Phényléphrine

La phényléphrine est surtout utilisée actuellement en médecine pour décongestionner la muqueuse nasale lors de rhume (rhinite) sous forme de goutte ou spray nasale ainsi qu’en prise interne, souvent associée à d’autres molécules. La phényléphrine a une structure qui est très proche de celle de l’adrénaline.

grippe rhume

Noms :
Phényléphrine, phenylephrine (nom anglais), chlorhydrate de phényléphrine (nom du sel qu’on retrouve dans beaucoup de médicaments, nom anglais du sel : phenylephrine hydrochloride), PE, Phenylephrinum PhEur, Phenylephrini hydrochloridum PhEur, Phenylephrinhydrochlorid.

Effets :
La phényléphrine a un effet quasi-exclusif sur les récepteurs α-adrénergiques. La phényléphrine a des propriétés sympathomimétiques, vasoconstrictrices et décongestionnantes.

Indications :
Indication principale :
Rhume (rhinite). Note : lire sous Remarques ci-dessous concernant une remise en question de l’efficacité du médicament par des experts concernant la FDA américaine en 2023.
Indications secondaires (surtout pour lutter contre le rhume) :
Refroidissement
Grippe (contre le rhume)
Rhinite allergique (rhume des foins) et vasomotrice
Conjonctivite
– Saignement de nez (lire aussi ci-dessous sous Posologie)

Effets secondaires :
Les effets secondaires peuvent être occasionnellement, des tremblements, des maux de tête, une augmentation de la pression sanguine (hypertension), une irritation des yeux, une accélération du pouls, des extrasystoles, une excitation du système nerveux central et un rythme cardiaque rapide peuvent se produire1. Dans de rares cas, on observe une anxiété, une pâleur, des réactions d’hypersensibilité, une arythmie cardiaque et une augmentation de la pression intraoculaire. Lire aussi ci-dessous sous Remarques pour un risque en terme cardiovasculaire.

Contre-indications :
Hypersensibilité, glaucome à angle étroit, hypertension artérielle, traitement concomitant ou traitement par des inhibiteurs de la MAO depuis moins de 2 semaines, patients présentant une dilatation permanente des vaisseaux sanguins, le syndrome de Raynaud2.

Interactions :
L’administration simultanée de phényléphrine et d’inhibiteurs de la MAO (ces médicaments sont utilisés pour traiter la maladie de Parkinson, l’anxiété et la dépression), d’antidépresseurs tricycliques, d’antihypertenseurs, de guanéthidine ou de médicaments ayant des effets atropiniques peut entraîner une augmentation de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque. Les décongestionnants comme la phényléphrine peuvent interférer avec l’efficacité de certains médicaments contre la tension artérielle, l’épilepsie, le cœur, le diabète ou la thyroïde, mais aussi affecter la maladie chronique elle-même3.
Pour la liste complète d’interactions, veuillez lire la notice d’emballage.

Posologie pour saignement de nez
Lors de saignement de nez, vous pouvez vaporiser dans votre nez un spray de phényléphrine du côté qui saigne4.

Médicaments vendus en Suisse (selon le site Compendium.ch, état en septembre 2023) :
Préparations composées (plus d’un principe actif) :
Original :
NeoCitran® Grippe/Refroidissement pour adultes, poudre (avec en plus de la phényléphrine, de la phéniramine, du paracétamol et de la vitamine C)
Génériques :
Sous forme orale (ex. poudre à diluer, capsules, gélules)
Amavita Flumol Grippe® (avec en plus de la phényléphrine, de la phéniramine, du paracétamol et de la vitamine C)
Coop Vitality Flumol Grippe® (avec en plus de la phényléphrine, de la phéniramine, du paracétamol et de la vitamine C)
neotylol® Grippe (avec en plus de la phényléphrine, de la phéniramine, du paracétamol et de la vitamine C)
Rhinocap® Capsules Tentan (avec en plus de la phényléphrine, du dimenhydrinate et de la caféine)
Rhinocap® Capsules Dr. Grossmann (avec en plus de la phényléphrine, du dimenhydrinate et de la caféine)
SUN STORE Flumol Grippe® (avec en plus de la phényléphrine, de la phéniramine, du paracétamol et de la vitamine C)
Triofan® Rhinite retard, capsules (avec en plus de la phényléphrine, du chlorphénamine)
En goutte ou spray :
Vibrocil, gouttes nasales
Otriduo Rhume, spray-doseur (avec en plus de la phényléphrine, du dimétindène)
Attention lire aussi ci-dessous sous Remarques, il faut éviter d’utiliser plus de trois ou quatre jours d’affilée des gouttes ou spray à base de phényléphrine à cause du risque d’apparition d’une rhinite de rebond.
En collyre :
Neosynephrin-POS® 5%
En injection :
Il existe en Suisse différentes préparations à utiliser en injection.
Etats-Unis :
Nom aux Etats-Unis du spray à base de phényléphrine hydrochloride indiqué notamment contre la rhinite : Neo-Synephrine®.
Noms aux Etats-Unis de médicaments contre le rhume contenant de la phényléphrine : Sudafed, Dayquil et autres marques.

Remarques :
– Le NeoCitran® en poudre, qui contient de la phényléphrine, a été mis sur le marché en Suisse en 1985, mais la phényléphrine a été enregistrée pour la première fois en Suisse en 1968. Il existait en 2022 en Suisse au moins un générique (lire ci-dessus). Le Rhinopront® n’est plus disponible sur le marché suisse.
– Aux Etats-Unis, la phényléphrine a été autorisée pour la première fois en 19385.
Critiques de l’utilisation de la phényléphrine, surtout en prise interne (ex. poudre à diluer, gélule) :
– La phényléphrine a été placée sur une liste de médicaments à éviter publiée en 2017 par la revue française Prescrire (connue pour son indépendance de l’industrie pharmaceutique). La phényléphrine vient compléter d’autres molécules appelées sympathomimétiques vasoconstricteurs ou décongestionnants nasaux utilisés aussi contre le rhume comme l’éphédrine, la naphazoline, l’oxymétazoline, la pseudoéphédrine et le tuaminoheptane. Selon Prescrire ces médicaments ou molécules exposent à des troubles cardiovasculaires graves voire mortels. La prise de phényléphrine sous forme de spray, c’est-à-dire localisé au niveau du nez, est probablement moins risqué en terme d’effets secondaires cardiovasculaires qu’une prise en usage interne (ex. comprimé, sachet).
– La renommé institution médicale américaine Mayo Clinic estime aussi que les décongestionnants nasaux comme la phényléphrine ou la pseudoéphédrine peuvent parfois causer plus de mal que de bien, surtout s’ils sont mal utilisés ou pris par des patients qui ne devraient pas les utiliser6. En effet, la prise d’un décongestionnant oral peut soulager temporairement la congestion nasale, mais ce médicament peut aussi créer une augmentation de la tension artérielle et de la glycémie, aggraver un glaucome ou des problèmes urinaires, augmenter le risque de convulsions et affecter les problèmes cardiaques.
– En septembre 2023, 16 experts gouvernementaux américains sont arrivés à la conclusion que la phényléphrine ne vaut pas mieux qu’une pilule factice pour soulager un nez bouché (rhume ou rhinite). Des conseillers de la Food and Drug Administration (FDA) américaine ont voté à l’unanimité le 12 septembre 2023 contre l’efficacité de la phényléphrine. “Les études modernes, lorsqu’elles sont bien menées, ne montrent pas d’amélioration de la congestion (nasale) avec la phényléphrine”, a déclaré le Dr Mark Dykewicz, spécialiste des allergies à l’école de médecine de l’université de Saint Louis aux Etats-Unis7. Le groupe a également indiqué à la FDA que l’étude de la phényléphrine à des doses plus élevées n’était pas envisageable, car elle peut faire monter la tension artérielle à des niveaux potentiellement dangereux. “J’estime que ce médicament, dans cette forme orale, aurait dû être retiré du marché depuis longtemps”, a déclaré Jennifer Schwartzott, la représentante des patients au sein du groupe d’experts. En outre, trois études plus importantes et rigoureusement menées, publiées depuis 2016, n’ont montré aucune différence entre les médicaments à base de phényléphrine et les placebos pour le soulagement de la congestion nasale. Comme la phényléphrine en prise orale est métabolisée dans l’intestin et le foie, la molécule arrive en quantité insuffisante dans les vaisseaux sanguins nasaux pour avoir un effet significatif8. Si la FDA suit ces experts, les médicaments à base de phényléphrine pourraient être retirés de la vente aux Etats-Unis.
Spray et gouttes, recommandations :
L’utilisation de sprays ou gouttes nasales décongestionnants, souvent en vente libre en pharmacie (OTC), pendant plus de trois ou quatre jours peut entraîner une aggravation de la congestion nasale une fois que l’effet décongestionnant s’estompe, une maladie appelée rhinite de rebond (en anglais : rebound rhinitis)9. Cela signifie que les sprays ou gouttes à base de phényléphrine ne devraient pas être utilisés plus de trois ou quatre jours d’affilée.

Sources & Références : 
Sources : 
Pharmawiki.ch, Compendium.ch, Le Matin (lematin.ch), Wikipedia.org (en français), Mayo Clinic, Cleveland Clinic, The Wall Street Journal.

Rédaction : 
Xavier Gruffat (Pharmacien)

Dernière mise à jour : 
14.09.2023

Crédits photos :
Adobe Stock

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Site en allemand Pharmawiki.ch
  2. Site en allemand Pharmawiki.ch
  3. Article de la Mayo Clinic datant du 1er mars 2022, site accédé par Creapharma.ch le 1er mars 2022 et le lien marchait à cette date
  4. Article de la Mayo Clinic, Stop a Nosebleed in 6 Steps, datant du 26 janvier 2023, site accédé par Creapharma.ch le 27 janvier 2023 et le lien marchait à cette date
  5. The Wall Street Journal, édition imprimée, le 14 septembre 2023
  6. Article de la Mayo Clinic datant du 1er mars 2022, site accédé par Creapharma.ch le 1er mars 2022 et le lien marchait à cette date
  7. News de l’agence de presse AP. Popular nasal decongestant doesn’t actually relieve congestion, FDA advisers say, le 12 septembre 2023
  8. The Wall Street Journal, édition imprimée, le 14 septembre 2023
  9. Article de la Cleveland Clinic (Nasal Sprays Work Best When You Use Them Correctly — Here’s How), datant du 17 août 2022, consulté le 17 août 2022

Lire aussi :


Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 14.09.2023
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