser les inhibiteurs de l’ECA (Enzyme de conversion de l’angiotensine) et arrêter de fumer figurent parmi les premiers réflexes à adopter en cas de toux. De même, des changements dans le mode de vie sont recommandés aux patients, dont l’arrêt du tabac ainsi que l’éloignement de tout ce qui peut irriter les voies respiratoires comme la poussière, la fumée de tabac ou les émanations et produits chimiques.
Consultation médicale et red flags
Si votre n’arrivez pas à arrêter votre toux malgré vos efforts, le mieux est de demander conseil auprès de votre médecin qui pourra éventuellement vous prescrire des antitussifs et des expectorants, c’est-à-dire des médicaments qui aident à diluer les mucus. Si vous utilisez des médicaments en vente libre, veillez à ne pas dépasser un traitement d’une semaine sinon ils deviendront moins efficaces. Si votre gorge vous démange, pensez également à sucer une pastille pour le soulager.
Des maladies respiratoires telles que l’asthme et la bronchopneumopathie chronique obstructive nécessitent toujours une consultation médicale. Des symptômes tels que des difficultés à avaler, un essoufflement excessif et une toux avec expectoration de sang peuvent nécessiter une investigation médicale. Les signaux d’alerte comprennent des antécédents de pneumonie récurrente ou de tabagisme prolongé, et les toux qui durent plus de 8 semaines doivent faire l’objet d’un examen plus approfondi5.
Limiter la prise d’antibiotiques
Un bon travail d’information de la part des médecins traitants est particulièrement important dans la gestion de la toux, résume le groupe de recherche canadien qui a mené cette étude canadienne de 2024 : “Il est important de rassurer les personnes concernées en leur disant que la toux post-infectieuse est limitée dans le temps et qu’elle se résout généralement d’elle-même. Cela permet d’éviter les prescriptions inutiles, y compris les antibiotiques”.
Références & Sources :
Harvard Health Publishing, Mayo Clinic, Jama Pediatrics, Keystone-ATS (agence de presse suisse).
Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (Rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies), relecture par Xavier Gruffat (pharmacien)
Date de dernière mise à jour du dossier :
18.02.2024
Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2020 Pixabay
Crédit infographie :
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)
Références scientifiques et bibliographie :
- Kevin Liang, Philip Hui and Samantha Green CMAJ February 12, 2024 196 (5) E157; DOI: https://doi.org/10.1503/cmaj.231523
- Agence de presse suisse Keystone-ATS, Gesundheit – Anhaltender Husten nach Atemwegsinfekt recht häufig (news en allemand du 18 février 2024), avec notre partenaire Pharmapro.ch qui est client de l’agence. Le 18 février 2024
- Kevin Liang, Philip Hui and Samantha Green CMAJ February 12, 2024 196 (5) E157; DOI: https://doi.org/10.1503/cmaj.231523
- Agence de presse suisse Keystone-ATS, Gesundheit – Anhaltender Husten nach Atemwegsinfekt recht häufig (news en allemand du 18 février 2024), avec notre partenaire Pharmapro.ch qui est client de l’agence. Le 18 février 2024
- Kevin Liang, Philip Hui and Samantha Green CMAJ February 12, 2024 196 (5) E157; DOI: https://doi.org/10.1503/cmaj.231523
