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Angine de poitrine

Dernière révision médicale : 29.02.2024
Auteur : Xavier Gruffat, pharmacien


Pour l’article sur l’angine (pharyngite) lire ici

Définition

L’angine de poitrine (parfois appelé seulement angine, en anglais angina ou en latin Angina pectoris) est un terme général utilisé pour décrire une sensation de serrement, d’oppression ou de douleur au milieu de la poitrine1. L’angine de poitrine est souvent provoquée par un rétrécissement des artères coronaires.

On distingue principalement deux formes d’angines de poitrine : l’angine de poitrine stable (en anglais : stable angina) et l’angine de poitrine instable (en anglais : instable angina), cette dernière est une urgence médicale. Plus d’informations dans la rubrique Symptômes ci-dessous

L’angine de poitrine (avec l’infarctus du myocarde) est un symptôme courant de la maladie coronarienne (insuffisance coronarienne).

Origine
Le terme angine vient du mot latin angere, signifiant étouffer ou étrangler.

Causes

Les artères coronaires sont responsables d’amener de l’oxygène et des nutriments au muscle cardiaque. Mais parfois les artères coronaires se rétrécissent à cause notamment de l’accumulation de dépôts gras (plaques) à l’intérieur des artères, par exemple à cause d’hypercholestérolémie. C’est pourquoi lors d’angine de poitrine stable, au repos l’oxygène arrive souvent encore traverser les artères mais lors d’effort physique la situation devient plus compliquée avec moins d’oxygène pouvant atteindre les tissus du muscle cardiaque (voir infographie ci-dessous). Lors d’angine de poitrine instable, la situation est souvent déjà critique avec même au repos une difficulté important pour l’oxygène d’atteindre en quantité suffisante le muscle cardiaque.

Symptômes

Comme on l’a vu sous Définition, il existe principalement deux formes d’angine de poitrine (stable et instable).

Angine de poitrine stable :
Dans cette forme d’angine, les symptômes ne se manifestent que lorsque le cœur reçoit moins d’oxygène que nécessaire, par exemple en cas d’effort physique (y compris par exemple monter les escaliers), de charge psychique ou de repas lourd.
Les principaux signes ou symptômes sont une sensation de serrement oppressante ou de brûlure douloureuse en arrière du sternum, irradiant typiquement dans le bras gauche, mais parfois aussi dans l’épaule, le cou, le menton ou le dos. Les douleurs s’apaisent au bout de quelques minutes ou après avoir pris des dérivés nitrés (ex. nitroglycérine).
Dans des cas plus graves d’angine de poitrine, certains patients peuvent souffrir de vertiges, fatigue, transpiration excessive, nausée et de difficultés à respirer. Ces symptômes moins typiques ont tendance à apparaître notamment chez des diabétiques2.

Angine de poitrine instable (urgence médicale) :
Dans cette forme d’angine, les troubles se développent en l’espace de quelques heures ou de quelques jours, s’amplifient rapidement et durent plus de 15 minutes. Ils se manifestent sans raison apparente, y compris la nuit ou au repos. Une angine de poitrine instable est un signe précurseur d’infarctus du myocarde, il s’agit donc d’une urgence.

Diagnostic

Lors d’une suspicion d’angine de poitrine, le médecin dispose de plusieurs outils de diagnostic.

– Examens non invasifs : l’électrocardiogramme (ECG), l’échocardiographie, la scintigraphie myocardique, l’imagerie par résonance magnétique (IRM), le scanner (tomodensitométrie, CT).

– Examens invasifs : la coronarographie. Ces examens nécessitent en général une courte hospitalisation.

Traitements

Angine de poitrine stable

Médicaments pour améliorer les symptômes :
– Les nitrates comme la nitroglycérine, elle est souvent utilisée en médecine à petites doses lors d’angine de poitrine stable. La nitroglycérine est le prototype des nitrates avec un effet thérapeutique. L’effet des nitrates repose sur la formation de monoxyde d’azote (NO). Le monoxyde d’azote porte aussi le nom d’oxyde azotique ou d’oxyde nitrique.
Lors d’une thérapie à long terme à base de nitroglycérine notamment sous forme de patch, attention à ne pas arrêter la thérapie de façon soudaine. Un risque de rebond (rebound en anglais) de l’angine de poitrine existe. C’est pourquoi il s’agira de diminuer progressivement la dose avant un arrêt définitif de la nitroglycérine.
– Les inhibiteurs calciques ou antagonistes du calcium comme l’amlodipine ou le diltiazem (Dilzem®). Ces médicaments empêchent l’entrée des ions calcium dans les cellules du muscle lisse cardiaque et de la musculature vasculaire. Il s’en suit un effet hypotensif et une dilatation des coronaires. Comme l’amlodipine met plusieurs heures pour agir, il n’est pas indiqué lors d’angine de poitrine aiguë ou instable (crise d’angine de poitrine). Le diltiazem réduit les besoins du coeur en oxygène et améliore l’irrigation sanguine du muscle cardiaque, il prévient ainsi les crises d’angine de poitrine ou diminue leur fréquence.
– Les béta-bloquants comme le bisoprolol sont des médicaments utilisés en cardiologie qui bloquent l’action des médiateurs du système adrénergique tels que l’adrénaline. Comme avec les autres bêta-bloquants, il ne faut pas arrêter brusquement la thérapie avec le bisoprolol mais diminuer la dose progressivement avant l’arrêt final. Votre médecin ou pharmacien vous conseilleront. D’autres bêta-bloquants cardiosélectifs tout comme le bisoprolol sont l’aténolol, le carvédilol, le métoprolol et le nébivolol.
– Le ranolazine (Ranexa®), un antiangoreux qui agit sur le métabolisme des cellules cardiaques pouvant être utilisé seul ou en association avec d’autres médicaments 3.

Médicaments pour prévenir les complications (ex. infarctus du myocarde) :
– Traitement prévenant la formation de caillots, comme par exemple l’aspirine (acide acétylsalicylique) faiblement dosé. Comme le sang devient plus fluide, il arrive mieux traverser les zones de rétrécissement des artères coronaires.
– Hypotenseurs. Lors d’hypertension ainsi que d’autres maladies métaboliques (ex. diabète) ou cardiovasculaires, le médecin va probablement prescrire des hypotenseurs de la famille des inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ou des antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA-II).
– Médicaments hypolipidémiants comme les statines. Ils permettent de traiter l’hypercholestérolémie en abaissant principalement le taux de LDL (“mauvais cholestérol”). Ils ont surtout un rôle préventif, l’objectif étant de diminuer le risque cardiovasculaire comme ici l’angine de poitrine grâce à une ouverture plus grande à l’intérieur des artères coronaires (diminution de la plaque de graisse).

Chirurgie
L’une des interventions les plus fréquentes en cardiologie lors d’angine de poitrine est l’angioplastie coronaire, aussi appelée dilatation par ballonnet. On dilate l’artère coronaire rétrécie à l’aide d’un ballonnet gonflable monté sur un cathéter. Ensuite, on pose en général un stent. Une autre intervention est le pontage.
La chirurgie est surtout réservée aux cas résistants à la prise de médicaments et lorsque les changements du style de vie (lire aussi ci-dessous sous Bons conseils) ne font pas effets.

Angine de poitrine instable (stent, médicaments)

L’angine de poitrine instable est une urgence médicale. Un traitement chirurgical peut s’avérer nécessaire.
Lors d’angine de poitrine instable, les médicaments mentionnés ci-dessus ne fonctionnent pas toujours de façon adéquate pour faire disparaître les symptômes.
Un nitrate à action prolongée comme le dinitrate d’isosorbide (Isoket retard et spray) aide à dilater les artères coronaires. Le dinitrate d’isosorbide, dilate les vaisseaux sanguins et soulage ainsi le cœur. En outre, l’irrigation du muscle cardiaque est intensifiée et son approvisionnement en oxygène est donc amélioré. Dès qu’il est pulvérisé dans la bouche, Isoket spray coupe rapidement la crise d’angine de poitrine.
Les données les plus récentes avec notamment l’étude ORBITA-2 trial renforcent le conseil de donner d’abord aux médicaments une chance d’agir et de ne poser un stent qu’en cas de persistance des symptômes4. En 2024, rien ne prouve qu’un stent empêchera une future crise cardiaque (infarctus) ou augmentera le taux de survie par rapport à un traitement médicamenteux. En effet, la plupart des crises cardiaques surviennent dans des artères dont le rétrécissement n’est que de 40% ou moins, mais qui abritent ce que l’on appelle une plaque vulnérable, susceptible de se rompre sans avertissement. Le caillot sanguin qui en résulte bloque la circulation sanguine et déclenche une crise cardiaque.

Bons conseils & Prévention

Un changement du style de vie (lifestyle en anglais) peut être un moyen efficace pour lutter contre l’angine de poitrine.

– Evitez de fumer ;

– Adoptez une alimentation équilibrée (si possible suivez un régime méditerranéen) ;

– Evitez l’excès de poids ;

– Ayez suffisamment d’activité physique (avec l’accord de votre médecin, essayez de pratiquer 150 minutes par semaine d’exercice physique modéré) ;

– Réduisez ou gérez votre stress ;

– Limitez votre consommation d’alcool ;

– Prenez bien tous vos médicaments prescrits par le médecin (ex. contre le cholestérol).

Crédits photos : 
Adobe Stock, Pharmanetis Sàrl

Historique de la mise à jour – Dossier revu médicalement :
– 29.02.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien)

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Newsletter de la Mayo Clinic, Mayo Clinic Health Letter, page 1, édition d’octobre 2021 parlant notamment de l’angine de poitrine
  2. Newsletter de la Mayo Clinic, Mayo Clinic Health Letter, page 1, édition d’octobre 2021 parlant notamment de l’angine de poitrine
  3. Newsletter de la Mayo Clinic, Mayo Clinic Health Letter, page 1, édition d’octobre 2021 parlant notamment de l’angine de poitrine
  4. Article du site Harvard Health Publishing – Harvard Medical School, Does a coronary stent make sense for stable angina?, datant du 1er mars 2024, site accédé par Creapharma.ch le 29 février 2024 et le lien marchait à cette date (attention article payant possible)

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 29.02.2024
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